Une dynamique collective croissante chez les maraîchers bio de Seine-Maritime
Dans le cadre du contrat d'objectif "la Normandie en transition agroécologique dans un contexte de changement climatique" financé par la région Normandie, Bio en Normandie a initié l'émergence de plusieurs groupes de producteurs bio cette année. Une cinquantaine de maraîchers bio de Seine-Maritime se sont intéressés à cette dynamique.
Dans le cadre du contrat d'objectif "la Normandie en transition agroécologique dans un contexte de changement climatique" financé par la région Normandie, Bio en Normandie a initié l'émergence de plusieurs groupes de producteurs bio cette année. Une cinquantaine de maraîchers bio de Seine-Maritime se sont intéressés à cette dynamique.
L'animatrice de ces groupes, Clémence Louvard, conseillère en maraîchage, explique que « plusieurs groupes ont été construits en fonction de leur proximité géographique. Une première réunion de lancement a permis de déterminer en collectif, la fréquence, la forme et le contenu des rencontres. Ces groupes sont aussi une vraie aubaine pour suivre les maraîchers bio du territoire et les contraintes rencontrées sur le terrain. Lorsqu'ils sont partants, des essais techniques sont proposés et les résultats partagés. C'est très enrichissant pour tous ».
Bio en Normandie anime un premier groupe d'une vingtaine de maraîchers installés entre Rouen et les Boucles de la Seine et un second d'une douzaine de maraîchers situés à proximité du Havre. Tous souhaitent se réunir régulièrement afin d'échanger sur leurs pratiques mais aussi pour créer du lien entre paires de même filière. Frédéric des Jardins d'Hugotin à Saint-Pierre-de-Manneville, précise d'ailleurs que « lorsqu'on est maraîcher, on est enfermé dehors. La participation à ces groupes permet de rompre l'isolement du métier ».
Les maraîchers ont choisi d'accueillir sur leur ferme et à tour de rôle, les membres du groupe. L'objectif est de visiter les fermes des uns et des autres pour découvrir et partager des techniques différentes. Aussi, une thématique technique est décidée collectivement en amont.
Pierrick Boulard de la ferme « Les légumes du P'tit Vattetot » à Vattetot-sous-Beaumont, a souhaité participer à ce projet puisqu' « en groupe, il y a plus d'idées, cela permet de confronter les points de vue et de discuter de choses auxquelles on n'aurait pas pensé seul. Toutes les idées sont démultipliées en collectif ! Si chaque maraîcher du groupe réalise chaque année des essais, les résultats et solutions concrètes sont démultipliés aussi. On gagne du temps ! ». Pierrick participe également à ces groupes d'échanges car « sur l'aspect technique ça permet d'aller plus loin et les échanges permettent de décloisonner sa façon de penser ».
Elisa et Antoine de la ferme des Deux Amants à Romilly-sur- Andelle, précisent « qu'en plus des échanges entre maraîchers, cela permet de bénéficier de l'appui technique de Bio en Normandie », levant ainsi les freins observés sur le terrain.
Pour Anne-Charlotte et Paul de la ferme des Deux Puits à Grigneuseville « ce partage de connaissances en collectif permet de progresser et de s'entraider en échangeant les bons plans et en se rendant service ».
Un mélange générationnel moteur pour le collectif
Clémence Louvard précise que « ces groupes permettent de réunir des maraîchers aux profils différents tant d'un point de vue des compétences et des pratiques que générationnels, ce qui fait la richesse des échanges et des apprentissages au sein des groupes ». Pour Pierrick des Légumes du P'tit Vattetot, « c'est enrichissant d'être avec des maraîchers et d'apprendre des autres à n'importe quel âge. Les plus jeunes sont souvent plein d'énergie et d'idées qu'ils veulent tester. Ils sont aussi plus au fait des dernières techniques. à l'inverse, les maraîchers plus expérimentés donnent des conseils et des solutions éprouvés aux plus jeunes. C'est un gain de temps énorme. Les groupes intergénérationnels nourrissent les échanges ».
L'émergence de nouveaux débouchés de commercialisation et de l'entraide
Elisa et Antoine de la ferme des Deux Amants expliquent que grâce à ces groupes, « cela permet de mettre en place une certaine entraide et solidarité entre producteurs d'un même secteur, de valoriser les surplus de récolte mais aussi d'identifier des bons plans pour la commercialisation, la technique et le matériel ». Paul et Anne- Charlotte de Beaupuis de la ferme des Deux Puits s'intéressent également via leur participation aux réunions « à de nouvelles pistes pour la commercialisation. On échange aussi des bons plans et des services ».
Le collectif pour avancer plus sereinement dans ses pratiques face au changement climatique
Pour Clémence Louvard, « le collectif est central pour faire face au changement climatique et accompagner les maraîchers face à ce défi de taille. Ça passe notamment par les essais mis en place dans les fermes. L'objectif est de trouver des solutions durables pour s'adapter ». Pierrick affirme que face à l'enjeu du climat, « le lien entre les membres du groupe est important car nous avons tous pour ambition de mettre en place collectivement une production alimentaire résiliente sur le territoire ». Paul et Anne-Charlotte « constatent déjà les conséquences du dérèglement climatique avec les différences de températures importantes et le dérèglement des saisons. On ne ferme plus les serres l'hiver par exemple ». Le collectif va permettre aux maraîchers de s'adapter plus rapidement aux aléas climatiques car ils bénéficieront de l'expériences des uns et des autres.
Perspectives croissantes
La dynamique collective en Seine-Maritime ne s'arrête pas là puisqu'un troisième groupe de maraîcher est en cours d'émergence. Le soutien de la région Normandie va aider à la structuration de ces groupes de maraîchers pour les aider à répondre aux différents enjeux du changement climatique (climat, eau, biodiversité et énergie) ainsi qu'à leurs objectifs de production.•
Avec le soutien de la région Normandie