Gare au coup de chaud chez les bovins
Le mois de juin a été particulièrement chaud cette année et les températures ces jours-ci repartent à la hausse. Or les bovins sont des animaux qui n'aiment pas la chaleur, notamment les vaches laitières fortes productrices, qui sont très sollicitées.
Le mois de juin a été particulièrement chaud cette année et les températures ces jours-ci repartent à la hausse. Or les bovins sont des animaux qui n'aiment pas la chaleur, notamment les vaches laitières fortes productrices, qui sont très sollicitées.
La température de confort d'une vache se situe entre 5 et 15 °C. Au-delà de 25 °C, la vache doit mettre en œuvre des mécanismes de compensation pour maintenir sa température corporelle (optimum : entre 38 et 39 °C). Ce phénomène est amplifié par l'humidité.
Les vaches préfèrent le froid
Au-delà de 25 °C, les vaches mangent moins et boivent nettement plus (jusqu'à deux fois plus). Elles respirent plus vite, restent debout au lieu de se coucher et ont tendance à se regrouper (réaction de défense face à un stress), mais cela amplifie le phénomène, notamment en limitant les échanges de chaleur avec l'environnement.
Un impact à court, moyen et long terme
Différents mécanismes interviennent qui pénalisent la vache à court terme mais aussi sur le long terme, des mois après et même les futurs veaux à naître.
Alimentation et abreuvement
Les vaches mangent moins (et notamment moins de fibres) et ruminent moins (donc moins de salive, substance tampon) : le risque d'acidose est augmenté. De plus, un déficit énergétique apparaît très rapidement, la production laitière baisse et la reproduction est altérée (anœstrus, baisse d'expression des chaleurs, avortements). En termes d'eau, les vaches ont besoin de 1,5 à 2 fois plus d'eau, qu'elles soient laitières ou allaitantes, jeunes ou adultes. Un manque d'eau peut entraîner à lui seul, une baisse de production laitière, un retard de GMQ (gain moyen quotidien) ou des maladies qui durent plus longtemps et sont plus sévères.
Immunité
Tout stress implique une augmentation du cortisol, responsable d'une baisse des défenses immunitaires. Les vaches sont donc plus sensibles aux maladies : augmentation des cellules et des mammites "graves", des non-délivrances et métrites. Ce phénomène est encore plus marqué sur les vaches taries (attention aux pathologies du péri-partum) et les nouveau-nés. La reprise de recirculation de la FCO (fièvre catarrhale ovine) qui touche nos départements depuis 8-10 jours, intervient juste après un pic de canicule où les animaux ont été affaiblis et est d'autant plus sévère sur des animaux non vaccinés.
Génétique
En réponse au stress thermique, certains gènes vont plus s'exprimer, au détriment d'autres. Ainsi, la vache qui souffre de la chaleur produit moins de cellules immunitaires, ce qui abaisse encore son seuil d'immunité. Les veaux nés à la suite d'une période de forte chaleur sont également défavorisés : ils ont une durée de vie plus courte, une baisse immunitaire et connaissent une moindre production laitière ultérieurement.
Zone de vie
Quelles mesures prendre ? Les vaches qui pâturent doivent avoir accès à l'ombre (d'où l'intérêt de conserver des haies) ; il faut faire très attention notamment aux vaches en fin de gestation. Il faut parfois adapter leur bâtiment : remplacer les translucides du toit par des tôles opaques, ouvrir les portes ; voire modifier des pans de murs (enlever du bardage et le remplacer par un filet brise-vent par exemple) pour favoriser la ventilation naturelle. Dans les régions plus chaudes, on voit de plus en plus des bâtiments avec très peu de murs en dur pour favoriser les courants d'air, mais dotés de filets brise-vent qui peuvent être abaissés en cas de fortes pluies et vents. De plus en plus, on installe des ventilateurs : verticaux ou horizontaux selon les spécificités du bâtiment. Ils doivent permettre de créer un petit courant d'air un petit courant d'air de 8 à 10 km/h (2 à 3 m/s) au-dessus des zones de couchage et d'alimentation. La brumisation peut être efficace si l'humidité n'est pas déjà importante, sinon elle amplifie le stress thermique.
Alimentation
Il faut veiller à une quantité suffisante d'eau (au moins 15 litres par minute, 10 cm de linéaire d'abreuvoir par vache), et si possible de l'eau à basse température (ou a minima à l'ombre). La ration doit être distribuée le matin et/ou tard le soir. Il faut augmenter la densité énergétique, avec un minimum de 15 % de matière azotée, mais un maximum de 20 % d'amidon. Il faut proposer un fourrage appétent et ajouter du bicarbonate. Les vaches les plus à risque (fraîches vêlées et fortes productrices) sont à surveiller de près pour éviter un déficit énergétique et une acétonémie notamment.
Si malgré tout, une vache reste couchée avec une élévation de la température, il faut contacter son vétérinaire rapidement. En l'attendant, il peut être judicieux de la déplacer, notamment si elle est sur une litière qui chauffe, ou la doucher pour la refroidir. La chaleur a donc des impacts importants sur les vaches. Auparavant, on pensait au bâtiment pour protéger les vaches l'hiver, aujourd'hui on doit l'intégrer dans la lutte contre la chaleur. De même il faut adapter la ration et revoir la gestion de l'abreuvement (quantité et qualité).•