Aidsa : la solution intérimaire pour répondre à un besoin de main-d’œuvre
Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion, l’Aidsa, installée à Bois-Guillaume, met à disposition auprès des chefs d’exploitation du personnel salarié pour faire face au manque de main-d’œuvre. Rencontre avec des exploitants qui ont recours à ses services et les témoignages de salariés intérimaires.
Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion, l’Aidsa, installée à Bois-Guillaume, met à disposition auprès des chefs d’exploitation du personnel salarié pour faire face au manque de main-d’œuvre. Rencontre avec des exploitants qui ont recours à ses services et les témoignages de salariés intérimaires.
L’accès à la main-d’œuvre est un enjeu majeur pour les employeurs du secteur agricole qui connaissent des problèmes de recrutements récurrents. Pour y faire face, des solutions existent et l’intérim est l’une d’elles.
En Seine-Maritime et dans l’Eure, les chefs d’exploitation font appel à l’Aidsa, Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion (ETTI) dans le domaine agricole et les espaces verts créée en 1992 et qui, depuis, s’est forgée auprès d’eux une belle expérience.
Une relation tripartite
Que ce soit dans l’agriculture, les jardins-espaces verts ou les travaux publics, l’Aidsa intervient « pour remplacer un ou une salariée malade, lorsqu’arrive une surcharge de travail de dernière minute ou pour répondre par exemple à un nouveau chantier agricole qui s’ouvre », relate Julie Lavisse, directrice de l’Aidsa. « Le chef d’entreprise nous missionne pour ce recrutement qui s’inscrit dès lors dans une relation tripartite entre nous, employeur, l’intérimaire (le salarié) et l’entreprise utilisatrice (le chef d’exploitation) dans le cadre d’un contrat de mission temporaire (voir encadré sur la gestion des offres d’emploi). »
Quels avantages pour le chef d’entreprise ?
« Nous accompagnons le chef d’exploitation comme le salarié intérimaire tout au long de la mission en nous occupant par exemple des formalités administratives, du suivi des contrats de travail, du paiement des salaires... tout ce qui concourt à faciliter sa prise de poste en somme ».
« Nous intervenons sur tous types d’exploitation, ajoute-t-elle. Élevages bovins lait, bovins allaitants, fermes maraîchères, arboriculture, pépinières, grandes cultures, mais aussi transformation, vente à la ferme... ». « Nous avons plusieurs permanences en Seine-Maritime comme dans l’Eure afin que nos conseillers soient au plus près des chefs d’exploitation et de leurs réels besoins sur le terrain ».
« Nos contrats d’intérim vont de quelques semaines à quelques mois en fonction des besoins », explique la directrice.
Quels avantages pour l’intérimaire ?
« Il en va de même du côté de l’accompagnement que nous apportons à nos intérimaires et qui peut aller jusqu’à deux ans, souligne Julie Lavisse. Entretien individuel, rendez-vous réguliers avec un référent Aidsa, aide à la recherche d’un emploi temporaire, de longue durée voire une création d’entreprise ».
« Nos intérimaires viennent de tous horizons, avec des profils divers et variés. Nous sommes avant tout un tremplin, une passerelle vers l’emploi », insiste Julie Lavisse, directrice de l’Aidsa. « Nous avons des personnes qui viennent à nous parce qu’elles veulent se reconvertir, opter pour un travail en pleine nature, se faire une expérience voire même s’exercer à un métier dont elles rêvent depuis longtemps sans jamais avoir osé franchir le pas. Ce changement-là va quelquefois nécessiter une formation. Là aussi nous les accompagnons pour qu’elles se forment, acquièrent une qualification. De ce fait nous sommes en lien avec tous les organismes de formation du département (MFR, lycées agricoles, etc.) pour qu’elles construisent au mieux leur parcours et se réalisent. Plus encore, si les personnes ont besoin d’une petite compétence supplémentaire pour remplir les conditions d’un emploi et que cela nécessite une formation courte – un Caces, un Certiphyto, un permis tronçonneuse par exemple –, nous disposons d’un budget pour ce faire ». •
Témoignages
Cécile Vasselin, salariée en charge de l’atelier bovins lait sur l’exploitation de son mari, polyculteur-éleveur.
« Nous avons besoin avant tout de travailler dans la confiance. »
Hubert Vasselin, 54 ans, est polyculteur-éleveur (EARL de la Preuse à Sainte-Agathe-d’Aliermont). Sa femme, Cécile, 48 ans, salariée en charge de l’atelier bovins lait, l’aide au recrutement. Elle témoigne de l’embauche de leur dernier intérimaire pour l’atelier laitier. La ferme a une SAU de 200 ha (110 ha de blé et d’orge en cultures de vente, 32 ha de maïs, 3 ha de betteraves fourragères, 11 ha de luzerne et 35 ha de pâtures) avec une moyenne de 73 vaches laitières à traire de race prim’holstein pour l’essentiel.
