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UniLaSalle souhaite embarquer tout le monde dans la transition environnementale

À l'occasion des dix ans de la chaire Management des risques en agriculture (MRA), UniLaSalle et Groupama Paris Val de Loire ont organisé une table ronde thématique sur le changement climatique.

L'activité humaine a conduit à dépasser les limites planétaires. Tel est le constat - qui ne surprendra plus personne - qu'entend rappeler Christian Huyghe, ex-directeur scientifique agriculture et chargé de mission à l'Inrae, en introduction de son intervention. "Des limites dépassées signifient qu'il y a un déséquilibre. Les aléas n'en deviennent que plus imprévisibles encore." Il est toutefois possible de dire que la hausse des températures mondiales est particulièrement prégnante dans l'hémisphère nord et dans l'Arctique tandis que les précipitations vont augmenter dans les latitudes élevées, dans les tropiques et les zones à mousson. "Le changement climatique va nous contraindre à produire des choses complètement différentes de ce qui est cultivé aujourd'hui."

Priorité donnée au "care"

Selon le climatologue, d'ici 2060, la production de noisettes, caractéristique de la côte nord de la Turquie, sera possible dans la Somme tandis que le climat du département de l'Indre-et-Loire deviendra propice à la culture d'oliviers. "Les productions actuelles vont aller en diminuant, ce qui pose question au regard du dogme de la souveraineté alimentaire dont on fait aujourd'hui grand cas." Et sans parler de la qualité des produits récoltés. Non plus de l'augmentation des risques sanitaires (des maladies et des insectes émergent à la faveur du changement climatique et se répandent grâce aux échanges mondiaux). Surtout, la limitation des ressources entraînera une augmentation du coût des intrants que sont les engrais et l'eau.

"La seule inconnue est l'évolution de la demande alimentaire, poursuit Christian Huyghe. La démographie est ce qui met le système en tension : il y a une nécessité à assurer l'alimentation humaine. On peut seulement être sûr que l'urbanisation va se poursuivre."

Alors que faire ? "Induire une transition nécessite de construire des narratifs : l'adhésion passera par un récit positif et par une priorité donnée au care, c'est-à-dire une volonté d'embarquer tout le monde." Le travail de recherche est essentiel, mais les innovations à soutenir sont celles qui sauront être disruptives. "La plupart des innovations d'aujourd'hui sont de nature incrémentale. Elles visent à l'auto-renforcement du régime dominant."

Reste, selon le chercheur, à modifier le "paysage socio- technique" : "En matière de politiques publiques climatiques, l'optimisme n'est pas de mise. La Pac est totalement silencieuse sur l'adaptation au changement climatique. Les Accords de Paris prennent l'eau et que dire des États-Unis et du Green Deal européen. En France, on assiste à un recul des énergies renouvelables et au renforcement des autorisations sur les réserves de substitution. L'inaction aura pourtant un coût et il sera plus élevé que celui de la transition."

Faire bouger les lignes

"Le monde agricole est plutôt conservateur. C'est compliqué de gérer le regard des autres quand on se plante, mais on va disparaître si on ne change pas au niveau de nos exploitations. Celles-ci se retrouvent de plus en plus à risque en raison du climat et du contexte géopolitique", analyse Christophe Buisset, agriculteur dans la Somme et vice-président de la caisse régionale Groupama Paris Val de Loire, qui dit avoir repensé son assolement, notamment par l'introduction de nouvelles cultures comme l'ail. Même son de cloche chez Julien Roy, directeur stratégie, développement et RSE chez Malteurop (groupe Vivescia), qui invite à "penser le changement plutôt qu'à changer le pansement" : "La transition ne pourra se faire sans accompagnement agronomique. Un des principaux freins au changement est l'hétérogénéité des niveaux de maîtrise technique." Avec son programme "Transition", le groupe coopératif accompagne les agriculteurs vers des pratiques agricoles bas carbone, plus résilientes, favorables aux sols et à la biodiversité. Pour réussir, le programme est fondé sur la formation des exploitants engagés, un accompagnement technique sur mesure et leur soutien économique.

Autant de soutiens qui visent à rassurer l'agriculteur prêt à s'engager. D'après une enquête réalisée par la chaire Management des risques en agriculture, la plupart des agriculteurs aiment le risque, mais pas l'ambiguïté. "C'est-à-dire qu'ils acceptent l'idée de gain ou de perte en entreprenant ou innovant mais ils veulent des prévisions. Ils veulent savoir dans quoi ils s'engagent", explique Marie-Rose Randriamarolo-Malavaux, chargée de recherche au sein de la chaire MRA. "Ceux qui sont prêts à aller dans l'inconnu et à produire des références sont rares mais ce sont eux qui initient le changement".

La solution ? Donner à voir ce qui a été fait à ceux qui sont prêts à prendre un risque et qui ont besoin de références. "Ceux-là entraîneront ensuite les plus craintifs. La transition se fait par vague."•

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