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Rendement
Blé tendre : un nombre de grains record mais un remplissage compliqué

Blé tendre : un nombre de grains record mais un remplissage compliqué.

La moisson du blé tendre s’annonçait très prometteuse en Normandie : le nombre de grains au mètre carré était assez exceptionnel mais le remplissage des grains a été pénalisé par les conditions stressantes de juin.
© Catherine Hennebert

Lors d’une visioconférence proposée la semaine dernière, les ingénieurs Arvalis Normandie sont revenus sur la campagne de céréales à paille. L’opportunité d’en retirer quelques enseignements pour 2024. Avec une chaleur assez exceptionnelle en octobre 2022 (50 à 100 degrés jour de plus que la médiane 20 ans) les semis ont été assez précoces. Cette précocité a parfois engendré des problématiques de désherbages de pré-levée parfois mal positionnés du fait de la levée rapide des céréales et une pression pucerons et cicadelles importante.
En ce qui concerne les apports d’azote, il n’y a pas eu les conditions optimales de valorisation de l’azote au moment de l’apport tallage. « Par exemple, un apport réalisé au 3 février n’a reçu que 0 à 10 mm de pluie dans les 15 jours qui ont suivi. Pour l’apport au stade tallage il y a eu une valorisation très restreinte. De plus à cette époque, il y avait déjà un nombre de talles assez conséquent et l’apport n’a pas servi à augmenter le nombre de talles sur des blés qui avaient déjà une forte biomasse », explique Louis Heck qui a rappelé l’importance de faire ses mesures de reliquats sortie hiver. Ils étaient en moyenne suffisamment élevés cette année pour faire une impasse à l’apport tallage au vu des conditions climatiques.

Une biomasse très importante et une élongation de tiges précoces

La très forte biomasse constatée cette année (environ 3,4 tonnes à épi 1 cm contre habituellement 1,5-2 tonnes) s’explique par des conditions non limitantes en température, en eau et en nutriments, des reliquats en moyenne plutôt élevés. En revanche, les besoins en vernalisation n’ont pas toujours été comblés. Les blés ont donc eu tendance à avoir une croissance végétative assez forte mais à ne pas se développer vers la phase de reproduction. Il y a donc eu un épi 1 cm indifférencié assez longtemps avec le développement de faux nœuds. Un début d’élongation de tiges avant même que l’épi 1 cm soit atteint.

Un maintien des talles favorisé par des bons apports d’azote

Pour la phase de montaison, le bilan climatique a été assez homogène entre mars et avril avec un très fort retour des pluies après un mois de février sec. Mars et avril ont été à la peine au niveau rayonnement, en dessous ce que l’on a habituellement à cette période. En mai, la situation s’inverse avec une diminution des pluies et un rayonnement qui repart à la hausse. Tout cela explique une bonne montée à épi avec peu de stress à montaison. Grâce aux pluies, les apports d’azote ont été bien valorisés.
Cette année, le nombre de talles n’a donc pas été limitant puisque l’on est quasiment à l’optimum du nombre de talles pour le nombre d’épis.
Pour les apports d’azote, en mars-avril, il n’y a eu aucune difficulté à une bonne valorisation des apports. Il y a eu beaucoup de créneaux disponibles jusqu’à mi-mai.
La forte concurrence entre talles pour la lumière a provoqué des verses parfois assez précoces, suite aux épisodes orageux du mois de juin.
D’un point de vue maladies, 2023 se caractérise par la septoriose. La rouille jaune a été peu remarquée cette année mais l’effet climat a été favorable au piétin verse.
Les niveaux de biomasse très élevés ont été bien alimentés en azote avant la remobilisation. Le contexte était donc plutôt favorable au remplissage des grains.

Une densité d’épis supérieure à la moyenne

Le quotient photo thermique (couple rayonnement-température), particulièrement conditionnant pour la fertilité des épis, a été excellent cette année. Dans les essais observatoires de l’Eure, le nombre d’épis est d’environ 600 épis/m2 et un nombre de grains par épi qui atteint 45, plutôt au-dessus de la moyenne pluriannuelle.
Si le nombre de grains par m2 est donc particulièrement satisfaisant en 2023, autour de 27 000 grains parmi les années les plus favorables pour cette composante, c’est le remplissage (PMG) qui a été limitant cette année pour arriver au rendement optimal.

Un remplissage des grains compliqué par des conditions climatiques stressantes

Entre le stade grain laiteux et grain pâteux, les composantes n’ont pas été favorables : un mois de juin très chaud, au-dessus de la médiane pluriannuelle, une pluviométrie faible, un rayonnement et une évapotranspiration particulièrement élevés. « Les conditions ont plutôt été stressantes pour la dynamique de remplissage des grains. À cela s’est ajouté un stress hydrique qui a pu être assez brutal dans certaines zones : Le statut hydrique était plutôt favorable jusqu’à l’épiaison mais à partir du 10-15 mai, les températures élevées et l’apparition d’un stress hydrique assez brutal ont causé des difficultés pour remplir les grains. Le PMG est plutôt décevant cette année », précise Maëlle Le Bras.

Climat favorable au piétin verse

« Nous avons également identifié dans nos essais des problèmes de maladies de pieds, notamment de piétin verse qui a pu pénaliser le rendement. Ce problème semble avoir été sous-estimé dans certaines parcelles en Normandie. L’année prochaine, il sera important d’être attentif à ces maladies de pieds qui peuvent pénaliser le fonctionnement racinaire. Les premiers symptômes sont en général visibles en février-mars. En juin les racines des pieds malades sont nécrosées ». Une fois les symptômes constatés, il n’y a rien à faire mais il faudra réfléchir à sa rotation pour la suite, c’est le premier levier de lutte. Attention au seigle, au maïs et au blé sur blé. Le raisonnement du chaulage sera également important.
Enfin, les conditions de récoltes n’ont pas toujours été optimales. Les pluies de fin juillet-début août ont impacté la qualité : les PS ont été fortement dégradés (0,5 point pour 10 mm de pluie), les germinations sur pieds ont été favorisées par des levées de dormance, notamment sur certaines variétés (chevignon, absalon, extase…), et des détériorations des temps de chute de Hagberg ont été constatées. •
 

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