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Une moisson compliquée par la pluie

Après avoir vécu une série de récoltes précoces, les céréaliers trouvent le temps long cette année. Et surtout trop maussade. Les pluies en fin de cycle ont pu nuire au rendement. Mais globalement, les volumes sont au rendez-vous, à l'exception notable du pois. C'est davantage la qualité qui inquiète

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© © JEAN-CHARLES GUTNER

« Cette moisson restera gravée dans les annales », souligne François Berson, directeur de la collecte chez Soufflet, dans une vidéo diffusée sur internet. La pluie, tout au long de la semaine du 12 juillet, a bloqué les chantiers « partout en France », indique le négociant, dont la zone d'activité forme un large croissant de Rouen à Metz. Ensuite, Soufflet a connu « trois jours énormes » à 150 000 tonnes/ jour de collecte, un record. La météo restant très humide, le groupe annonce ne pas appliquer de frais de séchage pour l'orge jusqu'à 16,5 % de teneur en eau, le blé tendre jusqu'à 17 %, le blé dur jusqu'à 18 %. Objectif : permettre aux agriculteurs de récolter un maximum dès que le temps s'améliore.

La coopérative EMC2, à cheval sur la Lorraine et la Haute-Marne, prend la même mesure au 1er août. Son calendrier de collecte est chamboulé par les pluies à répétition. Plus tardif cette année, le top départ au 19 juillet a vu se télescoper toutes les espèces. « Orge d'hiver, pois, orge de printemps, colza, avoine, blé tendre sont arrivés dès le premier jour, raconte le directeur terrain David Meder. Cela entraîne des contraintes logistiques, d'allotement. » Un scénario qui concerne particulièrement le Grand Est, où Vivescia pointe des cumuls de pluies jusque 150 mm en quelques jours, entraînant des cultures inondées, versées, des moissonneuses-batteuses embourbées.

BLÉ TENDRE : VIGILANCE SUR LA QUALITÉ

Résultat des caprices du ciel, seuls 20 % de la collecte en blé tendre étaient réalisés au 22 juillet chez Soufflet. « Les rendements sont moyens à bons », indique François Berson, admettant « une petite déception ». C'est moins qu'attendu en juin : « La pluie a fait quelques dégâts, avec des parcelles versées » sur 5 à 8 % des surfaces, d'après ses chiffres. En termes de qualité, l'excès d'eau autour du 12 juillet a suscité « beaucoup d'inquiétudes ». Mais le temps de chute de Hagberg, entre 230 et 240 s, apparaît en fin de compte « satisfaisant ». Soufflet note toutefois une situation plus « problématique » à l'est de son bassin de collecte (« un peu » en Bourgogne, « assez fortement » en Champagne), où cet indice descend sous le plancher de 220 s. Côté rendement, des terres à moindre potentiel tirent leur épingle du jeu, 5 à 10 % au-dessus de la moyenne quinquennale. D'autres affichent des performances en baisse par rapport à 2020. Un résultat d'autant plus décevant que le nombre d'épis/m2 est quasi-record.

UNE RÉCOLTE D'ORGE D'HIVER PLUTÔT SATISFAISANTE

Une bonne récolte en orge d'hiver est annoncée chez Soufflet, qui a rentré pluies. Sur cette part, la qualité est jugée bonne en calibrage (85 %), en protéines (10,4 %) même si 20 % dépassent la fourchette de 9,5-11,5 % réclamée par les brasseurs. L'autre tiers de la collecte a dû être isolé à réception : « Nous avions des craintes importantes sur la germination », explique François Berson. Elles se sont « dissipées rapidement », vu le « peu de parcelles vraiment germées ». Pour la colza, Soufflet dresse un bilan plus nuancé. Si la façade Atlantique voit des rendements bons à très bons, ailleurs ils sont « plutôt dans la moyenne ». Les périodes de gel, de temps sec ont créé une grande hétérogénéité entre les parcelles, dans ces régions plus à l'intérieur du pays, selon François Berson. La sécheresse en août a été suivie d'attaques d'insectes à l'automne, conduisant certains agriculteurs à retourner des parcelles. Les premières orges de printemps chez Soufflet, semées à l'automne, sont jugées « plutôt bonnes » avec un calibrage satisfaisant mais « pas exceptionnel », souvent inférieur à 90 %. Arrivé au tiers de sa collecte, le négociant réceptionne une seconde vague « un peu décevante » côté rendement, de 60 à 80 q/ha. Le calibrage est lui « moyen, assez faible », à 75 %. La germination est sous surveillance, d'autant plus que la météo n'incite guère à l'optimisme. o

J.-C. D.

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