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Cueilleur professionnel : un métier à part entière

En France, le métier de cueilleur reste peu ou mal connu. L’Association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages, créée il y a plus de dix ans, s’attache à promouvoir la filière dont la mission principale est de préserver la ressource en plantes sauvages et le respect du végétal.

« La cueillette des plantes sauvages est une activité primordiale. Sur les quatre millions d’années supposées de l’aventure humaine, on compte, en l’état actuel de nos connaissances, 3 988 000 années de cueillettes pour moins de 12 000 années d’agriculture. C’est la seule activité humaine qui n’ait jamais cessé d’être pratiquée, et ce jusqu’à notre époque. Mais a-t-elle encore une place et un avenir dans notre société moderne ? », s’interroge l’Association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages (AFC) sur son site internet. L’association, créée en 2011, regroupe aujourd’hui une centaine de cueilleurs professionnels. « Plusieurs cueilleurs ont fait le constat que la demande de produits naturels et sauvages augmentait de plus en plus de la part des consommateurs et des industriels. En parallèle, nous avons commencé à voir qu’il y avait des pressions sur certaines plantes. La création de l’association nous a ainsi permis d’établir un relationnel entre les cueilleurs, souvent isolés dans les massifs, afin qu’ils puissent partager leurs connaissances et leurs techniques, pour parler d’une seule et même voix et être reconnus par les instances publiques », explique Alexandre Dufour, membre du conseil d’administration de l’AFC et cueilleur professionnel à Charbonnières-Les-Vieilles (63). Défendre plus efficacement les intérêts des cueilleurs est donc l’une des missions phares de l’AFC. Mais d’autres missions lui incombent comme la préservation de la nature et le respect de la biodiversité. « Nous avons une mission de veilleur de la nature. Étant répartis sur l’ensemble du territoire national, nous pouvons cibler les mauvaises pratiques pour sensibiliser le grand public mais aussi les entreprises qui achètent les plantes, poursuit-il. Notre rôle, en tant que cueilleurs, est aussi de développer de bonnes pratiques de cueillettes afin de gérer la ressource des plantes sauvages ». L’AFC a d’ailleurs publié, au printemps 2022, un guide des bonnes pratiques (voir encadré).

Des paysans sans terre

Au niveau réglementaire justement, certaines plantes sont dites “protégées” pour mieux préserver la ressource. « Cela peut se faire par arrêtés préfectoraux, régionaux ou bien nationaux, mais les classements datent de très longtemps », souligne Alexandre Dufour. L’autre réglementation concerne le droit de cueillette. Tous les terrains appartiennent forcément à quelqu’un : propriétaires privés, communes, Office national des forêts (ONF), etc. « Nous préconisons la demande d’autorisation, mais on peut facilement se heurter à des problèmes techniques lorsque nous cueillons, notamment à celui du morcellement des parcelles où il est parfois difficile de trouver les propriétaires. Mais globalement, les échanges avec les propriétaires des lieux sont toujours intéressants et permettent d’évoquer la gestion du site, des plantes », prévient-il.
Aujourd’hui, la filière “cueillette” doit faire face à de nouveaux enjeux. « Quelques plantes sont en danger en raison du réchauffement climatique. Mais le plus inquiétant concerne surtout l’arrivée massive dans certains départements de cueilleurs extérieurs au territoire, qui n’ont pas reçu de formation et pratiquent une cueillette intensive. Les proportions deviennent vraiment importantes dans les montagnes et les garrigues. Cela engendre des conflits et ne donne pas une très bonne vision de la cueillette de plantes sauvages en France. De plus, des prix très faibles sont proposés, ce qui déstabilise la filière », regrette Alexandre Dufour. Dans ce contexte, l’AFC met en garde les professionnels de la filière (laboratoires, responsables d’achats) face aux spécificités du métier de la cueillette. •

 

Solène Beaurepaire, cueilleuse professionnelle

Paysanne herboriste responsable
Solène Beaurepaire, productrice et cueilleuse professionnelle, est installée à Manas (26). Depuis quatre ans, elle est à la tête de Bourgeons and So.
« J’ai fait une école d’herboristerie, il y a sept ans, où j’ai découvert plein de fonctions assez diversifiées au niveau des plantes : alimentaire, à parfum, aromatiques, médicinales, etc. Au niveau médicinal, on voit tout ce que l’on peut faire avec les plantes, que ce soient les eaux florales, les tisanes, les huiles essentielles et enfin la gemmothérapie. J’ai eu envie de me lancer dans cette médecine des bourgeons ». Pour ce faire, elle utilise les bourgeons, les jeunes pousses, l’écorce interne, les radicelles, etc. »
« Dans la Drôme, il y avait déjà beaucoup de choses qui se faisaient en matière de plantes. J’avais donc à cœur de proposer d’autres produits, c’est pourquoi j’ai ciblé la gemmothérapie ». Ainsi, chaque année, et plus particulièrement au printemps (de février à mai), elle parcourt les forêts à la recherche de bourgeons phares. « Ma cueillette se passe à 80 % dans un périmètre de 20 kilomètres à la ronde. 20 % de mon activité se déroule dans les montagnes iséroises, au-dessus de Grenoble, pour trouver des espèces montagnardes comme le sorbier, le framboisier, le bouleau, la myrtille, l’airelle, etc. » En plaine, elle qui se définit comme une paysanne herboriste, tient à se rapprocher des arboriculteurs ou des viticulteurs pour prélever les bourgeons avant traitement. « Certaines céréales sont aussi utilisées en gemmothérapie, comme l’avoine, le seigle ou le maïs ». Lors de son activité, elle s’attache à faire preuve de bon sens, par respect pour la nature.
« Je ne cueille pas à tout-va. Je prélève seulement les bourgeons dont j’ai besoin, en moyenne un bourgeon sur cinq ou six présents sur la branche. Je tiens à préserver les arbres ou arbustes, pour ne pas pénaliser leur croissance ». Pour un flacon de gemmothérapie de 30 ml, il faut compter en moyenne 6 grammes de bourgeons. En parallèle, elle prélève des bourgeons chez elle, dans un parc de 10 hectares (dont 8 ha de forêt). Sur des terres non utilisées, elle sème et repique diverses plantes dont elle aura besoin pour ses mélanges, en fonction des demandes des consommateurs. À la tête de Bourgeons and So, Solène Beaurepaire commercialise aujourd’hui ses préparations de gemmothérapie en circuits courts. A. P.
 

 

Un guide pour dicter les bonnes pratiques
 

En avril dernier, l’AFC a publié Le guide de bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages. Un livre d’informations, imaginé et réalisé par un collectif de cueilleurs professionnels et de scientifiques, pensé pour alerter et sensibiliser sur la préservation de la ressource en plantes sauvages et inviter au respect du végétal. Ce guide, de 224 pages, s’adresse ainsi à tous les professionnels de la filière : cueilleurs, gestionnaires d’espaces naturels, forestiers, propriétaires fonciers. Il pourrait également être utilisé auprès du grand public. Alimenté par des dessins d’illustration assez ludiques, l’ouvrage vise à contrer les mauvaises pratiques pouvant nuire aux espèces de plantes mais aussi à la biodiversité. « Certaines plantes connaissent une pression de cueillette importante et nécessitent des savoir-faire spécifiques », indique l’AFC.

 

 

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