Combien coûte vraiment un cheval sur 10 000 heures ?
Au-delà du prix d’achat d’un tracteur, combien coûte chaque cheval au fil des heures ? Autrement dit, quel est le coût total de possession (TCO – Total Cost of Ownership) d’un tracteur sur 10 000 heures de fonctionnement ? Cette approche globale, utilisée par les Chambres d’agriculture, les Cuma et les ETA, permet de mieux comparer les modèles, d’anticiper les remplacements et d’évaluer la rentabilité.
Au-delà du prix d’achat d’un tracteur, combien coûte chaque cheval au fil des heures ? Autrement dit, quel est le coût total de possession (TCO – Total Cost of Ownership) d’un tracteur sur 10 000 heures de fonctionnement ? Cette approche globale, utilisée par les Chambres d’agriculture, les Cuma et les ETA, permet de mieux comparer les modèles, d’anticiper les remplacements et d’évaluer la rentabilité.
Sur 10 000 heures, on estime qu’un tracteur de 150 chevaux coûte près de 400 000 € à son propriétaire, soit presque trois fois son prix d’achat initial. La moitié de ce coût part dans le carburant, un tiers dans la décote, et le reste en entretien et consommables. Comprendre ce coût complet du cheval permet de raisonner ses choix : mieux calibrer la puissance à ses besoins, éviter le suréquipement, mutualiser l’investissement (Cuma, ETA, copropriété), et planifier le renouvellement avant que les réparations ne grèvent le budget. Un tracteur ne se juge donc pas seulement à ses chevaux… mais à ce qu’ils coûtent sur la durée. Pour l’estimer, il est intéressant de calculer son coût total de possession (TCO – Total cost of ownership), soit la somme totale qu’a dû dépenser le propriétaire du tracteur au cours du cycle de sa vie.
Le premier poste de dépense est le prix d’achat du tracteur, et sa décote. Il représente souvent 40 à 50 % du coût total du tracteur sur sa durée de vie. Prenons un tracteur de 150 chevaux acheté neuf, autour de 150 000 € TTC. Après 10 000 heures (soit environ 10 à 12 ans d’usage intensif), sa valeur résiduelle se situe en moyenne entre 20 000 et 30 000 €, selon l’état, la marque et le soin apporté à l’entretien. La décote totale est comprise entre 120 000 et 130 000 €, soit 12 à 13 €/h. Les constructeurs à forte valeur de revente (John Deere, Fendt, Claas, Deutz-Fahr, etc.) peuvent offrir une meilleure stabilité de valeur, surtout si le suivi d’entretien est complet et documenté. À l’inverse, une usure prématurée (embrayage, pont avant, hydraulique) fait chuter la cote rapidement.
Carburant : le coût qui grimpe avec les heures
Le gasoil non routier (GNR) reste le premier poste variable. Un tracteur de 150 chevaux consomme en moyenne 12 à 18 l/h selon le type de travail (transport, labour, herse rotative, prise de force). Avec un GNR autour de 1,10 €/l (octobre 2025), cela représente 13 à 20 €/h de carburant. Sur 10 000 heures, cela équivaut à 130 000 à 200 000 €, soit autant que le prix d’achat initial. Autrement dit, le plein finit par coûter plus cher que le tracteur lui-même. Les écarts de consommation entre modèles sont notables. Selon des essais de la Chambre d’agriculture du Grand Est, deux tracteurs de même puissance peuvent différer de 2 l/h à tâche égale, soit plus de 20 000 € d’écart sur 10 000 heures.
Les réparations, charge croissante
Les frais d’entretien suivent une courbe ascendante. Sur les 3 000 premières heures, il s’agit essentiellement des vidanges, filtres, contrôles et petites pièces : environ 3 à 4 €/h. Au-delà de 5 000 heures, les réparations plus lourdes apparaissent : pneus, freins, embrayage, injecteurs, alternateur, voire boîte ou pont avant. Les coûts montent alors à 6 à 10 €/h. Les Chambres d’agriculture estiment le coût moyen d’entretien d’un tracteur à 7 €/h sur 10 000 heures, soit 70 000 € au total. En entretien seul, chaque cheval coûte environ 4,50 €/h pour un tracteur de 150 chevaux. Le coût des pneus est aussi souvent sous-estimé. Un jeu complet de pneus radiaux de qualité pour un tracteur de 150 chevaux coûte entre 6 000 et 8 000 €. Sur 10 000 heures, il faut généralement deux à trois jeux selon le type d’utilisation (transport, route, sol abrasif). Le poste s’élève donc à 15 000 ou 20 000 €, soit 1,5 à 2 €/h. Le bon gonflage, l’alternance des montes et la limitation du roulage routier permettent de prolonger leur durée de vie.
Ajoutez l’assurance (responsabilité civile + dommages matériels + incendie/vol), qui varie de 1 000 à 1 500 €/an selon la compagnie et le niveau de couverture. Sur dix ans, cela représente 10 000 à 15 000 €, soit 1 à 1,50 €/h. Enfin, ajoutez quelques centaines d’euros pour les contrôles périodiques, les vignettes et les frais divers… En synthèse (cf. tableau), on peut estimer que chaque cheval revient à environ 0,26 €/h, soit 2 600 € par cheval sur 10 000 heures.•
Sources : Barème d’entr’aide de la FDSEA80, Agroscope, FRCuma. Chiffres approximatifs.
Variables selon l’usage et la gestion
En Cuma ou en ETA, les coûts fixes sont mieux amortis grâce à un taux d’utilisation élevé (plus de 1 000 h/an). Le coût horaire peut alors descendre à 30 €/h. Un entretien rigoureux et des régimes adaptés, tournant dans sa plage de couple optimal, peuvent aussi permettre d’économiser 10 % de carburant et prolonger la durée de vie de 1 000 à 1 500 heures. Pour une exploitation individuelle, en revanche, un tracteur sous-utilisé (400 h/an) voit son coût horaire grimper à 50–55 €/h, faute de dilution des coûts fixes.