La Sicamon en plein boom
Cours de la viande élevés, décapitalisation du cheptel bovin... Dans ce contexte, la Sicamon observe une hausse constante de ses ventes et mise sur les broutards.
Cours de la viande élevés, décapitalisation du cheptel bovin... Dans ce contexte, la Sicamon observe une hausse constante de ses ventes et mise sur les broutards.
En 2024, la Société d'intérêt collectif et agricole de Normandie (Sicamon) présentait des chiffres, sur l'exercice 2023, à la hausse par rapport aux années précédentes. Et ce, à tous points de vue : plus de bêtes, plus de vendeurs et d'acheteurs, plus d'investissements, etc. Il semblerait que pour l'année 2024 et le premier trimestre 2025, cette tendance se confirme avec un résultat autour de 40 000 €. "Ce n'est pas du bénéfice net. On recouvre encore les dus d'années passées plus compliquées", relativise l'organisation, qui reverse aux éleveurs à la retraite qui en demandent le remboursement, en 2025, 79 % de leur capital détenu à la Sicamon. "L'objectif, c'est de remonter à 100 %. Il fut un temps, nous étions descendus à 36 %", indique Nicolas Séchet, président de la Sicamon.
Un marché dynamique
"Nous avons passé la barre des 6 000 ventes de bovins (viande et maigres) et des 9 000 ventes d'ovins pour l'année 2024", s'exclame avec enthousiasme Nicolas Séchet. Le jeune exploitant de 32 ans se réjouit de "la progression constante de la structure d'année en année". Et si le constat est valable pour les trois sites de Soligny-la-Trappe (61), Lieurey (27) et Saint-Pierre-en-Auge (14), ce dernier connaît "une nette augmentation avec l'arrivée de beaucoup de nouveaux éleveurs, constate-t-il. On a dû renouveler nos apporteurs en allant chercher les jeunes installés." "Notre force, c'est le paiement comptant. Les bêtes sont ramassées et payées plus vite et il n'y a pas de retard sur la livraison au marchand", atteste Denys Lereverend, vice-président de la Sicamon. "C'est plus confortable pour la trésorerie pour un jeune qui débute", appuie Nicolas Séchet.
Décapitalisation bénéfique aux cours
"La hausse des prix de vente bénéficie à la hausse du marché, mais c'est encore plus visible au marché au cadran que dans la campagne", constate Nicolas Séchet. Comme tous les acteurs de la filière, la Sicamon fait face à la décapitalisation du cheptel bovin normand et français. Le nombre de vaches dans l'Union européenne affiche une baisse annuelle de 3 % fin 2024, d'après l'Idele. "Plus l'effectif baisse, plus le nombre de bêtes présentées augmente a contrario", observe la Sicamon, dont l'activité est "confortée. Notre système a encore plus sa place qu'avant par rapport aux cours de la viande. Le regroupement des animaux crée plus de mises en concurrence", dit-il.
"La rareté des animaux crée le manque. Il y a plus de demande que d'offre", note-t-il.
En quatre mois, "on a gagné 1 €/kg de carcasse. Mais le plus gros boom, c'est sur les broutards et le maigre qui représente aujourd'hui 70 % de nos apports. Le contexte tire les broutards vers le haut avec un passage des prix mâles de 4 €/kg carcasse en 2024 à 5,50 €/kg carcasse en 2025. Pour les femelles, c'est passé de 3,50 €/kg carcasse à 4,50 €/kg carcasse en un an", relève-t-il. Parmi les clients de la Sicamon, il compte des engraisseurs locaux et des coopératives telles qu'Agrial, Prénor et Terrena. "Le marché rémunère le fait d'alourdir ses bêtes. La marge sur la valeur ajoutée est nettement plus intéressante pour le naisseur, bien que réduite pour l'engraisseur", ajoute-t-il.
Investir
La Sicamon n'entend pas se reposer sur ses lauriers et elle continue d'investir avec ses propres fonds. "Nous sommes en auto-financement à 100 %, à défaut de recevoir des aides de la Région, auprès de laquelle nos demandes ont été déboutées, ou du soutien de la part des collectivités", déplore Nicolas Séchet. Pour 2025, entre 25 000 et 30 000 € seront ainsi déboursés pour refaire la couverture du toit du bâtiment de Lieurey. "En 2024, nous avons acheté des tapis pour les parcs des trois sites pour l'accueil des broutards fragiles", remarque-t-il. Tandis qu'en 2022 et 2023, ce sont les cadrans numériques de Soligny-la-Trappe et de Saint-Pierre-en-Auge qui ont été modernisés et passés à l'ère digitale.
Le détail sera discuté en assemblée générale le 4 septembre à la salle des fêtes de Notre-Dame-de-Courson. En attendant, la plus grosse période de l'année se profile pour la vingtaine de salariés de la Sicamon : les marchés de moutons en prévision de la fête de l'Aïd les 6, 7 et 8 juin reviennent. Rendez-vous les 3 (Soligny) et 4 juin (Lieurey). La réception s'effectue de 8 h 30 à 10 heures, vente à partir de 10 h 30.•
Les règles changent
Depuis le 1er janvier 2025, la Sicamon demande aux éleveurs d'avertir de leur venue et d'annoncer leurs animaux au moins 24 heures à l'avance. Pour les ventes du lundi à Saint-Pierre-en-Auge, il faut appeler le vendredi. Le lundi matin est trop juste. "Il nous faut nous organiser et si l'on veut attirer les marchands, plus il y a de bêtes, mieux c'est", relève Nicolas Séchet. Si cette condition n'est pas respectée, la Sicamon ne pourra pas procéder au paiement comptant, mais à un versement sous 15 jours.
Témoignage
Pour Marc-Antoine Hays, polyculteur-éleveur dans le secteur de Livarot qui compte une cinquantaine de vaches allaitantes de race charolaise, le marché au cadran est une solution "plus simple. On appelle pour présenter les animaux et on repart avec notre chèque aussitôt". Il vend principalement ses bovins "au printemps. J'amène par exemple mes bêtes d'engraissement qui profitent de l'herbe du printemps. Ça me permet d'engraisser jusqu'à la dernière heure presque. C'est pas mal pour l'organisation, on fait ce qu'on veut (ou presque)". Outre ces aspects, la sortie au marché au cadran lui "permet de voir d'autres gens, sinon on est enfermé dans notre ferme", décrit-il.