Débordés ? Faites le point avec la "calculette travail"
Les Chambres d'agriculture de France ont créé un outil en ligne qui compile les références travail de nombreux systèmes agricoles et les restitue sous forme d'une calculette. Celle-ci permet en quelques clics d'estimer le nombre d'heures de travail nécessaires pour réaliser les travaux de la ferme.
Les Chambres d'agriculture de France ont créé un outil en ligne qui compile les références travail de nombreux systèmes agricoles et les restitue sous forme d'une calculette. Celle-ci permet en quelques clics d'estimer le nombre d'heures de travail nécessaires pour réaliser les travaux de la ferme.
La "calculette travail" est accessible en ligne sur le site des Chambres d'agriculture de Normandie, la version simple est gratuite et permet à tous les agriculteurs d'estimer le temps de travail à passer sur leur exploitation. Ils doivent choisir parmi des volets déroulants les différents ateliers (lait, viande, cultures) qui composent leur exploitation, puis définir le mode de commercialisation, leur niveau d'équipement, le niveau de perfectionnisme au travail et s'ils sont en AB ou en conventionnel. Sur chacun des ateliers, l'agriculteur doit ensuite indiquer le nombre d'animaux ou les surfaces dédiées.
15 minutes pour saisir ses informations
La saisie des informations est assez rapide (compter environ 10 à 15 minutes) mais attention, il ne faut pas oublier le travail administratif, ni les travaux d'entretien et de maintenance. Une fois les données saisies, l'outil calcule le temps de travail qu'il faut pour réaliser les travaux. Ce nombre d'heures par an et par semaine donne un premier niveau d'information sur le nombre d'unités de travail à prévoir sur l'exploitation.
La version "pro" est accessible dans le cadre d'un échange avec un conseiller spécialisé "organisation du travail".
Une version "PRO" pour les agriculteurs qui veulent aller plus loin
Les premières saisies sont identiques à la version simple, mais elles sont complétées par des informations relatives à la main-d'oeuvre de l'exploitation, aux pratiques culturales et aux itinéraires techniques (période de pâturage, fermeture de la salle de traite sur une période, etc.). La calculette apporte alors des informations très précises sur le volume de travail par travailleur, par atelier, par tâche, par mois. Il est alors plus facile d'identifier les problématiques sur l'exploitation et de trouver des solutions.
Les discussions avec le conseiller permettent aussi d'amorcer des pistes pour retrouver de la sérénité : délégation (prestation, Cuma, ETA...), embauche (embauche directe, partagée...), équipements (robotisation, aménagements) ou simplification du système.
Julien PARIS, exploitant en polyculture élevage à Lorleau (27)
« Mon sentiment est de courir... beaucoup »
« Sur l'exploitation, il y a 200 ha avec un atelier cultures (lin, céréales, betteraves) et un atelier lait avec une référence à 700 000 litres de lait. Je suis seul avec un salarié à mi-temps et un apprenti. Pour assurer le boulot c'est trop juste et la situation n'est pas tenable dans le temps. Je savais qu'il y aurait une problématique de main-d'oeuvre car avant le système fonctionnait avec deux associés et forcément aujourd'hui à 1,5 UMO ça ne passe pas malgré les aménagements qui ont été faits. La difficulté est de pouvoir identifier les travaux les plus chronophages, ceux que l'on peut déléguer et ceux qu'il faut conserver et combien de temps cela concerne.
La réflexion que j'ai conduite avec la conseillère de la Chambre d'agriculture et la calculette travail est très intéressante. On a pu visualiser le temps que demande chaque atelier de la ferme au mois le mois. La calculette permet de chiffrer le nombre d'heures de main-d'oeuvre manquant sur l'exploitation mais aussi de visualiser les périodes les plus chargées. Ce qui m'a le plus marqué c'est l'analyse sur le travail d'astreinte. Mon système demande au moins cinq heures de travail tous les jours rien que pour les animaux. Cela laisse finalement peu de temps pour les travaux de plaine et encore moins pour gérer les imprévus.
Ce constat vient objectiver par des chiffres mon sentiment de courir beaucoup. Le graphique qui permet de voir le travail par tâche et par mois m'a permis de prendre conscience que le seul mois sur lequel je peux programmer des travaux d'entretien ou de maçonnerie, c'est le mois de janvier car les semis de printemps arrivent vite et finalement tous les autres mois de l'année sont tous bien chargés.
Grâce aux résultats de la calculette et à la formation "Optimiser mon organisation du travail en élevage laitier" à laquelle j'ai participé, j'ai changé des choses dans mon organisation et ma salle de traite, ce qui me permet déjà de gagner 45 minutes tous les jours. Par ailleurs, j'ai prévu de déléguer des travaux de plaine à un voisin et je réaménage actuellement un bâtiment à veaux qui sera plus fonctionnel et me fera aussi gagner du temps et du confort. Ces solutions, je les ai partagées en groupe lait. L'échange avec d'autres éleveurs permet de s'enrichir de bonnes idées, de se remettre en question et de prendre du recul. »
Propos recueillis par Céline Collet