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Paiement du lait : des analyses à chaque collecte

La composition du lait est analysée à chaque collecte depuis le 1er juillet dernier.
Explications sur cette évolution dans une pratique établie.

© agri-photo

Que se passe-t-il au passage du laitier ?

Depuis le 1er juillet en Normandie, l’accord interprofessionnel survenu au Cniel le 16 février 2022 est appliqué en Normandie. C’est-à-dire que, désormais, des échantillons sont prélevés à chaque pompage et envoyés au laboratoire interprofessionnel (Lilano pour l’ex-Basse-Normandie et Labilait pour l’ex-Haute-
Normandie).

Qu’est-ce qui est contrôlé ?

Tous les laits collectés sont analysés pour mesurer les teneurs en matière grasse, matière protéique et la qualité sanitaire du lait : cellules somatiques, antibiotiques et cryoscopie (point de congélation pour déterminer la teneur en eau). L’analyse des germes reste à deux analyses par mois et les spores butyriques à une par mois en période estivale. Elle passera à deux analyses sur les mois d’hiver et sur toute l’année à partir de 2024.

Quelle différence par rapport à avant le 1er juillet ?

Jusqu’alors, le lait collecté donnait lieu à quatre analyses par mois effectuées de façon aléatoire pour ce qui concerne la composition du lait (MG et MP). Concernant la qualité sanitaire, deux analyses étaient réalisées sur les germes et les butyriques, quatre sur les cellules et la cryoscopie.

Combien cela coûte-t-il ?

Le coût des analyses était de 0,38 euro/1 000 litres payé par les producteurs et les entreprises de collecte à 50/50. La facture s’élève désormais à 0,42 euro/1 000 litres. Pour un producteur livrant 600 000 litres de lait par an, l’impact du surcoût des analyses est de 24 euros financés pour moitié par le producteur et par l’entreprise. Il faut préciser que, depuis la prise automatisée des échantillons, chaque collecte fait l’objet d’un échantillon qui n’était pas systématiquement analysé jusqu’à présent.

Quelles conséquences cela a-t-il sur le paiement du lait ?

La multiplication des analyses a pour effet de lisser les résultats pour ce qui est des incidences calculées selon une moyenne. Le résultat est plus fiable et plus proche de la réalité de la qualité du lait. L’impact des résultats les meilleurs et les plus décevants est, de ce fait, réduit. Pour ce qui est des critères qui ont un impact dès lors qu’ils vérifient une situation comme la présence d’antibiotiques, le risque est plus important puisque le nombre d’analyses est plus élevé. •

Il est juste qu’un lait de qualité soit mieux payé qu’un lait moins riche ou de qualité sanitaire moindre

Ludovic Blin, président de la section lait de la FRSEA Normandie répond à nos questions concernant les conséquences de ce changement opéré au 1er juillet dernier.
 
En tant que membre de l’interprofession régionale, vous cautionnez ce changement dans le rythme des analyses de lait ?
« Pas seulement en tant que membre du Criel, mais aussi en tant que membre du Cniel via la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), nous soutenons ce changement. D’ailleurs, aucune organisation membre du Cniel n’a exprimé la moindre réserve. »
 
Pourquoi ?
« Parce qu’en tant que membre de la filière laitière, nous soutenons tout ce qui encourage les producteurs à produire un lait de qualité. Les producteurs sont d’ailleurs encouragés financièrement. Et il est juste qu’un lait de qualité soit mieux payé qu’un lait moins riche ou de qualité sanitaire moindre. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons demandé à accélérer le rythme d’analyses des spores butyriques, car la méthode n’est pas parfaite et avec une seule analyse par mois, nous risquons d’être sanctionnés tandis qu’avec deux analyses nous aurons un moyen de rectifier le résultat. C’était le cas sur les mois d’hiver, ce sera le cas toute l’année à partir de 2024. »
 
D’où vient cette décision ?
« Elle vient du constat partagé par les membres de la filière que la technique permet désormais de procéder à des analyses plus systématiques à des coûts raisonnables. Un accord a donc été signé au Cniel le 16 février 2022 et il se met progressivement en place dans les régions. Au 1er juillet pour ce qui est de la Normandie. Et comme en lissant les écarts accidentels, les analyses systématiques permettent de réduire les réfactions sur le prix du lait, cela nous semble positif pour les producteurs. »
 
Quel impact cela aura-t-il pour les producteurs de lait ?
« Selon les simulations qui ont été faites, les producteurs vont gagner quelques euros aux 1 000 litres. Cela ne changera pas la face de leur revenu, mais cela devrait être positif. Je parle en moyenne. Il y aura, bien sûr, des cas qui verront un impact négatif, mais ils devraient être limités. Et puis ce changement va permettre de mieux suivre le troupeau. Nous pourrons suivre au plus près l’évolution du taux d’urée, qui est un indicateur important de l’état de santé des animaux. Grâce à la mise à disposition des résultats en direct sur le site internet infolabo.fr, les producteurs seront informés en temps réel de la santé de leur troupeau et pourront réagir bien plus vite en cas de besoin. »
 
Globalement, comment se porte la qualité du lait en Normandie ?
« Elle est plutôt bonne en ce qui concerne la composition : nous produisons un lait riche et donc rentable pour les entreprises qui le transforment. Elle est bonne aussi pour ce qui est des germes. Cela signifie que les producteurs savent bien entretenir le matériel de traite. En revanche, nous avons encore des progrès à faire concernant les cellules. Cela montre que nos élevages sont trop souvent confrontés à des problèmes sanitaires, notamment aux mammites. Le matériel de traite doit être vérifié régulièrement et l’hygiène de traite doit être une priorité. Et puis nous constatons encore de trop nombreuses citernes perdues pour cause de présence d’inhibiteurs. C’est dû à un manque de vigilance au moment de la traite où le lait de vache traitée aux antibiotiques n’est pas écarté. Cela provoque des pertes pour toute la filière et nous avons, nous producteurs, des efforts à faire sur ce point. Nous avons progressé et beaucoup d’efforts ont été faits, mais nous avons encore de grandes marges de manœuvre. »
Propos recueillis par Joël Rébillard
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