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Grêle : de nombreuses exploitations mises à mal

Maraîchers, patatiers, liniculteurs, betteraviers..., de nombreux exploitants de la région du Havre et à l'est de Rouen ont été touchés par les intempéries qui ont sévi le vendredi 13 juin. Témoignages.

En quelques minutes des grêlons ont impacté cultures, bâtiments, habitations. Les dégâts sont conséquents et certains exploitants connaissent un très lourd préjudice dans leurs champs. À l'image de François Cadiou, 43 ans, installé depuis 2010 avec sa femme Jessica sur 150 ha de grandes cultures à Cauville-sur-Mer. Le couple cultive lin, blé, plants de pomme de terre et betteraves sucrières. « D'aussi loin que ma grand-mère et mon oncle qui a travaillé sur la ferme se souviennent, on a jamais vu cela ici. On a vu l'orage arriver, le ciel s'est noirci, il faisait nuit totale, puis j'ai eu 40 millimètres de grêle en 5 minutes. »

De lourdes pertes

Une bonne partie de son parcellaire (130 ha) est groupée autour de sa ferme et c'est celle-ci qui a été particulièrement touchée, alors qu'à 300 m, sur son autre îlot, les cultures sont peu abîmées. Là, montre-t-il devant sa ferme, ce n'est que désolation à perte de vue sur ses rangs de pommes de terre. « 70 % de mes plants ont été touchés, raconte l'agriculteur. J'ai quatre variétés, toutes ont été déchiquetées alors qu'elles étaient bien avancées. Pour le lin, j'ai un peu plus de chance que mes collèges d'Octeville-sur-Mer. Tout a versé, mais ils sont moins déchiquetés. Ce sont des lins qui étaient défleuris. On a à peu près 20 % de perte. » « En céréales, les pertes sont de 50 %. En betteraves, c'est assez difficile à dire. Selon le climat des jours à venir, ça devrait repartir. Toutefois, je vais encore avoir des fongicides à appliquer pour éviter la virose. Ça va donc engendrer des coûts supplémentaires qui se verront financièrement dans 6 mois-1 an. »

Nul doute que le chiffrage des dégâts devrait peser lourd sur les comptes de l'entreprise, la moitié de son chiffre d'affaires vient des plants de pomme de terre. « Je n'étais pas du tout assuré, reconnaît l'exploitant. Les assurances, surtout en lin et plants de pomme de terre, sont excessivement chères. Et puis j'ai une expérience un peu douloureuse avec les assureurs. J'ai connu il y a 10 ans deux années de sécheresse qui ont donné lieu à indemnisation, mais la 3e année l'assureur n'a plus voulu de nous. »

Des maraîchers à terre

À quelques encablures, Hugo Martin est à la tête de la Cueillette d'Octeville depuis 2010. « Comme de nombreux maraîchers de cette zone du Havre, nous sommes très touchés. Nous avons une cueillette en libre-service et un magasin à la ferme pour ceux qui ne veulent pas cueillir. Nous sommes multilégumes. On fait 70 articles en production : fruits, fleurs, légumes. Tous nos légumes feuilles ont été détruits et hachés tandis que nos légumes racines ont été moins touchés. Sous les serres, il n'y a pas eu de dégâts. En revanche, les bâches ont été marquées par les grêlons ». « Notre verger de pommes à couteau a également été détruit. C'est une grosse perte financière. Je pense que j'ai perdu entre 70 et 80 000 euros. »

Côté commercialisation, « nous étions en période de récolte de fraises. On a essayé de réagir assez vite. On a fait des prix solidarité pour les clients, pour qu'ils viennent cueillir le plus possible avant que les légumes et les fruits ne pourrissent. Ça a plutôt bien fonctionné, les gens ont joué le jeu. On a la chance d'avoir un gros réseau d'abonnés sur les réseaux sociaux, la solidarité a bien fonctionné ».

« Nous ne sommes pas assurés, assume le maraîcher. Ce matin, on a recommandé du plant pour gagner un peu de temps, parce qu'on peut toujours ressemer de la courgette et des choses comme ça, mais il va falloir du temps avant qu'elle lève et qu'elle produise. Économiquement, je ne sais pas comment je vais faire, d'autant que j'ai un salarié ».

Recensement en cours

Justin Lemaitre, secrétaire général de JA 76, et Charles Vimbert, président du SEA Pointe de Caux pour la FNSEA 76, ont d'ores et déjà procédé à un recensement d'une quarantaine d'agriculteurs impactés. Des techniciens de la Chambre et du Comité Nord Plants ont procédé à des comptages dans diverses exploitations mais il est encore trop tôt pour estimer les pertes réelles de rendement. « Nous n'avons pas la culture assurantielle ici, explique Charles Vimbert. Nous ne sommes pas dans les couloirs de grêle, nous avons des assolements diversifiés, ou des systèmes de polyculture-élevage, qui nous laissent à penser que nos trésoreries diversifiées nous permettront de passer ces aléas climatiques. C'est certainement une erreur ».

Une réunion d'information devrait être organisée mercredi prochain et à laquelle sera associée l'administration. Détail à venir.•

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