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Un plan pour sauver la violette de Rouen

La violette de Rouen, espèce endémique de la vallée de la Seine, est menacée d’extinction. En dix ans, elle a perdu la moitié de ses effectifs. Un plan national d’action en sa faveur et celle de deux autres espèces endémiques de cette région vient d’être lancé.

La violette de Rouen (Viola hispida) a la particularité de pousser uniquement sur les coteaux calcaires de la vallée de la Seine sur des pierriers en bordure de chemin ou des morceaux de craie au milieu de pelouses, notamment sur les coteaux de Saint-Adrien, un de ses berceaux d’origine. « La Seine ayant été endiguée, l’installation de routes et d’habitations entre les coteaux et la Seine ont limité l’érosion naturelle qui seulement avec les vents, le gel et le dégel est insuffisante pour la conservation de l’espèce », explique Loïc Boulard, chargé du dossier au Conservatoire d’espaces naturels de Normandie (CEN).

« En vingt ans, on a perdu la moitié des stations. Il y a eu des gros efforts de faits dans les années 2010 grâce à des financements européens pour avoir un programme de conservation. En plus des mesures de gestion, il y a eu des récoltes de graines, des réintroductions de pieds qui avaient été multipliées par le Conservatoire botanique national de Bailleul et l’Université de Lille 1 pour essayer de refaire des stations avec le patrimoine génétique local. Certaines qui ont été introduites ont fonctionné. Au niveau des effectifs sur des stations où il pouvait y avoir 3 000 pieds, aujourd’hui, on est à 300 pieds. On est sur des stations et des effectifs qui se réduisent lentement parce qu’il y a des efforts pour les maintenir, mais à moyen long terme avec les mêmes investissements les perspectives ne sont pas optimistes », constate Loïc Boulard.

Le plan national d’action « flore endémique de la vallée de la Seine Normande et de ses habitats » 2021-2031 en faveur de la violette de Rouen, la biscutelle de Neustrie et l’Ibéris intermédiaire présenté en septembre 2020 par le Conservatoire botanique national de Bailleul et le Conservatoire d’espaces naturels de Normandie a été approuvé par le Conseil national de la protection de la nature (CNPN). La Dreal Normandie pilote le projet et s’appuie sur le Conservatoire des espaces naturels de Normandie qui s’occupe de la mise en œuvre d’action sur le terrain et le Conservatoire botanique national qui est habilité à intervenir sur ce type d’espèce (conservation de graines, multiplication, réintroduction).

Plusieurs préconisations

Dans son avis sur le plan national d’action, la commission espèces et communautés biologiques du CNPN souligne plusieurs préconisations : approfondir la connaissance de la biologie de la reproduction de ces espèces notamment en déterminant le mode de pollinisation dominant et les espèces de pollinisateurs efficaces ; repérer la flore compagne à ces espèces qui peuvent jouer un rôle dans l’attraction des pollinisateurs ; mieux connaître les disperseurs des graines ; recréer plusieurs sites à éboulis instable pour un habitat favorable ; mettre en place des microstations météo afin de suivre les changements climatiques ; créer une réserve nationale naturelle centrée sur la restauration des habitats. Le plan national d’action est une stratégie commune qui permettra à l’État et aux collectivités de se positionner pour financer ses actions. Avec ce plan, un nouvel espoir renaît pour la violette de Rouen. •

Pour en savoir plus sur les missions et les programmes du CEN : www.cen-normandie.fr

Les moutons pour entretenir les coteaux

La pratique pastorale par l’abroutissement et le piétinement des ovins favorise l’ouverture et l’entretien des pelouses calcaires qui présentent de nombreux pierriers de craie, habitat de la violette de Rouen. « Sur Belbeuf, on est obligé de gérer avec notre troupeau mais dans l’idée de pérenniser sur le long terme et de concilier les activités économiques et la préservation de l’environnement, l’idéal serait d’avoir l’appui d’un éleveur qui puisse trouver un peu de rentabilité pour que cela rentre dans le fonctionnement de son exploitation. On essaye de trouver des leviers financiers qui permettent d’aménager ces parcelles d’infrastructures pour restaurer les zones, c’est déjà le cas à Belbeuf à Saint-Adrien, où des parcelles ont été clôturées, des zones sont débroussaillées tous les ans et où il y a des zones de pelouses ouvertes », indique Loïc Boulard.

Dans l’Eure, depuis deux années, une bergère fait paître ses brebis sur des coteaux des boucles des Andelys appartenant au Conservatoire pour préserver la biscutelle de Neustrie. L’éleveuse navigue entre les coteaux sans avoir besoin de clôtures fixes. Son itinérance s’adapte à la ressource en herbe, elle repart avant que tout ne soit rasé. D’année en année elle ne va pas toujours aux mêmes endroits. Le Conservatoire a constaté un impact très bénéfique sur l’environnement.

V.S.

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