Mal-être : se faire accompagner pour mieux rebondir
Dans le cadre d’une feuille de route opérationnelle lancée par quatre ministères afin de renforcer les actions de prévention des situations de mal-être et d’accompagner les exploitants et les salariés agricoles qui y font face, Olivier Damaisin, coordinateur national interministériel en charge d’assurer un plan d’actions efficace au déploiement de cette feuille de route, s’est déplacé en Normandie pour rencontrer les acteurs de terrain partenaires de ce plan d’actions regroupés au sein de comités techniques départementaux.
Dans le cadre d’une feuille de route opérationnelle lancée par quatre ministères afin de renforcer les actions de prévention des situations de mal-être et d’accompagner les exploitants et les salariés agricoles qui y font face, Olivier Damaisin, coordinateur national interministériel en charge d’assurer un plan d’actions efficace au déploiement de cette feuille de route, s’est déplacé en Normandie pour rencontrer les acteurs de terrain partenaires de ce plan d’actions regroupés au sein de comités techniques départementaux.
Après avoir endossé le costume d’ambassadeur agricole du plan d’investissement France 2030 pour l’agriculture, Olivier Damaisin, auteur d’un rapport interministériel sur le mal-être agricole, remis au Premier ministre en décembre 2020, a succédé depuis le 1er avril dernier à Daniel Lenoir, inspecteur général des affaires sociales pour gérer la feuille de route “sur le mal-être et l’accompagnement des populations agricoles en difficulté” voulue par le gouvernement. Nommé dès lors coordinateur national interministériel par quatre ministères – Agriculture et Souveraineté alimentaire, Santé et Prévention, Travail et Solidarités –, Olivier Damaisin s’est déplacé les 20 et 21 septembre en Seine-Maritime et dans l’Eure à la rencontre des acteurs départementaux – réunis en comités techniques départementaux* – qui œuvrent dans les territoires à l’accompagnement et la prévention du mal-être en agriculture. Il les a également suivis dans des exploitations pour écouter les témoignages d’agriculteurs confrontés à toutes sortes de difficultés dans leur quotidien (voir page suivante).
Réagir 27-76 a 40 ans
Le jeudi 21 septembre, Olivier Damaisin, accompagné d’Emmanuel Gérat, administrateur de l’État qui l’appuie dans sa mission, est venu rencontrer les conseillers d’entreprise de l’association Réagir 27-76 à la Chambre d’agriculture de Bois-Guillaume ainsi que ses partenaires. Créée en 1983 – il y a 40 ans –, Réagir (ex-Atex) est une association loi 1901 qui se charge d’accompagner les agriculteurs fragilisés qui sollicitent ses services sachant que les causes qui les ont mis dans cette situation sont souvent multifactorielles comme l’a souligné en introduction Olivier Damaisin : « les problèmes financiers, les conflits familiaux, les accidents de la vie, l’épuisement, la solitude, l’isolement, la pénibilité du travail, la surcharge administrative, la multiplication des contrôles très difficiles à vivre, la prédation, l’agribashing, les problèmes de voisinage voire les vols ».
Il est donc nécessaire de bien savoir identifier toutes ces situations pour intervenir de façon efficace et pérenne, sachant que « nul n’est à l’abri un jour ou l’autre de se retrouver dans un tel contexte et qu’aucune catégorie d’exploitants n’est épargnée ».
Au plus près du terrain
« En 2023, Réagir 27-76 ce sont 10 conseillers d’entreprise à l’expertise variée répartis sur les deux départements qui ont eu 1 135 rendez-vous avec des agriculteurs, souligne Xavier Larchevêque, directeur de l’association Réagir 27-76 et conseiller d’entreprise. En 2022, il y a eu six comités pour valider les adhésions (47 dossiers présentés), effectuer des révisions et enregistrer des sorties, avec une moyenne d’un rendez-vous par adhérent tous les deux mois ».
Très concrètement, l’association apporte écoute, mise en relation avec les partenaires de l’association, aujourd’hui très nombreux**, et/ou les familles, mais aussi médiation, suivi pas à pas, etc. Bien évidemment, elle est en contact permanent avec les travailleurs sociaux de la MSA, avec qui elle concourt à la mise en place d’un certain nombre d’aides (droit au RSA, à la prime d’activité, à la rénovation du logement, à l’aide au répit et au remplacement...). En parallèle de ce travail conjoint avec l’adhérent, l’association fournit aussi un certain nombre de conseils réglementaires (cahier d’épandage, télédéclaration Pac, etc.), technico-économiques (budget prévisionnel de trésorerie, calcul de marges brutes, audit, bilan fourrager, etc.), d’accompagnements à l’octroi d’aides spécifiques (aide aux petits investissements du département, aides bio, etc.). ainsi que des formations.
Pour informer ses adhérents et partenaires, elle publie tous les mois une lettre à leur intention.
Ne pas attendre pour se faire aider
« Depuis deux ou trois ans, nous constatons qu’un nombre plus important d’agriculteurs viennent à nous directement », ajoute Xavier Larchevêque avant de conseiller : « Il ne faut jamais attendre d’être en difficulté et plus on se fait aider tôt, plus il est facile de sortir de l’impasse dans laquelle on se trouve ». Et Mireille Lamy Cadou, présidente de l’association Réagir 27-76 de conclure : « Dans notre accompagnement, l’agriculteur est acteur et c’est lui qui décide. » •
* Les membres des comités techniques : DDTM, DDPP, ARS, MSA, Chambre d’agriculture, Réagir et Solidarité Paysans.
** MSA, Chambre d’agriculture de l’Eure, conseil départemental de l’Eure, Crédit Agricole et Cerfrance puis quelques années plus tard la Chambre d’agriculture de la Seine-Maritime, le conseil départemental de la Seine-Maritime, la FNSEA 76, JA 76, Nat’Up, Sevépi, Lepicard Agriculture et le Crédit Mutuel notamment.
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Déploiement d’un réseau de “sentinelles” sur le territoire
La mission de la sentinelle est de repérer et orienter les personnes en situation de mal-être au sein de la population agricole. L’objectif ciblé est de pouvoir intervenir le plus précocement possible dans les situations
de mal-être. Devenir une sentinelle nécessite une formation spécifique pour acquérir les compétences et réflexes nécessaires. Cette formation est cofinancée par la MSA et l’Agence régionale de santé (ARS) et n’engendre pas de frais pour les participants. Les sentinelles intègrent un réseau structuré où elles vont trouver à la fois l’ensemble des ressources nécessaires à leur rôle, mais aussi un dispositif de soutien pour elles-mêmes.
Deux sessions de formation sont prévues pour cette fin d’année : le 12 octobre à Évreux et le 14 novembre à Bois-Guillaume.
Toute personne souhaitant s’y inscrire ou obtenir des compléments d’information peut contacter la MSA à cette adresse mail : bechu.geraldine@hautenormandie.msa.fr