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Le Département en visite sur une exploitation à Gerponville

La famille Guillebert a accueilli les élus du conseil départemental pour leur présenter leurs installations, leurs projets et les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l'exercice de leur métier.

«Ce que j'apprécie chez vous, c'est que vous êtes des hommes de terrain ». C'est ainsi que Régis Guillebert accueille Pascal Martin, président du Conseil départemental, Patrick Chauvet, vice-président en charge de l'agriculture et Alain Bazille, conseiller du canton de Fécamp. Les élus de la collectivité territoriale ont choisi cette exploitation de Gerponville pour prendre la température de la situation de l'élevage mercredi 6 juillet, après la mise en place de leur plan de développement régional, pour lequel le Département a financé de petits investissements. 450 élevages ont bénéficié de cet appui pour la modernisation de leurs installations, pour un total de cinq millions d'euros. La ferme de l'Abbaye envisage de faire appel à la collectivité pour financer une fumière d'un coût de 40 000 euros.
« Sur la commune, il ne reste que deux fermes », constate l'exploitant qui élève 80 vaches laitières, 30 vaches allaitantes, et possède un atelier d'engraissement qu'il abandonne, faute de revenu. « Au lieu de progresser et investir, on décapitalise ». Il explique que c'est le lin qui lui permet de s'en sortir. Il cultive également du blé, du maïs et de la betterave. « Mon fils Mathieu est installé avec moi en Gaec depuis dix ans. Je prends ma retraite à la fin de l'année et j'arrête donc de traire. Nous aurions besoin d'embaucher un salarié, car nous manquerons de main-d'oeuvre, mais ce n'est financièrement pas possible. » C'est l'épouse de Régis qui va quitter son emploi à l'extérieur pour rejoindre le Gaec.

Des produits locaux dans les cantines

« Nous sommes allés la semaine dernière à la réunion de notre laiterie, Senagral, et elle nous annonce un prix du lait aux mille litres à 200 euros, contre 260 euros actuellement, c'est en dessous de notre coût de production », se désole l'éleveur. Comme leurs collègues qui livrent leur lait, le père et le fils perdent de l'argent chaque mois avec les vaches laitières, une perte qu'ils chiffrent à 3 000 euros par mois. « En 2013, quand nous étions payés plus cher, on ne roulait déjà pas sur l'or, mais aujourd'hui, on ne peut plus en vivre ».

Régis Guillebert ne comprend pas pourquoi « 80 % de ce qu'on mange vient de l'étranger » et interpelle Pascal Martin à ce sujet : « je me tourne vers vous, Département, pourquoi les cantines scolaires ne servent-elles pas plus de viande locale alors qu'on a de beaux produits ? ». Le président du conseil départemental souligne que depuis un an, « nous avons renforcé la coopération avec l'association agrilocal et développé les circuits courts. Cent-dix collèges sont de notre compétence avec vingt gestionnaires de cuisine, plus, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes qui, eux, servent des repas 365 jours par an matin, midi et soir. Mais nous n'avons pas les moyens de les obliger à consommer local, ce n'est qu'une sollicitation ». Patrice Chauvet confirme : « c'est le début d'un changement. Les groupements d'achats étaient habitués jusqu'ici à acheter le moins cher possible, donc le plus loin possible  ! On bute sur le prix des repas. Par exemple, un yaourt acheté 30 centimes d'euro, c'est le prix de l'emballage pour un produit fermier. »

Un métier de passionnés
Mathieu Guillebert ne se voit pas arrêter demain son métier d'éleveur. « Nous avons fait le maximum pour baisser nos coûts de production avec un distributeur automatique de concentrés par exemple. On ne va quand même pas retourner nos herbages, nous sommes des éleveurs et c'est notre passion, les animaux », expliquent les agriculteurs. Pour sortir de ce marasme, le Gaec souhaite développer la vente directe. Jusqu'à aujourd'hui, il produit du beurre qu'il vend à des superettes du coin. Comme il y a une demande, Régis Guillebert a construit avec son fils un magasin pour vendre des produits fermiers aux particuliers : beurre, crème, yaourts, fromage blanc.... L'épouse de Régis travaillera dans le nouveau laboratoire de transformation.
Patrick Chauvet estime qu'il ne faut pas « décourager la génération suivante. Et trouver des perspectives. Les circuits courts en est une, mais il y a aussi la production d'énergie. Il faut que tout le monde s'y mette, l'effluent d'élevage est un minerai qui pourrait être valorisé pour produire du gaz naturel. C'est un nouveau débouché que l'on regarde de près et on sollicitera la Région et ErDF sur ce sujet ». Autre piste de sortie de crise évoquée par les élus : la marque Normandie. « Il y a deux voies possibles, explique Patrick Chauvet, la voie élitiste avec des produits haut de gamme, mais aussi le bas de gamme. Les Bretons l'ont compris et ils proposent des produits étiquetés bretons au même prix que les autres produits bas de gamme avec l'identité régionale en plus. Et ça marche ! » Pascal Martin rappelle que la marque Normandie est l'affaire de tous, qu'elle est portée « aussi bien par la Région que par les Départements. » Les transformateurs et les distributeurs doivent maintenant jouer le jeu, estiment les élus.
Laurence Geffroy - @unionagricole76

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