Un “chien robot” pour faciliter le travail des éleveurs de volailles
Maïsadour et Evotech, start-up landaise, ont imaginé un “chien robot” autonome, conçu pour rentrer les volailles plein air au poulailler avant la nuit. Une innovation qui offre aux éleveurs gain de temps et amélioration du confort de travail.
Maïsadour et Evotech, start-up landaise, ont imaginé un “chien robot” autonome, conçu pour rentrer les volailles plein air au poulailler avant la nuit. Une innovation qui offre aux éleveurs gain de temps et amélioration du confort de travail.
On l’a découvert lors des Jeux olympiques de Paris, pour assister les forces de l’ordre lors d’opérations de déminage. Le chien robot autonome, imaginé par la start-up landaise Evotech, pourrait bien devenir le fidèle compagnon des éleveurs de volailles.
Une application à l’agriculture qui est née d’une rencontre. « Lors d’une soirée où je présentais mon innovation, une représentante de la coopérative Maïsadour est venue me voir, se remémore Anthony Gavend, fondateur d’Evotech : « on a une problématique avec les éleveurs de poules en liberté ». « Chaque soir, c’est 1 h 30, voire 2 heures à consacrer à faire rentrer les volailles au bercail, lui explique-t-elle. Alors, est-ce que ce chien, baptisé E-Doggy, « pourrait rentrer les poules tout seul ? » « C’est parti comme une boutade, mais avec un fond sérieux. J’étais immédiatement partant pour tester ! », répond alors l’entrepreneur.
En finir avec les astreintes
Ce premier test, il se fera chez Bernard Tauzia, éleveur de 15 000 volailles en Label rouge. Si ce dernier s’avère en général plutôt réticent à ce type de technologie, il se montre vite curieux de voir ce que cela peut donner. « Et si on pouvait venir lever cette lourde astreinte ? »
Moins de stress
Fait d’aluminium et de carbone, E-Doggy est truffé de capteurs et de caméras. Le soir venu, il sort de sa petite niche connectée. Il effectue un premier parcours, qui vise à gérer le nombre de poules qui ne sont pas rentrées. « Naturellement, les poules vont avoir tendance à se mettre à l’abri, mais il y a toujours des réticentes, surtout l’été, souligne Anthony Gavend. Sur des élevages de 20 000 ou 30 000 poules, on en a vite 2 000 ou 3 000 qui restent à l’extérieur. »
Comment allaient-elles réagir face à ce chien robot ? Elles n’ont absolument pas peur. Mais elles sont quand même dérangées suffisamment pour rentrer toutes seules dès que le chien vient les embêter.
Pour faire rentrer les récalcitrantes, entre en jeu une intelligence artificielle qu’Evotech est en train de finaliser. Le robot viendra recalculer sa trajectoire pour identifier les poules et les rabattre une par une, jusqu’à ce qu’il estime qu’il n’y en a plus. Il enverra une commande connectée pour fermer la trappe du bâtiment automatiquement et indiquer à l’éleveur le taux de réussite qu’il pense avoir fait. L’éleveur n’aura plus qu’à venir contrôler. Une opération qui prend cinq minutes, là où avant il fallait 1 h 30 auparavant. « L’objectif final, est que l’on élimine complètement la venue de l’éleveur, si le robot estime que son score est suffisant », ajoute le fondateur d’Evotech.
Après tous les tests effectués l’année dernière, on observe moins de stress avec les robots qu’avec les humains. De quoi rassurer les éleveurs.
Depuis le projet a été lancé. Il est cofinancé avec Maïsadour, et un plan de financement de la Région Nouvelle-
Aquitaine, avec l’objectif d’aider au maintien à l’élevage en liberté dans les Landes.
Rendre l’élevage en liberté attractif
Les Volailles Fermières des Landes, élevées en plein air et en totale liberté, pendant 81 jours minimum, sont, depuis 1965 la référence sur le marché des volailles fermières en France, premier Label rouge obtenu cette même année. Un modèle d’élevage qui au vu du contexte sociétal actuel, notamment sur les questions de bien-être animal, est vertueux, mais qui aux vues des contraintes qu’il engendre se heurte aux problèmes du renouvellement des générations. « Le chien est attendu comme une révolution pour beaucoup d’éleveurs ici, confit Anthony Gavend, car avec lui, c’est une capacité de transmission des exploitations. Il participe à rendre cette forme d’élevage plus attractive. Sur les 400 élevages adhérents à Maïsadour, 200 à 250 seraient ainsi équipables. Si on étend, cela représente plusieurs milliers d’élevages. »•
Repousser les prédateurs
E-Doggy pourrait se voir confier d’autres missions, comme celle de repousser les prédateurs. L’objectif d’en faire un robot effaroucheur qui puisse venir alerter l’éleveur en cas de détection d’intrus. Intrus au sens large : sangliers, renards, etc. au sol. Pour les prédateurs venus du ciel, l’entreprise réfléchit à faire des systèmes de leurrage. Et le dernier point : les vols. Le robot prévient l’éleveur d’une présence humaine sur l’exploitation. Grâce à des caméras et des capteurs alimentés par l’intelligence artificielle, le robot pourrait ainsi adapter son comportement à chaque situation. « Si on diminue le nombre de prédation, on rembourse très vite le robot (son coût devrait avoisiner les 8 000 euros). Nous continuons de travailler sur l’ajout de fonctions pour baisser au maximum la mortalité et augmenter le confort des animaux et pour essayer de rentabiliser au plus vite l’outil ».