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Le modèle français s'affirme face aux feedlots

Evreux a accueilli le congrès de la fédération nationale bovine les 7 et 8 février.

"Aucune viande du Mercosur ». Le message de Cédric Mandin, secrétaire général de la fédération nationale bovine (FNB), est clair. Il a été conforté par le déploiement dans l'amphithéâtre du Tangram d'Evreux, d'une banderole où l'on pouvait lire « Non aux accords UE-Mercosur », au moment où le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a fait son discours le 7 février.
« Il n'a rien dit du tout, regrette Cédric Mandin à l'issue de son intervention. Il affirme que rien n'est signé, sauf que l'affichage n'est pas clair, on se méfie (...) Et pour le Canada, si le contingent de viande reste faible, il va monter dans trois à quatre ans, le temps qu'ils se mettent en ordre de marche pour produire de la viande sans hormone ». Le Ceta et le Mercosur, deux acronymes qui sont souvent revenus sur la table pendant les deux jours du congrès des producteurs de viande. Et face à ces pays d'Amérique, où les feedlots et le boeuf aux hormones sont monnaie courante, le modèle français. Défendre ce modèle est devenu vital pour les éleveurs bovins.
« 98 % des Français aiment toujours manger notre viande », apprécie et insiste Bruno Dufayet, président de la fédération nationale bovine. Le syndicat souhaite être force de proposition. « Nous avons pris notre destin en main avec la démarche « éleveur et engagé » ». Pour Alexandre Merle de la FNB, le fait que la FAO considère le modèle français comme intensif, c'est une énigme : « On ne s'y retrouve pas, notre agriculture reste familiale ».

Un modèle qu'il faut maintenant porter
« Nous avons de petits ateliers face à la Chine ou aux Etats-Unis ! » confirme Jean-Louis Peyraud, de l'Inra. Jérémy Decerle, président de Jeunes Agriculteurs, en profite pour rappeler le slogan de son syndicat « des fermes, pas des firmes ». Une taille humaine, un capital détenu par l'éleveur, un objectif d'autonomie fourragère, un modèle d'élevage français à valoriser.
« Le cap que l'on souhaite suivre ressemble à celui qu'Emmanuel Macron a fixé lors de son discours aux états généraux de l'alimentation, rappelle Bruno Dufayet. Lors des tables-rondes, tout nous a ramené vers ce modèle. C'est bien de le définir mais il faut le porter ». Et s'il y a une prise de conscience au sein du métier, que ce congrès a mis en exergue, les professionnels demandent « un accompagnement, pas besoin de tout bouleverser ».
Le problème reste le prix. « Notre modèle d'élevage n'a d'avenir que si l'éleveur peut nourrir sa famille », rappelle ainsi Emmanuel Bernard, de la FNB.  Et la montée en gamme, qui justifierait de meilleurs prix, les producteurs l'ont déjà bien entamée, avec un travail sur la génétique, entre autres. Reste à le faire savoir au consommateur. « Ne nous excusons pas d'être éleveurs et communiquons ! », ajoute Christiane Lambert dans son discours de clôture de ces deux jours. « Partons à la reconquête de notre image et trouvons des relais d'expression ». Elle a dénoncé le « baroud d'honneur » de la grande distribution avec l'affaire du Nutella, « juste avant qu'ils n'aient plus le droit de le faire ». Pour la présidente de la FNSEA, ils ont voulu montrer que le consommateur court après les bas prix. « La partie sera redoutable » prévient-elle. Les négociations actuelles avec les distributeurs lui donnent raison. « Elles se passent encore moins bien que l'an passé », regrette Jérémy Decerle.
Pourtant, « le seul levier pour résoudre la crise agricole, c'est le prix, a reconnu Olivier Allain, coordinateur des états généraux de l'alimentation, payer plus chers les produits français, c'est la solution ». Il croit en la capacité de la loi à entraîner une mécanique positive. Le député Jean-Baptiste Moreau, par ailleurs éleveur bovin dans la Creuse, désigné rapporteur de la loi, considère quant à lui qu'« un certain nombre de choses sont à améliorer ». Il invite donc la FNB à travailler avec lui, avant son passage à l'Assemblée nationale, fin mars.


 

 

L'Eure se revendique département d'élevage

« Depuis quatre ans, je milite pour que les instances nationales acceptent de venir à Evreux pour voir le potentiel », avoue Philippe Sellier, président de la section bovine de la FNSEA de l'Eure. Et depuis un an, les équipes professionnelles et administratives du syndicat et de ses partenaires sont à pied d'oeuvre pour organiser cet événement, permettant au département d'être davantage reconnu pour son élevage. Comme l'a souligné Fabrice Moulard, président de la FNSEA de l'Eure, l'objectif était de mettre en avant « la complémentarité entre productions végétales et productions animales ».
La polyculture-élevage a toujours existé dans l'Eure. « Il existe un vrai dynamisme en élevage bovin, la filière Mc Key qui fournit les McDonald's en est un exemple », témoigne Olivier Leroux, président de la section bovine de la coopérative Cap Seine, un des partenaires du congrès. Amaury Levesque, président des JA de l'Eure préfère « rester optimiste. Nous avons des outils et nous savons être force de proposition ». Les organisateurs ne se laissent pas envahir par la morosité ambiante, ils souhaitent montrer qu'ils sont fiers de leur agriculture, même dans les moments difficiles.
« La Safer essaye de maintenir l'unité de l'élevage », confirme Guy Jacob, administrateur de la Safer de Normandie. Même son de cloche du côté de la chambre d'agriculture. « Soutenir ce congrès était capital, nous sommes fiers de nos produits, et de pouvoir le montrer en accueillant cet événement dans l'Eure », ajoute Jean-Pierre Delaporte, son président.  « Et si les agriculteurs labourent leurs prairies, reconnait-il, c'est qu'ils ne peuvent plus vivre de l'élevage. L'opinion publique doit faire pression pour continuer à avoir de la qualité. »
L'élevage dans le département, le crédit agricole de Normandie-Seine le soutient également. « On se devait d'y être, cet événement est intéressant pour le rayonnement de notre territoire, explique Jean-Louis Maurice, son président. Ce n'est pas parce que nous ne sommes qu'à 100 km de Paris qu'on ne peut pas attirer ». Pour la collectivité Evreux Portes de Normandie, un représentant du président et maire d'Evreux Guy Lefrand estime que si l'Eure « n'est effectivement pas le département le plus propice à l'élevage, il faut tenter de le développer ». Le président de la collectivité a émis son souhait de voir réitérée l'opération « vaches en ville » qui a eu lieu la veille du congrès, en partenariat avec la FNSEA de l'Eure, pour être « une vitrine de l'élevage, qui peut susciter des vocations ».

Ils ont dit
Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture : « Nous souhaitons que la question du revenu soit présente du début à la fin du projet de loi, pour donner de la visibilité aux eleveurs. »
Patrice Faucon, FNB : « Le budget de la PAC, c'est le nerf de la guerre. »
Joao Pacheco, Farm Europe : « Si la France ne défend pas le budget agricole à l'Europe, il va chuter. »
Jérémy Decerle, président des JA : « Les écoles d'agriculture sont pleines de jeunes prêts à entrer dans le métier. Quelles perspectives  leur donner ? »
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA : « Organisez-vous davantage dans les filières car c'est perfectible. »
Fabrice Moulard, président de la FNSEA de l'Eure : « Il est important que nous soyons unis pour défendre les intérêts de toutes nos agricultures. »

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