Le Parlement européen va demander à Bruxelles d’agir pour le miel
Soutiens insuffisants, santé, mais surtout fraude. Le secteur européende l’apiculture doit faire face à de nombreux défis. Le Parlement européen prépare un rapport d’initiative pour inciter Bruxelles à agir.
Dans son projet de rapport d’initiative sur les perspectives et défis du secteur apicole de l’Union européenne (UE), l’eurodéputé Norbert Erd’s (PPE, hongrois) appelle la Commission européenne à augmenter de 47,8 % les crédits du budget de l’UE consacrés aux programmes nationaux d’apiculture par rapport au niveau de 2004 (alors qu’ils n’ont augmenté que de 12 % en 2004 et 2016), soit un montant annuel de 47 millions d’euros. Dans ce projet présenté à la commission parlementaire de l’agriculture, il propose également d’inclure un nouveau régime de soutien direct pour les apiculteurs « fondé sur le nombre de colonies » pour la Pac après 2020. Selon lui, les apiculteurs devraient également bénéficier d’une exonération fiscale dans tous les États membres en raison de l’importance que revêt leur travail du point de vue de l’agriculture et de l’environnement.
Contrefaçon
Mais pour le rapporteur « le plus gros problème, et de loin, est la propagation de ce qui n’est pas du vrai miel dans le marché intérieur, laquelle a fait baisser de moitié le prix d’achat du miel entre 2014 et la fin de l’année 2016, principalement dans les principaux pays producteurs, comme la Roumanie, la Bulgarie, l’Espagne, le Portugal, la France, la Croatie et la Hongrie ». Des contrôles réalisés par le Centre commun de recherche ont en effet montré que 20 % des échantillons prélevés aux frontières extérieures de l’UE et dans les entrepôts des importateurs n’étaient pas du vrai miel. Il appelle donc l’UE à obliger les producteurs des pays tiers à se conformer à la législation communautaire. Le rapporteur suggère d’instaurer des procédures d’analyse de laboratoire (résonance magnétique nucléaire) pour détecter les produits frelatés. La Commission est invitée à interdire dans les plus brefs délais la commercialisation du miel filtré sur résine, étant donné que ce type de miel ne contient aucun élément de valeur biologique.
Santé
Autre sujet de préoccupation : la santé des abeilles. La Commission est invitée à associer toutes les sociétés pharmaceutiques à la recherche sur les traitements pour les abeilles et à mettre en place une plateforme informatique commune pour partager les bonnes pratiques et les traitements éprouvés. Et il est demandé à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de mener à bien des recherches sur l’ensemble des substances et des autres facteurs qui mettent en danger la santé des abeilles.
Enfin, les États membres sont priés d’assouplir les règles strictes en matière de transport routier applicables aux apiculteurs, notamment en les exemptant de l’obligation de tachygraphe au-delà de 100 km, afin de favoriser la migration des colonies d’abeilles. Et Norbert Erdös plaide pour renforcer la promotion du miel dans l’UE, en particulier auprès des enfants en tant que denrée alimentaire saine.
Son rapport doit dans un premier temps être adopté par la commission parlementaire de l’agriculture avant d’être soumis au vote en séance plénière cet automne.