Une grande figure du monde agricole disparaît.
Ardent défenseur de l'agriculture, et agriculteur lui-même, Robert Drouet s'engagea toute sa vie au service du syndicalisme et du mutualisme.
Il s'est éteint soudainement lundi 14 juin à l'âge de 77 ans.
Il participa aux travaux sur les accords de fermage.
Le premier contact de Robert Drouet avec les organisations agricoles a commencé au Cercle départemental des jeunes agriculteurs. Sa vivacité d'esprit et sa simplicité chaleureuse feront
rapidement de lui un responsable départemental.
En 1972, il succède à Bernard Payen à la présidence du CDJA. En 1979, il rejoint le syndicalisme aîné pour devenir le président cantonal de Fauville-en- Caux puis administrateur et membre du bureau de l'Union syndicale agricole dont il devint le président en 1985, à la suite de Michel Ledru. Pas facile de succéder à Michel Ledru qui mena de grands combats syndicaux mais Robert Drouet su rester lui-même et imposer son style. « Simple et direct, sachant écouter mais aussi convaincre, la justesse de ses analyses et ses qualités de fin diplomate vont faire de lui un chef de file incontesté d'une particulière popularité », souligne Daniel Cadet, ancien directeur de l'Union syndicale agricole.
« Nous avions une conception très proche de notre métier, de la place des hommes et des femmes et de l'évolution de l'agriculture », évoque avec émotion Michel Ledru. « Nous nous sommes suivis sur les mêmes parcours dans le syndicalisme. Cela nous a conduit à une grande amitié. Etant Brayon et lui Cauchois, nous avions l'habitude de nous taquiner sur l'expression de nos différences », se rappelle-t-il. Et de saluer le rôle essentiel de Martine, l'épouse de Robert qui faisait marcher l'exploitation lorsque celui-ci devait s'absenter pour ses engagements. « C'était un syndicaliste chevronné, un bosseur et un tribun hors du commun », évoque Philippe Dion, maire de Pommereux, qui lui succéda en 1994 à la tête de l'Union syndicale agricole. « Il avait une vue d'ensemble sur les grands dossiers. Il fut l'un des premiers à prendre conscience de l'emprise sur les terres agricoles ».
PAS DE PAYS SANS PAYSANS
La question du foncier, un sujet qui tenait à coeur de Robert Drouet. Lors de sa dernière assemblée générale à la présidence de l'Union syndicale agricole le 24 juin 1994 au parc des expositions de Rouen, Robert Drouet clamait : « Il faut définir le rôle et la place de l'agriculture dans l'aménagement du territoire et tout d'abord revenir à un juste équilibre ville-campagne. Améliorer les voies de communication pour irriguer le territoire, développer l'habitat locatif en milieu rural et ensuite seulement on pourra développer l'artisanat, le commerce, les PME et alors l'agriculture retrouvera sa place dans un maillage équilibré du territoire. L'agriculture demeure la colonne vertébrale de l'aménagement. Car on peut toujours occuper le territoire, mais on n'aménage le territoire qu'avec des hommes et des femmes : « pas de pays sans paysan ». En 1983, il prendra la tête de l'association départementale pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles (Adasea) puis 7 ans plus tard, en 1990, il deviendra vice-président de la Safer et président du comité technique de Seine-Maritime. De 2014 à 2020, il fut président de la section des propriétaires de la FNSEA 76. Il travailla à l'élaboration des nouveaux accords de fermage. « Avec Robert nous avions toujours des discussions constructives, il appréciait les échanges de points de vue. Il n'avait pas oublié qu'il avait été fermier lui aussi », se remémore Sylviane Lefez, présidente de la section des fermiers de la FNSEA 76. « Il avait à coeur de faire avancer les relations entre les propriétaires et les fermiers », se rappelle Denise Petitjean, collaboratrice du service juridique de la FNSEA 76 qui travailla avec lui.
MUTUALISME
En 1994, le mutualisme l'appelle. Groupama Normandie vient de naître. Claude Lepicard, président de la CRAMA de Seine-Maritime songe à passer la main. Robert Drouet quitte toutes ses responsabilités syndicales et prend en juin 1994 la présidence de la fédération des caisses locales de Seine-Maritime. En 1996, il succèdera à Maurice Monfiliatre à la présidence de Groupama Normandie. Du syndicalisme au mutualisme, un parcours sans faute pour celui que les agriculteurs ont toujours continué d'appeler par son prénom, Robert.
Valérie Sorieul, avec le précieux concours de Daniel Cadet
famille
Robert Drouet est né le 9 juin 1944 à Ourville-en-Caux. De son union avec Martine Bellet, ils eurent deux filles, Clotilde et Paule. Il exploita avec son épouse une ferme de polyculture-élevage à Yébleron.