Aller au contenu principal

Le miscanthus s’enracine progressivement

Polyvalent, facile à cultiver et avec un impact environnemental positif, le miscanthus devient une option attractive pour qui veut diversifier ses cultures et contribuer à une agriculture plus durable. Hervé Foulloy, polyculteur-éleveur dans l’Oise, a franchi le pas et fournit du combustible à sa commune.

C’est dans la petite commune de Conchy-les-Pots, dans les Hauts-de-France, au nord de Compiègne, où, dit-on, Jean-Baptiste Clément, alors en route pour la Belgique, aurait écrit les paroles de son célèbre Temps des cerises, associé au souvenir de la Commune de Paris de 1871, qu’Hervé Foulloy produit du miscanthus depuis maintenant quatre ans. « Début 2019, j’ai appris que le maire souhaitait installer une chaudière fonctionnant au miscanthus. Je me suis renseigné et j’ai vu qu’il n’y avait que très peu de producteurs. En janvier 2020, on signait le contrat et en avril, je plantais », raconte-t-il.
Avec sa chaudière biomasse Heizomat de 200 kW, la municipalité chauffe la mairie, l’école et un cabinet médical, soit une surface d’environ 1 200 m2. « L’avantage principal est économique, poursuit l’agriculteur. Si l’installation de la chaudière est chère, le coût sur la facture reste moindre qu’avec du fuel. Et c’est une énergie renouvelable et locale ! » Pour couvrir les besoins, qui varient de 40 à 50 tonnes/an, Hervé Foulloy dispose d’une parcelle de 4 hectares, pour 10 à 12 tonnes récoltées à l’hectare. « Mon miscanthus est payé 130 euros/tonne, indexé sur l’indice des fermages. »

Des avantages agronomiques et écologiques

En plus de diversifier son assolement, l’herbe à éléphant (autre nom du miscanthus) vient aussi valoriser une parcelle à faible potentiel de l’exploitant : « C’est une terre sableuse mais pas séchante. On pouvait tout juste y faire des céréales. Une terre moyenne voire mauvaise appropriée au miscanthus. » La plante s’avère en effet peu exigeante et pousse sur des sols marginaux où d’autres cultures seraient moins rentables. La plantation, au printemps, se fait à partir de rhizomes. Une opération pour laquelle l’exploitant picard a fait appel à Novabiom. Les frais (plants et chantiers de plantation) sont d’environ 3 000 à 3 500 euros/ha, qui sont lissés sur une longue période. Car une fois établi, le miscanthus peut être récolté annuellement pendant environ 15 à 20 ans. « À l’exception d’un passage au glyphosate avant la première levée, il n’y a plus rien à faire ! », précise-t-il. Cette culture ne réclame que peu d’eau, ne nécessite aucun fertilisant et résiste bien aux maladies et aux parasites. Si, durant la phase d’établissement, le miscanthus peut être sensible à la concurrence des adventices, ensuite « il étouffe tout » avec ses 2 à 3 mètres de hauteur.
Quant à la récolte, elle a lieu tous les ans à la fin de l’hiver, lorsque la teneur en humidité est au plus bas. « On utilise une ensileuse. » Finalement, « les marges ne sont pas énormes, mais c’est une plante qui demande peu de temps de travail. »
Pour Nelly Zaghdoudi, chargée de mission agronomie environnement à la Chambre d’agriculture de l’Oise, les avantages de cette graminée originaire d’Asie ne s’arrêtent pas là : « En tant que culture vivace avec un système racinaire profond, elle aide à stabiliser le sol et à réduire l’érosion. Elle favorise la biodiversité en offrant un habitat à diverses espèces animales ». Sans oublier ses capacités de stockage du carbone.
Attention toutefois, « la plante est sensible à la dessiccation. Il est conseillé de planter le miscanthus à proximité du lieu où il doit être utilisé à cause d’une faible densité de 100 kg/m3. Pour être rentable, il faut que la livraison soit à maximum 20 kilomètres. »

« C’est le maire qui a tout déclenché »

Reste la question des opportunités. Selon France Miscanthus, la surface dédiée au « roseau de Chine » (autre nom du miscanthus !) est passée de 7 500 à 11 000 ha en France depuis 2020, dont 20 % sont utilisés pour la combustion. Les autres utilisations sont le paillage et la papeterie. Un manque de débouchés qui peut freiner. « Le fait que ce soit une culture pérenne peut en bloquer certains et le marché énergétique est encore en développement, explique Nelly Zaghdoudi. Il faut essayer de motiver les collectivités, qui peuvent y trouver leur compte avec le Plan climat-air-énergie territorial (PCAET). »
« Dans mon cas c’est le maire qui a tout déclenché. En s’y intéressant, il a offert un débouché. Il ne faut pas se lancer avant d’obtenir un contrat.», indique Hervé Foulloy, qui s’est étonné, compte tenu de toutes les qualités agronomiques et environnementales du miscanthus, « qu’il ne soit pas considéré comme une surface d’intérêt écologique. » À bon entendeur…•

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Union agricole

Les plus lus

Les visiteurs sont attendus en nombre.
Festival de la terre : l’incontournable rendez-vous de JA 76

À quelques heures du Festival de la terre qui se tient à Guilmécourt, les 31 août et 1er septembre, les Jeunes…

Les domaines de prédilection de Lucien sont la conduite des cultures et l’entretien du matériel en parfaite adéquation avec son frère Nicolas qui a la fibre de l’élevage.
Faire de sa passion un métier viable, vivable et rentable

Lucien Puech d’Alissac a rejoint l’exploitation familiale de Pissy-Pôville le 1er juin dernier en qualité d’associé, avec son…

FCO sérotype 3 : vaccinez pour protéger vos troupeaux !

La propagation du virus de la FCO sérotype 3 se poursuit et entraîne l’entrée en zone régulée de nombreux élevages de la Seine…

De g. à d. : Pierre Barabé, Baptiste Feuillolay, Bérénice Dumortier, Gontran Dumortier et Marius Bertin préparent leurs machines infernales pour l’auto-foot et le garden cross.
Le Festival de la terre se prépare dans les cantons

Pour Gontran Dumortier, tout jeune adhérent JA du canton de Bosc-le-Hard, le Festival de la terre qui se tient ce dimanche 1…

"Les yaourts et les crèmes dessert de la Ferme du Puits permettent une bonne partie du financement du poste à l'atelier de transformation" souligne l'éleveur  Philippe Savalle. "C'est un engagement de J'achète Fermier", rappelle Clémence Le Norcy de la start-up Resan.
La famille Savalle lance ses crèmes dessert fermières

La Ferme du Vieux Puits, à Pissy-Pôville, élargit sa gamme de produits laitiers transformés avec ses nouvelles recettes…

Archive du Festival de la viande sur le foirail de la ville de Forges-les-Eaux.
Le Festival de la viande est reporté au 18 septembre prochain
Les organisateurs du concours d'animaux de boucherie de Forges-les-Eaux se voient dans l'obligation de le décaler au mercredi 18…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 300 €/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Union agricole
Consultez le journal L'Union agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal L'Union agricole