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La nouvelle campagne commence sous la barre de coupe

Optimiser la moisson ne se limite pas à régler sa machine le jour J. Entre entretien préventif, stratégie de récolte et gestion des résidus, chaque décision prise avant et pendant la moisson conditionne la qualité de la récolte en cours... et le potentiel de la suivante.

Chaque graissage, chaque réglage prépare la qualité de la récolte à venir.
Chaque graissage, chaque réglage prépare la qualité de la récolte à venir.
© H. Challier

« Quand on raisonne système de culture, on dit que la nouvelle campagne commence sous la barre de coupe », rappelle François Dumoulin, conseiller agricole à la Chambre d’agriculture de l’Oise. Un principe qui résume bien l’enjeu : ce que rejette la moissonneuse-batteuse à l’arrière détermine déjà les conditions de départ de la culture suivante. D’où l’importance d’anticiper et d’organiser son chantier avec méthode.
Avant de lancer la première parcelle, un contrôle approfondi de la moissonneuse s’impose. Au programme : vidanges, filtres à huile, à air et à carburant, niveaux d’huile hydraulique, tension des courroies, graissage systématique des roulements et paliers, vérification de la batterie et des câbles électriques. Le contrôle du “point zéro” – l’écartement entre le batteur et le contre-batteur – permet de valider le réglage au cran zéro de la crémaillère, essentiel pour une séparation grain-paille efficace. Côté barre de coupe, l’inspection doit porter sur les sections, doigts et doigts diviseurs, la vis sans fin, les rabatteurs et l’état de la chaîne d’alimentation. « Vérifier qu’il n’y a pas de jeu au niveau des roulements et paliers, ça évite les incendies ». Avant chaque utilisation, il faut enlever les poussières, débris et paille qui s’accumulent sous le capot, derrière le bloc-moteur et à proximité des pièces chaudes. Les roulements mal graissés peuvent provoquer l’échauffement de courroies, autre source fréquente de départ de feu.

L’ordre de récolte n’est pas anodin

Le travail commence bien avant la moisson, idéalement mi-juin pour les céréales. « Il faut aller repérer les zones où l’on va récolter ses futures semences », explique l’agronome. L’objectif : effectuer une épuration renforcée. On retire les épis charbonnés sur les orges d’hiver, les adventices restantes, et on s’assure de ne pas se trouver dans une zone touchée par la fusariose. « L’idée est d’aller la récolter en premier tant que la machine est encore propre », poursuit-il. Car démarrer par une parcelle sale, c’est contaminer la machine et toute la récolte suivante.
Traditionnellement, de nombreux agriculteurs détourent d’abord leur parcelle, récoltant le pourtour avant de s’attaquer au centre. Mais cette pratique présente un inconvénient majeur : « Toutes les graines d’adventices qui sont dans les bords de champ, les repousses, on les éparpille dans le champ ». Mieux vaut donc récolter les bordures en dernier. 
François Dumoulin invite à une récolte centrifuge, c’est-à-dire en commençant par le milieu de la parcelle et en progressant en « escargot vers l’extérieur ». Avantage supplémentaire : le gibier peut s’échapper au fur et à mesure, évitant de concentrer sangliers, lièvres et lapins dans les derniers mètres carrés non récoltés.

Hauteur de coupe et gestion des résidus

La hauteur de coupe influence directement le débit de chantier, mais aussi l’état de la parcelle après moisson. En colza, couper plus haut permet de gagner du temps. Mais attention : « Il faudra derrière absolument passer au moins un coup de rouleau un peu agressif pour rabattre les chaumes ». Sans quoi on crée « un refuge pour les campagnols », où les rapaces ne peuvent plus plonger et où même les renards circulent difficilement. Surtout, la moisson génère des menues pailles – ces mélanges de glumes, débris de tiges et graines d’adventices rejetés par les grilles de la moissonneuse. Leur épandage homogène est essentiel, mais devient compliqué avec des coupes très larges : les menues pailles, peu lourdes, se projettent mal sur toute la largeur de travail. Résultat : des zones surchargées, propices aux problèmes de levée, aux attaques de limaces et à des carences azotées.
La récolte des menues pailles permet d’exporter une partie des graines d’adventices et limite ainsi leur ré-ensemencement. Des essais menés par Arvalis entre 2014 et 2018 montrent qu’au bout de trois campagnes, cette technique a permis une réduction de 75 % de la densité de ray-grass par rapport à un éparpillage classique. Les gains de rendement peuvent atteindre 20 % les années à forte pression entre menues pailles exportées ou éparpillées. La matière récupérée peut être valorisée en paillage, fourrage, compostage ou méthanisation. Autre technique évoquée : le broyage ultra-fin des menues pailles pour éclater les graines d’adventices. Mais « la consommation de carburant et le risque de casse en cas de passage de cailloux limitent pour l’instant son développement », tempère François Dumoulin.
Au-delà de la gestion des résidus, la moissonneuse peut aussi contribuer à améliorer la qualité sanitaire de la récolte. « Au Canada, ils considèrent la moissonneuse-batteuse comme un trieur. » Confrontés à de forts niveaux de fusariose, les producteurs canadiens règlent leur machine pour rejeter les grains contaminés, soit trop petits parce qu’échaudés, soit gonflés par le champignon. « En jouant sur l’ouverture des grilles et l’intensité de la ventilation, ils arrivent à trier ». Correctement maîtrisée, cette technique peut approcher l’efficacité d’un traitement fongicide.•

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