Terre de Lin a 25 ans : le collectif reste un impondérable
Terre de Lin a lancé son projet d'entreprise lors de sa soirée d'anniversaire. Les objectifs sont ambitieux : 2 000 kg par hectare de lin teillé pour 2035.
Plus de 1 000 personnes, agriculteurs adhérents et salariés, étaient présentes à la soirée d'anniversaire de Terre de Lin. La coopérative linière a fêté ses 25 ans le 4 juillet dernier sur le teillage de Saint-Pierre-le-Viger. Les invités ont retracé les grandes étapes de sa construction et de son développement au travers d'un parcours multimédia.
Fondée en 2000, Terre de Lin est issue de la fusion de quatre coopératives de Seine-Maritime et de l'Eure. Aujourd'hui, elle emploie 400 personnes et regroupe 800 exploitations adhérentes, soit 1 000 agriculteurs, sur les sites de teillage de Conches-en-Ouche, Routot, Vittefleur, Crosville-sur-Scie, Douvrend et Saint-Pierre-le-Viger.
Toujours en phase avec les adhérents
« Nous sommes là pour préparer l'avenir. Nous allons poser les premières pierres de notre projet d'entreprise, cela fait 18 mois que nous le préparons. C'est le jour du lancement », a annoncé le président de la coopérative, Guillaume Hemeryck.
Ce projet d'entreprise est une volonté du conseil d'administration : celui d'être toujours en phase avec ses adhérents. Pour élaborer un projet cohérent, deux groupes ont été créés qui sont allés à la rencontre des adhérents, les jeunes et les bâtisseurs de la coopérative. Leurs témoignages, base de la réflexion stratégique, ont conduit à formuler des enjeux, des objectifs, des actions.
Objectif 2 000 kg/ha de lin teillé
Les ambitions de Terre de Lin pour l'avenir ont été clairement exprimées : l'épanouissement de ses acteurs, une meilleure recette acceptable par la filière, un rendement de lin teillé de 2 000 kg par ha, rester leader sur les marchés fibres, garder l'innovation aux cœurs des stratégies, continuer à contribuer à la croissance du lin et de la filière. Dans ce nouveau projet, la diversification sera un axe stratégique, ainsi que la sécurisation de l'offre. « Nous voulons être structurants et stabilisateurs sur les marchés qui n'aiment pas les grosses variations. Nous défendrons une recette durable », a exprimé le directeur, Thierry Goujon.
Tutorat
« Nous avons la chance d'avoir une diversité de métiers et donc de savoir-faire au sein de Terre de Lin. C'est une richesse et nous allons assurer la transmission pour le partage des connaissances et des savoir-faire acquis par nos salariés. Nous avons mis en place le tutorat pour les salariés en production et allons maintenant le déployer sur d'autres métiers. Pour préserver la cohésion de groupe, des journées d'intégration ont été organisées réunissant les salariés », a expliqué Sandrine Ragoy, responsable des ressources humaines.
L'accompagnement individuel sera également renforcé, en facilitant l'accès à l'information sur des thématiques essentielles pour les salariés (santé et conditions de travail). Un volet important du projet portera aussi sur l'attractivité des métiers, aux yeux des salariés mais également des futurs candidats et des clients.
Un des grands enjeux sera aussi de s'adapter aux jeunes générations, avec l'amélioration des conditions de travail et de l'environnement de travail. Une réflexion va aussi s'engager sur de nouvelles organisations du travail, en y intégrant les nouvelles technologies. Les nouvelles générations sont demandeuses.
La sécurité reste un sujet majeur dans ce projet, et cela concernera la santé et le bien-être au travail. L'exposition à la poussière au teillage sera sans cesse diminuée mais cela devra passer aussi par le travail en plaine, en faisant évoluer les méthodes de récolte.
De nouveaux outils de commercialisation
Les jeunes adhérents ont confiance en leur coopérative mais sont exigeants et sensibles à la qualité des relations humaines. Terre de Lin va donc continuer à recruter et à former des collaborateurs, et développera de nouveaux outils de commercialisation. Un groupe vient de se créer pour mettre à la disposition des adhérents plusieurs modes de commercialisation. Un gros travail est aussi réalisé sur la digitalisation pour avoir accès aux bonnes informations, au bon moment.
Optimisation du travail des semences
Concernant l'ambition sur la productivité du lin, le projet 2035 de l'entreprise va promouvoir le levier agronomie avec l'évolution des rotations, la place du lin dans les rotations, les pratiques agricoles et la météo. « La météo change de façon assez brutale et l'innovation variétale pourrait être à même de trouver la résilience nécessaire », a ajouté Guillaume Bauchet, sélectionneur chez Terre de Lin.
Les 2 000 kg de lin teillé sont attendus pour 2035. C'est jugé ambitieux mais possible et cela commencera par la multiplication des semences. Terre de Lin va donc poursuivre l'augmentation de ses capacités de réception de graines, de séchage et de triage. L'objectif est de travailler plus de semences dans un temps optimisé.
Un acteur structurant et entraînant
Dans les objectifs, il s'agit d'augmenter la capacité à produire les semences de lin d'hiver et lin de printemps et de maintenir l'implication des producteurs dans les domaines de la recherche, la multiplication des semences.
« Notre projet est simple, a conclu le président, nous voulons être un acteur structurant et entraînant de toute la filière du lin dans tous les pays du monde. Nous avons un enjeu agronomique majeur et nous ne pourrons pas uniquement nous reposer sur la sélection génétique. Dans nos fermes, il faudra se remettre en cause en relançant des groupes de développement agronomiques. Nous n'avons jamais autant investi et nous allons continuer à investir beaucoup dans les machines, dans les teillages, dans la production de semences, dans la recherche. Nous avons surtout besoin de l'investissement humain de tous. Le collectif est un impondérable, tout le monde a un rôle à jouer ».•