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Chanvre technique et textile : prêts pour la récolte

2023 signe une nouvelle étape clef pour le développement du chanvre en Normandie. Avec Nathalie Revol, chargée de l’appui technique pour le chanvre textile au sein de l’association Lin et Chanvre bio, et Guillaume Laizé, technicien de l’association des producteurs de chanvre de Normandie, la Chambre d’agriculture de Normandie vous plonge au cœur de cette aventure.

Le chanvre technique poursuit sa conquête des marchés.
© Agrochanvre

La météorologie très distincte des étés 2022 et 2023 confirme la robustesse du chanvre.

2023 : le chanvre confirme sa résistance

S’il a résisté à l’été 2022, très sec, le chanvre s’en sort aussi très bien en 2023. En chanvre technique comme en chanvre textile la consigne est la même : attendre le réchauffement des terres, après la mi-mai pour permettre une levée rapide. Les semis précoces n’affichent pas un potentiel de rendement supérieur et le risque de salissement ou d’hétérogénéité dans la parcelle est accru. Les populations de corbeaux qui apprécient ces graines sont attentivement contrôlées. Le vent fort et froid du mois de mai-juin a freiné sa croissance pendant une quinzaine de jours, retard qu’il a pu rattraper par la suite grâce à l’alternance de périodes de pluies abondantes et de chaleur.

Chanvre textile : un démarrage sur les chapeaux de roues

Quelque 1 000 ha de chanvre destinés aux teillages ont été implantés sur le bassin linier de Bayeux à Dunkerque. Après le succès du prototype développé avec la Coopérative linière de Caen et LC Bio avec le soutien de la Région Normandie, pas moins de six faucheuses Hyler ont été commercialisées pour 2023. Cette année, les chanvres textiles mesurent de 1,60 m à 2,20 m et présentent des diamètres de tiges de 5 et 7 mm, idéales pour une bonne qualité de fibres.

Chanvre textile : la récolte a commencé le 9 août

Le fauchage est réalisé début août quand le chanvre est encore au stade des fleurs, sans attendre la formation des graines, pour avoir le temps de le rouir et de le rentrer sec. Il est réalisé avec du matériel dédié : des faucheuses-paralléliseuses. Les machines Hyler, sont automotrices, coupent la tige en deux longueurs de 1 m et parallélisent les deux nappes au sol comme pour le lin en mettant d’un côté les tiges de tête et de l’autre les tiges de pieds. Ces deux parties de la tige sont pressées séparément car la qualité et le taux de fibres y sont différents. La période de rouissage est variable en fonction des conditions météo, comme pour le lin, mais le chanvre rouit plus rapidement. Le chanvre est retourné, puis enroulé comme du lin. Il sera teillé dans les teilleuses à lin quelques mois plus tard.
À noter que la faucheuse tractée développée par Cretes, qui met les tiges de pieds et les tiges de têtes sur la même nappe, sera testée sur tout le bassin linier durant cet été.

Le chanvre technique : un cycle jusqu’à la graine

En 2023, les surfaces de chanvre cultivé pour les débouchés fibre technique et graine représentent 400 hectares répartis sur la Normandie, principalement en Manche, Calvados et Orne.

Le chanvre technique : la récolte débutera en septembre

La récolte débutera en septembre en deux temps. La graine est récoltée en premier lieu à l’aide de moissonneuses-batteuses équipées de protections afin d’éviter les enroulements de fibres. Elle est ensuite séchée, le plus souvent dans des séchoirs à plat, afin d’assurer sa bonne conservation et pour répondre aux critères qualités de la commercialisation.
La paille est fauchée ensuite à l’aide de machines doubles lames dont sont équipés certains producteurs qui réalisent la prestation ou proposent le matériel en location. Après une période de séchage d’une dizaine de jours, la paille est pressée en balles rondes avec de la ficelle sisal.
Les potentiels espérés devraient se situer dans la moyenne triennale, voire légèrement au-dessus (en bio 6 t de paille et 1 t de chènevis).

Le chanvre technique poursuit sa conquête des marchés

Matériau renouvelable et local, le chanvre connaît une demande en hausse dans les secteurs de la construction, tirée par le particulier notamment, et dans celui de la plasturgie. Après une année 2022 en berne, les ventes en fibres papetières ralenties par les coûts de l’énergie ont été remplacées en partie par un nouveau débouché pour Agrochanvre, la fibre textile courte. L’entreprise a obtenu la certification GOTS (Global Organic Textil Standard) qui met en valeur l’origine AB, la traçabilité et la qualité des fibres produites.

Un défi commun : valoriser la chènevotte

Chanvre textile et chanvre technique auront un défi commun : réussir la meilleure valorisation de la chènevotte (équivalent des anas sur le lin) qui représente plus de 50 % du poids récolté. Un marché sur lequel Agrochanvre tient déjà une belle position en France et à l’export avec une gamme bio et une gamme conventionnelle pour le paillage, la construction et la plasturgie. Pour aller plus loin, cette année, Agrochanvre se dote d’une unité de calibrage de la chènevotte qui permettra d’accroître les volumes à destination de la construction et d’ouvrir de possibles autres applications.
Par ailleurs, l’entreprise du sud de la Manche travaille à la mise en place d’une unité de production de briques de chanvre chaux-chanvre, terre-chanvre qui pourrait permettre de valoriser des volumes de chènevotte et de proposer des matériaux de construction locaux.

Filière en émergence : le chanvre CBD sera récolté en octobre

Si la mécanisation de la récolte textile a conduit à augmenter considérablement les surfaces de chanvre en Normandie récemment, la législation a aussi permis de concrétiser la production hexagonale de la plante pour sa transformation et sa vente dans le secteur du “bien-être”. Avec des itinéraires techniques très différents des débouchés textiles et techniques (variété, densité de semis, fort besoin en main-d’œuvre), la dizaine de producteurs normands cultive de petites surfaces et vend principalement en direct. Cela nécessite de la rigueur pour être compétitif, mais le potentiel de développement est présent puisque le marché français importe la majorité des huiles sublinguales et autres produits contenant du CBD. Signe de l’engouement suscité par cette nouvelle culture, 35 stagiaires ont participé aux formations CBD proposées par la Cran durant le premier semestre. •

Le chanvre vous donne rendez-vous au second semestre.

Cinq tours de plaine de chanvre technique sont prévus :  
- le 30 août à Criquetot-l’Esneval ;
- le 1er septembre à l’Épinay-sur-Odon (14) ;
- le 4 septembre à Barenton (50) ;
- le 5 septembre à Neauphe-sous-Essai (61) ;
- le 7 septembre au Chamblac (27).
Une démonstration de récolte de graines et fibres techniques (moisson + fauche) aura lieu à Cormolain (14) vers le 15 septembre (suivant la maturité de la culture). Les horaires et le lieu seront précisés sur le site internet des Chambres d’agricultures de Normandie ou auprès de Guillaume Laizé (06 07 78 47 18).
Formation chanvre textile : le 21 novembre au Neubourg (27).
Formation “cultiver du chanvre CBD” : le 7 décembre à Lisieux (14). Formation “transformer du chanvre CBD” : le 8 décembre à Lisieux (14). Responsable du stage Isabelle Ghestem - Chargée de mission - Evreux 02 32 47 35 38
Pour toute question sur les formations proposées par la chambre d'agriculture de Normandie contacter le 02 33 06 49 69.
 
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