À Longpré, SFP développe une filière locale pour l'oisellerie
Depuis trois ans, la station SFP (Semences fourragères de Picardie), à Longpré-les-Corps-Saints (Somme), a développé une petite filière de "semences exotiques", livrées à Novial et à destination de l'oisellerie. Une diversification bienvenue pour les filiales de Noriap comme pour les producteurs. Reportage.
Depuis trois ans, la station SFP (Semences fourragères de Picardie), à Longpré-les-Corps-Saints (Somme), a développé une petite filière de "semences exotiques", livrées à Novial et à destination de l'oisellerie. Une diversification bienvenue pour les filiales de Noriap comme pour les producteurs. Reportage.
Du tournesol strié, du millet, du sorgho, de l'avoine noire... En cette période automnale, les couleurs sont variées dans la cour de SFP (Semences fourragères de Picardie), à Longpré-les-Corps-Saints. Voilà trois ans que le pôle semences de Noriap a développé une petite filière "espèces exotiques", qui représente aujourd'hui une centaine d'hectares. " Les années pluvieuses 2023 et 2024 ont été difficiles pour les semences fourragères. Aujourd'hui, on retrouve des bons niveaux de rendement et du prix, mais le mal est fait. On est passé de 3 000 à 1 500 hectares. Alors on a mis en place cette diversification pour valoriser l'outil, le savoir-faire, et sortir du tout porte-graine ", présente Gabriel Henry, responsable activité de SFP.
Cette filière permet au groupe Noriap de travailler davantage en circuit court, puisque ces graines, une fois séchées et triées, sont livrées à l'usine de fabrication d'aliment Novial de Rousseloy (60), et seront valorisées dans l'oisellerie. " Il s'agit de graines spécifiques, que nous achetons en petite quantité, qui sont très peu produites dans notre région. SFP nous garantit un approvisionnement local, au moins en partie ", confie Léopold Caloone, acheteur matières premières chez Novial. Chaque année, un volume maximal est établi. "Si ce volume n'est pas atteint, on se débrouille pour compléter avec des achats extérieurs." Lui apprécie la qualité des produits de SFP. "Le cahier des charges impose un taux maximal de 2 % d'impuretés, qui est toujours respecté. "
Cette qualité est le fruit d'un travail qui débute dès la réception des graines. Ici, tout ce qui n'est pas de la céréale peut être réceptionné : lentilles, pois chiches, chia... " Nous sommes le couteau suisse de Noriap ", sourit Gabriel Henry. 70 % des espèces reçues sont séchées. Le séchoir est composé de deux lignes, qui permettent deux températures différentes, et donc le séchage de plusieurs espèces à la fois. Comptez la perte d'un point d'humidité par heure environ. " Aller chercher des échantillons pour vérifier si la norme est atteinte est un gros travail. Pour cela, cinq apprentis sont embauchés l'été. " Le triage, lui, s'effectue en général en deux passages, à une vitesse moyenne de 10 quintaux/heures. " Mais tout dépend de la taille de la graine et de sa densité. " Enfin, un échantillon de chaque lot trié passe sous l'œil expert d'Amandine, au laboratoire, pour analyse. Ce matin d'octobre, elle épiait la moindre trace de rumex, de folle avoine ou de cuscute dans un échantillon de semences de luzerne. Sa faculté germinative sera aussi validée.
Prix minimum garanti
Cette petite filière est une aubaine pour certains agriculteurs. " Nous avons défini un prix minimum garanti, qui offre une sécurité aux producteurs ", assure Gabriel Henry. Le prix peut être intéressant. Comptez environ 15 % de marge supplémentaire pour un tournesol strié, par rapport à un tournesol classique. À Blaincourt-lès- Précy, au sud de l'Oise, Philippe Budin cultive du millet et du sorgho, en plus des semences fourragères. Ces productions représentent 20 hectares, sur les 290. " La répartition dans le temps des charges de travail est un avantage. Avec des espèces variées, les périodes de semis et de récolte sont très étalées ", confie-t-il. La rentabilité est intéressante, grâce à l'optimisation des rotations. " Je sème par exemple des céréales immatures qui sont ensilées en mai, pour un méthaniseur. Derrière, j'y sème du sorgho, du millet ou du tournesol strié. La luzerne porte-graine, elle, est implantée sous couvert de triticale (Cive). Je récolte donc six cultures en trois ans. "
Un suivi technique
Côté technique, ces cultures sont " assez simples à produire ", assure Adrien Houssays, technicien SFP. Lui et son équipe assurent le suivi technique depuis la réception des semences jusqu'à la récolte, en passant par le conseil du réglage de la machine. Ces cultures comportent tout de même deux périodes sensibles, au semis et à la récolte. " Il faut que la météo soit avec nous. " Au semis, par exemple, le tournesol strié est sensible aux dégâts d'oiseaux, de limaces de gibier, de puceron... " Cela nécessite donc des bonnes conditions, pour une levée rapide. " Parmi les avantages, ces cultures nécessitent un type de sol assez séchant, " ce qui permet de valoriser ces terres ". Cette année, le temps relativement sec, mais avec quelques pluies régulières, a permis une bonne récolte.•
Objectif surfaces doublées en deux ans
À son apogée, la station SFP de Longpré-les-Corps-Saints recevait 3 000 hectares de semences fourragères à l'année. Après deux années compliquées en 2023 et 2024, les surfaces ont chuté. Mais elles devraient à nouveau remonter grâce à une extension de la zone géographique. " Une station de semences ferme dans la Sarthe. Nous nous développons donc dans la zone Grand Ouest (Sarthe, Orne, Calvados...), et proposons un débouché aux producteurs déjà en place. Nous avons pour objectif de doubler nos surfaces en deux ans ", annonce Gabriel Henry, responsable activité de SFP. Cette augmentation rapide des surfaces est permise grâce à la technicité que possèdent déjà les producteurs de semences fourragères. " Ils maîtrisent les cultures, ont le matériel nécessaire et les terres adaptées, qui sont moins concurrencées par les cultures indu strielles. "
Du circuit court jusqu'aux couverts d'interculture
SFP permet à Noriap de pousser le bouchon du circuit court jusqu'à la production des couverts d'interculture. " C'est le cas du Fixol, un couvert composé de 60 % d'avoine et de 40 % de vesce. Ces espèces sont cultivées pour la semence chez des adhérents, puis sont traitées à Longpré-les-Corps-Saints, et sont semées en interculture chez d'autres adhérents ", donne pour exemple Gabriel Henry, responsable activité de SFP. Lui porte le projet d'élaborer des mélanges plus élaborés, avec de nouvelles espèces.