Silotier, un métier peu connu
Le silotier occupe une place importante dans la gestion des céréales. Chargé de la réception, du travail du grain, du stockage et de l'expédition, il joue un rôle clé dans la traçabilité et la qualité des produits. C'est un métier qui demande de la rigueur et un bon relationnel.
Le silotier occupe une place importante dans la gestion des céréales. Chargé de la réception, du travail du grain, du stockage et de l'expédition, il joue un rôle clé dans la traçabilité et la qualité des produits. C'est un métier qui demande de la rigueur et un bon relationnel.
Jérôme Mauger est responsable de site sur la région Ouest de NatUp, référent céréales, expert en grains. Il travaille au bon fonctionnement du plus haut silo vertical métallique de la coopérative, d'une capacité de stockage de 44 000 tonnes.
Gérer des quantités de marchandises qui transitent
Un silotier ou conducteur de silo réceptionne les céréales des exploitants mais ce n'est pas son seul rôle. Il a des missions très diversifiées : gérer la ventilation des grains pour leur conservation, avoir une très bonne connaissance de la qualité des marchandises stockées, gérer les sorties des céréales qui partent vers les silos portuaires ou vers d'autres utilisations industrielles, avoir une bonne connaissance des marchés, gérer les saisonniers durant la moisson...
« La première étape de mon travail, lors de la réception de la marchandise du producteur, est la prise d'échantillons pour voir l'aspect qualitatif du produit livré et l'orienter vers le silo attitré. Ensuite, mon rôle dans la conservation des céréales est très important. Il faut surveiller la température, repérer les soucis de germination et les autres aspects qui pourraient détériorer la qualité en tenant compte des exigences de plus en plus importantes de la filière pour réduire l'utilisation d'insecticides. C'est un métier en constante évolution avec des outils de plus en plus modernes pour nous aider mais l'œil de la personne sera toujours là pour vérifier la qualité du grain. Un silo se conduit à l'oreille, le facteur humain est très important, même si aujourd'hui, le pilotage se fait sur ordinateur », explique Jérôme Mauger qui tient à rectifier une idée qui n'est plus d'actualité : « il faut arrêter de penser qu'un responsable de silo travaille dans la poussière. C'est terminé tout cela ».
Autrefois marqué par une pénibilité physique et une gestion manuelle des opérations, le métier de silotier bénéficie aujourd'hui des avancées numériques. Mais le digital ne remplace pas l'expertise des silotiers, il la valorise.
Un métier moderne où on travaille avec du vivant
Gaétan Ruzé est, quant à lui, responsable du bon fonctionnement des différents silos situés sur la région Est et Nord chez NatUp : « Mon travail de chef d'exploitation est l'entretien des différents silos sur une zone définie, la gestion du personnel, l'organisation entre les silos, leur mise en fonctionnement, leur mise en veille, l'embellissement des sites, la surveillance de la maintenance, la gestion du stockage en ferme, la mise en œuvre du plan d'allotement, la gestion des problèmes d'approvisionnements et du respect des livraisons ».
Jérôme Mauger pilote le site de réception des marchandises agricoles de Bertreville-Saint-Ouen situé sur la zone Ouest du territoire de la coopérative : « Je pilote une unité faite pour travailler le grain, qui a la caractéristique d'avoir plusieurs silos, de 400 tonnes, 1 000 tonnes, 25 000 et 30 000 tonnes, permettant des allotements différents. J'assure la conservation des grains réceptionnés et je dois faire en sorte que la marchandise soit prête, saine et loyale, au moment de l'exécution du contrat. Par exemple, les meuniers viennent chercher en septembre 2025 leur contrat sur la récolte 2024 : il faut donc pouvoir gérer le stockage correctement durant un an ».
Une bonne vision des marchés
Le responsable de silo doit donc avoir une bonne vision du marché et des contrats : « Je dois être au courant des contrats qu'il faut honorer pour organiser le départ des marchandises, explique Jérôme Mauger. Je me tiens également au courant des cours. Par exemple, il faut être sûr que le calibrage d'une orge soit intéressant à faire en fonction du différentiel de prix entre une destination fourragère et brassicole ».
Le responsable de silo doit connaître les quantités et les caractéristiques des grains encore stockés en ferme. Il gère les quantités de blé qui ne peuvent plus rester en ferme pour des raisons qualitatives. Pour cela, il est en constante relation avec les agents de terrain et son responsable d'exploitation pour réceptionner au plus vite les grains qui ont besoin d'être travaillés, et organiser leur allotement en fonction des marchés. Il faut donc être réactif.
De bonnes connaissances techniques
« À Bertreville-Saint-Ouen, nous sommes également un silo hôpital car nous recevons du grain qui est refusé au silo portuaire. Nous le retravaillons et lui trouvons un débouché », ajoute Jérôme Mauger.
D'une année sur l'autre, en fonction des quantités et des qualités des récoltes, et des marchés, le travail est toujours différent. « Cette année par exemple, les livraisons sont aux normes mais en 2024 tous les blés ont dû passer au trieur. Pour faire mon travail, j'ai besoin de bonnes connaissances techniques sur la conservation des grains : par exemple, j'ai suivi une formation passionnante sur les flux d'air. Nous devons respecter un guide de bonnes pratiques d'hygiène pour la collecte, le stockage, la commercialisation et le transport de céréales, d'oléagineux et de protéagineux. Un audit est réalisé tous les 3 ans pour conserver notre agrément ».
Un bon relationnel avec les adhérents
Au-delà du travail du grain, le responsable de silo doit se préoccuper de la consommation énergétique de son site. La partie sécurité est également un point très important, il concerne aussi bien le responsable d'exploitation que le responsable de silo.
« Pour être responsable de silo, il faut être rigoureux, avoir un bon relationnel avec les agriculteurs, savoir s'adapter et être autonome. Nous avons une grande diversité de tâches : de la réception du grain à la logistique, en passant par l'analyse de la qualité des lots, de la conservation, de l'expédition, des contrôles et des enregistrements. C'est un métier passionnant », conclut Jérôme Mauger.•