« Nous connaissons cette association d’intérim depuis une quinzaine d’années. Nous avons longtemps eu quelqu’un de l’Aidsa pour me remplacer lorsque nous prenions des congés ou durant les week-ends. Mais il y a cinq ans, notre intérimaire est malheureusement tombée malade et a changé de métier. Nous avons ensuite galéré pendant cinq ans pour retrouver quelqu’un de compétent et de toute confiance. Laisser sa ferme n’est jamais anodin, il faut que nous soyons sereins pour laisser nos animaux et notre outil de travail à quelqu’un d’autre. Heureusement, il y a quelques semaines, l’Aidsa nous a mis en contact avec Doris. Il a commencé le 29 décembre et intervient tel ou tel jour selon les besoins de la ferme. J’ai tout de suite vu qu’il savait faire. C’était pour lui une nouvelle salle de traite mais cela ne lui a posé aucun problème. Il a pris des notes et je n’ai eu qu’à lui noter les rations alimentaires un peu partout sur l’exploitation pour qu’à vue d’œil il puisse bien travailler comme il me l’a demandé. Très contents, nous l’avons d’ailleurs augmenté. »
« Notre lait est collecté par Danone. Il faut être très rigoureux dans la gestion du troupeau et la collecte qui part au tank. Par exemple, le lait des vaches qui sont sous antibiotiques doit être soigneusement écarté via un double circuit pour ne pas venir contaminer l’ensemble. Il faut aussi avoir un intérêt marqué pour ce type d’animaux, avoir un tempérament calme et attentionné car les vaches le ressentent et la traite est plus facile et d’une quantité plus importante. »
« Mon mari est à quelques années de la retraite et nous ne voulions plus d’engagement comme il y a avec un contrat de travail classique. Le contrat intérimaire nous convient parfaitement. C’est souple dans son utilisation et nous sommes déchargés des contraintes administratives. Mon mari n’a qu’à signer la feuille de présence qui récapitule les heures passées par mission. Au final il n’y a qu’une facture à régler qui passe dans les charges. Et puis l’État nous “offre” également un crédit d’impôt de 14 jours par an de remplacement du chef d’exploitation ».
Doris Denis, 40 ans. Salarié intérimaire en élevage laitier qui, dans le passé, a déjà effectué plusieurs missions en intérim agricole avec l’Aidsa.
« La passion l’emporte sur le gain. »
« Je suis chargé de nourrir les animaux, de traire les vaches, de leur apporter les traitements et les soins nécessaires (vaccins, antibiotiques, etc.), de vérifier qu’elles sont en forme et que les vêlages se passent bien, sans quoi je peux intervenir avant l’arrivée éventuelle du vétérinaire. J’effectue le nettoyage de la salle de traite qui comporte 10 postes (2 X 5) avec un décrochage automatique et un chien électrique. Je suis amené à conduire les engins agricoles nécessaires au déplacement des aliments, des pailles et des fourrages. »
« Initialement, j’ai suivi une formation agricole, un BEPA. J’ai ensuite effectué plusieurs contrats dans des fermes, puis je suis devenu responsable de troupeau au lycée agricole d’Yvetot pendant plusieurs années. J’ai toujours aimé l’univers de la ferme et les vaches, et il était très important pour moi de continuer à exercer un métier qui me permette de m’en occuper. Aujourd’hui j’officie également dans une autre ferme et j’ai un emploi salarié classique sur la chaîne d’abattage de chez Bigard à Cormery (Oise). Le fait d’être aujourd’hui en intérim pour compléter mon revenu me va très bien et correspond aujourd’hui à mes attentes de vie. D’autant que je choisis les exploitations dans lesquelles je me sens bien ».
Stéphane Savalle, 59 ans, est éleveur porcin (SCEA du Feugres à Beuzevillette). Installé depuis 1996, il est à la tête d’un cheptel de 250 truies en atelier naisseur-engraisseur et 120 ha de SAU. Il emploie deux salariés pour l’élevage de porcs, un apprenti de l’institut Saint-Éloi de Bapaume, et des stagiaires de la MFR de la Cerlangue. Un salarié en groupement d’employeurs avec la Cuma de la Voie romaine se charge des travaux de plaine et de la maintenance dans l’élevage. Stéphane Savalle est membre de la Cooperl depuis 2008.
« Avoir recours à l’intérim n’est jamais une charge, c’est un investissement. »
« J’ai toujours utilisé les services de l’Aidsa. Dernièrement j’avais besoin d’un porcher pour l’ouverture d’un chantier sur un temps court. L’Aidsa m’a fait rencontrer Nicolas Trohay. Il avait un background en élevage porcin et l’envie de bien faire. Je l’ai donc embauché en intérim en janvier 2022. Très content de lui, j’ai transformé son poste en CDD deux mois plus tard puis très rapidement en CDI. Il est aujourd’hui responsable engraissement. C’est mon n° 2. Pour bien appréhender son poste, il suit aujourd’hui un gros cursus de formation en interne organisé par la coopérative Cooperl à laquelle j’adhère, en visio, deux fois par mois, sur la conduite d’une maternité, ou la biosécurité par exemple. »
« L’équipe de l’Aidsa est réactive, sympa et arrangeante, avec des procédures simples. Et puis elle est dans le métier, elle connaît nos contraintes, nos attentes et elle a un réseau. Sans compter que l’Aidsa est à nous, employeurs et salariés, c’est la filière. J’essaie d’ailleurs de mettre en lien l’Aidsa avec notre coopérative et l’interprofession pour qu’elle nous aide sur l’employabilité de certaines populations ».
Nicolas Trohay, porcher intérimaire puis en CDI aujourd’hui.
« L’intérim permet d’apprendre rapidement. »
« Je cherchais avant tout un emploi en élevage porcin après un premier CDI dans le porc, puis un contrat d’agent de remplacement en vaches laitières, et un CDD de deux ans en vaches allaitantes et cultures. Je me suis donc rapproché de l’Aidsa que je connaissais de nom et de réputation. L’Aidsa est bien plus qualifiée que Pôle Emploi pour proposer des postes dans l’agriculture. L’équipe connaît les besoins des agriculteurs, mais aussi le vocabulaire qui a trait aux différents métiers agricoles. Il est alors rare de se tromper sur l’emploi proposé ».
Propos recueillis par Laurence Augereau