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“Si T’es Pro T’es In” : quatre passeports pour quatre publics

Comment faire en sorte que l’information sur l’autonomie protéique soit facilement accessible
à des groupes d’agriculteurs, de conseillers, d’enseignants ou encore d’étudiants ? Des passeports ciblés en fonction de ces différents publics ont été créés dans le cadre du projet “Si T’es Pro T’es In”.

L’objectif du projet “Si T’es Pro T’es In” est de diffuser les références et informations liées à l’autonomie protéique. Pour toucher un maximum d’interlocuteurs, quatre passeports autonomie protéique ciblés ont été mis en place :
- le passeport “Sensibilisation”, composé de trois recto/verso, constitue le b. a.-ba de l’autonomie protéique avec un focus ruminant et un focus monogastrique. Il récapitule les informations de base : l’historique, les grands chiffres, les leviers principaux… Il est accessible en ligne sur le site des Chambres d’agriculture de Normandie ;
- le passeport “Enseignement” correspond à un espace collaboratif “Protéine’Lab” à destination des enseignants, dans lequel différents supports sont accessibles. Ces supports ont été construits et testés en lien avec un groupe d’enseignants qui s’est assuré que le contenu proposé corresponde bien aux besoins d’une classe et qu’il soit modulable en fonction du niveau concerné ;
- le passeport “Conseillers” est diffusé aux conseillers élevages “ruminants” et “porcs” lors d’une formation de deux jours dispensée par Resolia, l’organisme de formation du réseau des Chambres d’agriculture. Il est composé de modules qui permettent de présenter les différents leviers de l’autonomie protéique. Cette formation prévoit à la fois des travaux individuels et en groupes. Au-delà des éléments de contexte, il s’agit de réfléchir et d’approfondir les différents leviers activables pour augmenter l’autonomie protéique des exploitations élevage. Les stagiaires sont formés à l’outil de diagnostic Devautop, puis ils réalisent un diagnostic sur l’exploitation de leur choix et font des simulations sur l’évolution des pratiques. Enfin, différents documents sont communiqués pour que chacun puisse à son tour mettre en place ce type de formation auprès des éleveurs ;
- le passeport “Éleveurs” consiste en une journée de formation pour les éleveurs, combinant des séquences en salle et une visite d’exploitation. Les conseillers qui souhaitent mettre en place cette journée peuvent bénéficier d’une proposition de scénario pédagogique, et de diaporamas permettant de présenter des éléments de contextes et d’approfondir les leviers abordés par le groupe avec des éléments techniques. Les supports pour organiser cette journée sont fournis aux conseillers ayant suivi la formation conseillers.

La conception du projet

L’ensemble des supports ont été conçus par le groupe du projet “Si T’es Pro T’es In”, en lien avec les futurs utilisateurs. Un groupe d’enseignants a participé à la conception du passeport enseignement, et les passeports conseillers et éleveurs ont été en partie testés avec le public concerné afin de correspondre au mieux aux besoins.

Le passeport “Enseignement” en ligne
Le passeport “Enseignement” est un espace collaboratif “Protéine’Lab” à destination des enseignants. La création de la plateforme en ligne et sa diffusion sont réalisées en partenariat avec la Bergerie nationale afin de toucher un maximum d’enseignants. Les supports disponibles sont les suivants :
- un quizz vrai/faux permettant de balayer les idées reçues sur l’autonomie protéique. Ce quizz peut être réalisé en début de cours pour tester le niveau de connaissances “à froid” des étudiants ou bien en fin de module pour vérifier les connaissances acquises ;
- un diaporama de synthèse rapide des principaux éléments concernant l’autonomie protéique et qui permet de récapituler les leviers activables en herbivores et porcs pour atteindre cette autonomie ;
- des éléments pour construire un exercice de travaux dirigés. Il s’agit de faire travailler les étudiants sur une exploitation de leur choix, avec élevage herbivore ou porc. L’objectif est qu’ils proposent différents leviers pour atteindre une meilleure autonomie protéique sur l’exploitation test.
Ce passeport enseignement est accessible à tous les enseignants ( baccalauréats  professionnels, études supérieures, formations adultes/zoologie et agronomie). Il est complété par l’accès à un centre de ressources en ligne regroupant un grand nombre de références techniques et économiques sur l’autonomie protéique.

 

 

