Les prix et les délais de livraison du matériel continuent d’augmenter
Des prix toujours à la hausse et des délais d’approvisionnement de plus en plus longs. Telle est la réalité pour les distributeurs de matériels agricoles. D’après une enquête du Sedima, qui représente la profession, la tendance n’est pas près de s’inverser.
Des prix toujours à la hausse et des délais d’approvisionnement de plus en plus longs. Telle est la réalité pour les distributeurs de matériels agricoles. D’après une enquête du Sedima, qui représente la profession, la tendance n’est pas près de s’inverser.

Un an au minimum pour un semoir. Jusqu’à deux ans pour certains pulvérisateurs automoteurs… Les délais de livraison pour certains matériels agricoles sont de plus en plus longs. Le Sedima, qui représente les distributeurs de machines agricoles, a signalé le 7 juillet « des délais d’approvisionnement qui continuent de s’allonger et des prix toujours à la hausse ». Son enquête réalisée en juin montre une augmentation des délais d’approvisionnement pour la quasi-totalité des adhérents, et « cette situation est appelée à perdurer au second semestre 2022 » pour 84 % d’entre eux.
Mise à disposition
Chez le concessionnaire picard Deboffe, qui fait partie du groupe Gueudet, l’impact est réel. « À l’échelle du groupe, nous avons acheté vingt-huit moissonneuses-batteuses pour les mettre à disposition des agriculteurs qui n’ont pas été livrés à temps de leur nouvelle machine pour la moisson 2022 », confie Jean-Pierre Faucheux, directeur commercial de Deboffe SAS, basé à Saleux (80). Pour lui, le matériel de transport est celui qui conserve des délais raisonnables. « En fait, le problème de fourniture concerne tous les matériels qui contiennent des composants électroniques. »
Le professionnel décrit une situation inédite. « Je travaille dans le matériel agricole depuis plus de quinze ans, et je n’ai jamais connu ça. » Pourquoi une telle situation ? « Il y a plusieurs facteurs. Une des explications sont les achats très nombreux au Canada et dans les pays de l’Est, qui ont bénéficié de gros plans de relance après la crise du Covid pour pouvoir investir dans du matériel agricole. Aujourd’hui, certains constructeurs croulent sous les commandes.» Une situation délicate, alors que les commandes s’enchaînent. « Les cours des céréales sont élevés. Les entreprises adoptent donc une stratégie fiscale d’investissement. » Résultat : une demande bien plus forte que l’offre. Chez Deboffe, de grosses livraisons ont été réalisées fin 2021 pour constituer un stock de matériel. « On a acheté 50 % de matériel en plus qu’à notre habitude. L’avantage d’un groupe est d’avoir la trésorerie nécessaire pour le faire. Aujourd’hui, on bénéficie d’un avantage concurrentiel par rapport à ceux qui n’ont pas de stock. On peut répondre plus facilement aux demandes. »
L’inflation de retour dans les mŒurs
Sur ces délais de livraison, se greffe le souci de l’évolution du prix. « La tendance est fortement haussière », a indiqué la responsable des études économiques du Sedima, Sylvie Domenech. Près d’un quart des distributeurs la situent entre 16 et 20 % depuis le 1er janvier. « L’impossibilité de répercuter en totalité les hausses de prix appliquées par les constructeurs, notamment dans le cas des matériels déjà commandés, impacte les marges des entreprises », d’après le Sedima. La relation de confiance avec les tractoristes se dégradent, elle aussi, d’après une autre enquête. « Certains fournisseurs reportent leurs risques sur le concessionnaire », dénonce le président Loïc Morel.
Chez Deboffe, la relation avec le client est plutôt bonne. « L’inflation, dans tous les domaines, est entrée dans les mæurs. Les médias en parlent tous les jours. C’est surtout les délais qu’il faut réussir à faire accepter », soulève Jean-Pierre Faucheux. Les demandes ne devraient pas ralentir. « Les gens ont compris que les prix allaient continuer d’augmenter et veulent investir tant qu’ils en ont les moyens. » Mais les commandes, elles, ne devraient pas arriver plus rapidement. « Dans la profession, on sait que la situation ne s’améliorera pas avant 2024. » •