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Méthanisation : un collectif à la hauteur des enjeux

Mise en service en juillet 2022, les premiers résultats de l’unité de méthanisation portée par un collectif d’agriculteurs ont été présentés en décembre. L’installation constitue une belle avancée dans le développement énergétique renouvelable du territoire et fait des émules avec son financement participatif.

La Métha des Bosquets se situe sur le plateau des Hauts Bosc, à Bosc-Édeline. Portée dès 2017 par un collectif de onze polyculteurs-éleveurs, l’unité de méthanisation produit actuellement 11 GWh de biométhane (version épurée du biogaz), assurant l’équivalent des besoins en énergie de 800 foyers par an. Ce biométhane, une fois traité, est injecté dans le réseau de gaz de Forges-les-Eaux, à environ 8 km au nord-est. Il est distribué par GRDF. « Ce projet a été avant tout pensé pour pérenniser nos activités agricoles d’élevage par des revenus complémentaires fixes et réguliers », précise Hubert Leseigneur, éleveur et président de la Cuma des Bosquet, à l’origine du projet. « Nos territoires ruraux s’engagent dans une démarche de transition écologique. En tant qu’agriculteurs, nous souhaitions y contribuer »
Le digesteur du méthaniseur est alimenté par 45 tonnes de fumier de bovins, 20 tonnes de pulpe de betteraves, 2-3 tonnes de maïs ensilage, des lisiers, des poussières de lin ainsi que des résidus de céréales et de colza. 
Au total l’unité traite 24 500 tonnes de matière par an. « L’objectif à l’avenir est encore de diminuer la part de maïs ensilage qui est actuellement de 7-8 % mais aussi de substituer la pulpe par d’autres biodéchets », ajoute Yves Trolet, retraité de GRDF, qui s’est lui aussi fortement impliqué dans l’opération. « Le projet est présent pour 40 ans, affirme-t-il. Il faut toutefois tenir et ce n’est possible que si on travaille bien. »

Avoir le moins d’impact environnemental

En amont de sa construction, « tout a été mis en œuvre pour minimiser son impact environnemental et conduire à son acceptation », souligne Hubert Leseigneur. Son emprise foncière a été réduite, notamment par le choix d’un méthaniseur “tank in tank”, un digesteur secondaire imbriqué dans le digesteur principal ; ce qui évite d’avoir deux dômes. Ce procédé permet aussi de limiter les pertes de chaleurs nécessaires au bon fonctionnement des bactéries (40 degrés). La collecte des fumiers, des lisiers et l’épandage ont également été pensés pour limiter les allers et venues des bennes chargées d’alimenter le site ; les circuits tiennent compte des horaires scolaires afin de ne pas déranger les riverains ; le réseau de gaz distribué par injection est à moins de 8 km et son tracé suit préférentiellement les abords des routes, des chemins et des canalisations existantes ; et, cerise sur le gâteau, des arbres vont être plantés cette année tout autour du site pour respecter les engagements d’intégration paysagers qui avaient été pris lors de son étude d’impact. 

Un projet collectif et participatif

Actuellement, le capital social de la SAS Métha des Bosquets est détenu majoritairement par les onze agriculteurs actifs apporteurs des fumiers et lisiers, mais il a été ouvert aux habitants des environs afin qu’ils s’impliquent dans le devenir du site. « C’est la clé d’une acceptabilité réussie », reconnaît Yves Trolet. Biogest, le constructeur de l’unité de méthanisation, est également rentré au capital ainsi qu’Energaïa, le fournisseur de l’unité d’épuration. « Ces partenaires ont apporté les compétences et l’expérience nécessaires pour assurer la conception, la construction et l’exploitation de l’unité de méthanisation dans les meilleures conditions possibles », assure Hubert Leseigneur.

Une production très réglementée

La construction a été menée tambour battant mais l’installation n’est pas encore en vitesse de croisière. La question de son approvisionnement en biodéchets est incessante et le collectif s’évertue à anticiper. Mais les unités de méthanisation relèvent des installations classées protection de l’environnement (ICPE) et sont donc très sévèrement réglementées. Elles ne peuvent incorporer certains biodéchets. Les tontes de pelouses en sont par exemple exclues car ce ne sont pas des déchets agricoles. « De même, les déchets de cantine des collèges environnants ne peuvent être incorporés que s’ils subissent un traitement d’hygiénisation, ce qui coûterait 2,5 millions d’euros d’investissement supplémentaires », souligne Hubert Leseigneur. Une société locale de production de gomme arabique pourrait quant à elle fournir des déchets de végétaux supplémentaires mais cela nécessiterait que le plan d’épandage passe de 1 800 hectares à 6 000 hectares...

Des projets à l’étude

L’augmentation du dimensionnement de l’unité de méthanisation a aussi été étudiée en rapport avec la capacité du réseau de gaz naturel de Forges-les-Eaux, qui est limitée à 138 Nm3/h. Toujours dans le souci de garantir à terme sa capacité de production en biométhane, le collectif d’agriculteurs travaille avec GRDF et Seine-Maritime Attractivité (SMA 76) sur l’étude de rentabilité d’une stations-service GNV et BioGNV. Enfin, une étude est également menée par l’école UniLaSalle de Mont-Saint-Aignan pour valoriser le CO2* qui part dans l’atmosphère à l’issue du process de méthanisation, en l’utilisant pour de la culture en serre. Les plantes alors cultivées rentreraient dans le méthaniseur. La boucle serait ainsi bouclée.•
 

* Lors de l’épuration du méthane, il faut retirer l’eau, le souffre ainsi que le dioxyde de carbone que le gaz contient avant l’injection dans le réseau.

 

En chiffres

• 2017 : début du projet
• 28 juillet 2022 : mise en service en injection dans le réseau
• 24 500 tonnes : matière traitée par an
• 11 GWh : la production actuelle, soit l’équivalent des besoins en énergie de 800 foyers 
• 15-16 GWh : objectif de production à horizon 2030
• 15 ans : durée du contrat de vente de gaz 
• 8,3 millions d’euros : le montant de l’investissement
• 1 million d’euros : l’aide de la Région Normandie
• 6-8 ans : retour sur investissement

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