Emmanuel Roch*, éleveur laitier-polyculteur à Sainte-Beuve-en-Rivière

Aller vers l’autonomie protéique s’avérait logique dans notre système

Quelle a été votre motivation pour développer l’autonomie protéique sur votre exploitation puis les leviers sur lesquels vous avez travaillé ?
« L’idée de vouloir mettre en place une autonomie protéique sur l’exploitation a germé concomitamment à notre passage en bio en 2019. Notre souhait était d’être totalement autonomes et de ne plus avoir à acheter quoi que ce soit. L’objectif était donc de ne plus faire d’ensilage de maïs mais de nourrir les vaches avec du maïs grains, puis d’avoir un méteil céréales-protéagineux qui soit équilibré, qui serve de concentré de production, avec des rations très riches en herbe, et que le maïs grains soit avant tout un correcteur énergétique.
Pour des raisons techniques, les premières récoltes de maïs ont été un peu loupées, nous les avons donc ensilées. Le méteil n’a pas bien fonctionné non plus. Nous avons fait un méteil multicéréales (seigle, triticale, grand épeautre) avec des légumineuses (féverole, pois fourrager). Malgré des semis à 50/50, nous avons récupéré 85 % de céréales et 15 % de protéagineux. Certes, nous avons eu de très bonnes récoltes de méteil (45 à 50 q/ha pour 2 à 3 ans d’utilisation) mais nous n’avions pas assez de protéagineux dans la ration. D’autant que nous nous attendions à ce que l’herbe soit plus riche en protéines qu’elle ne l‘était. Si bien qu’une fois certifiée en bio, nous avons quand même racheté un peu de correcteur azoté. Par ailleurs, nous n’avons pas beaucoup de prairies accessibles aux vaches laitières (4 ha). Aussi durant le passage en bio nous avons resemé une trentaine d’hectares de prairies temporaires (que nous faisons tourner) qui servent d’une part à l’affouragement en vert de nos bêtes avec l’implantation d’un mélange à base de trèfle violet (15 ha) puis à la production de fourrages hivernaux avec de la luzerne pour un séchage en grange (sur un total de 30 ha). La récolte en luzerne n’a pas été tout à fait à la hauteur de nos attentes alors que nous avions de très bons résultats en trèfle violet, ce qui cette année, en report de stock, nous a permis d’être sereins. Pour la luzerne, nous travaillons aujourd’hui sur des luzernes pures et surtout des semis de printemps. En revanche, nous avons mesuré tout l’intérêt de la luzerne en cette période de sécheresse qui est restée verte et nous a permis de continuer à faire de l’affouragement en vert durant la période ».

Quel bilan tirez-vous de votre expérience ?
« Cela fait un peu plus de deux ans que nous travaillons sur cette autonomie. J’espère y arriver d’ici deux ans pour ne plus avoir à dépendre d’achats extérieurs en correcteur. Il nous faudra peut-être aussi travailler sur d’autres leviers, en valorisant mieux les protéagineux par exemple. Je prends des conseils d’un peu partout, aussi bien auprès d’agriculteurs que des vendeurs d’aliments ou de la recherche en la matière. »
Propos recueillis par Laurence Augereau

*Emmanuel Roch est installé en EARL avec son père depuis 2011 (SAU de 150 ha). Le troupeau laitier comprend 80 vaches (des prim’holsteins en cours de croisement). Ils produisent aussi des cultures à la vente en bio (blé, maïs, orge, colza, chanvre, petit épeautre, avoine, lentilles, seigle...).

 

Pour en savoir plus

Un ebook centralise des références et des articles sur l’autonomie protéique ; lesquels sont classés selon plusieurs filières : bovins lait, bovins viande, porcs, volailles, ovins et grandes cultures.

Une série de podcasts a également été produite avec des témoignages d’agriculteurs, d’experts et de conseillers sur les enjeux de l’autonomie protéique. Ces podcasts sont l’occasion pour les éleveurs de se rendre compte, en écoutant des confrères, de ce qu’implique de s’engager dans une telle démarche, et quels sont les avantages concrets que l’on peut y trouver.

Enfin, des vidéos ont été tournées sur le sujet et sont disponibles sur la chaîne YouTube des Chambres d’agriculture de Normandie.

Contact : Florine Gervais, conseillère élevage laitier aux Chambres d’agriculture de
Normandie : 07 64 37 24 82.

 

 

Un passeport “Éleveurs” a été conçu par la Chambre pour aider les conseillers à mieux former les éleveurs sur l’autonomie protéique.
Entretien avec Amandine Mauger, conseillère bovins lait à la Chambre d’agriculture de Bretagne
 
Les éleveurs avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler cherchent d’abord à situer leur niveau d’autonomie protéique
 
Qu’est-ce que le passeport “Éleveurs” et comment fonctionne-t-il ?
« Le passeport “Éleveurs” est une proposition de formation sur une journée pour les conseillers. Il est constitué d’un scénario pédagogique ainsi que de supports permettant d’aider le conseiller à animer la formation. Le passeport contient par exemple un diaporama présentant les différents leviers techniques pouvant être utilisés pour améliorer l’autonomie protéique d’une exploitation ».  
 
Comment les éleveurs ont-ils perçu cette formation ?
« Les éleveurs avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler cherchent d’abord à situer leur niveau d’autonomie protéique afin de comprendre les leviers qu’ils peuvent améliorer. Par exemple, deux groupes d’éleveurs laitiers que j’anime m’ont demandé des formations sur l’autonomie protéique mais avec deux approches différentes. Un premier groupe a demandé à situer son niveau d’autonomie protéique puis à travailler sur les leviers fourragers. Tandis que le second groupe souhaite plutôt balayer plusieurs leviers techniques en allant jusqu’à l’intégration des fourrages ou céréales dans la ration. Dans les deux cas, l’objectif des éleveurs est de voir ce qui est adapté à leur système et ce qui répond à leurs contraintes économiques et techniques ».
 
Quels sont les principaux leviers retenus par les éleveurs pour améliorer l’autonomie protéique sur leur exploitation ?
« Les agriculteurs avec lesquels j’ai pu travailler ont réfléchi à revoir la part de l’herbe dans leur système fourrager ou à implanter des légumineuses. Plus globalement, les éleveurs qui souhaitent se former cherchent à avoir une approche systémique et donc retiennent des leviers qui sont adaptés à leur système. Ce n’est pas réfléchir en se disant "Je vais appliquer ce levier parce qu’il fonctionne bien ailleurs" mais plutôt en se disant quels leviers sont applicables à mon système et répond à mes objectifs, mes contraintes. L’objectif est de choisir de façon pertinente les leviers à mettre en place sur mon exploitation ».
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