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Un projet de territoire autour de la méthanisation

En Seine-Maritime, sur le plateau des Hauts Bosc, la SAS Métha des Bosquets est l’exemple même d’une synergie réussie entre acteurs locaux pour préserver l’élevage. L’unité de méthanisation, qui a fait l’objet de concertations en amont de sa réalisation, a été bien acceptée par la population.

L’unité de méthanisation a été installée sur une parcelle agricole de deux hectares située à Bosc-Édeline, une position favorable pour les onze exploitations et à proximité du réseau GRDF.
L’unité de méthanisation a été installée sur une parcelle agricole de deux hectares située à Bosc-Édeline, une position favorable pour les onze exploitations et à proximité du réseau GRDF.
© SAS Métha des Bosquets

La SAS Métha des Bosquets est un bel exemple de projet de territoire qui a vu le jour en 2017, suite au souhait formulé par le maire de Bois-Héroult en Seine-Maritime de trouver un moyen de soutenir l’élevage. 
Au sein du conseil municipal de Bois-Héroult, Yves Trolet est un directeur commercial de GRDF à la retraite et Hubert Leseigneur est éleveur et président de la Cuma des Bosquets. Tous les deux pensent que la méthanisation peut être une solution. Le conseil municipal se rallie à cette idée et vote un financement pour étudier dans un premier temps la viabilité du projet.
« La Métha des Bosquets a tout de suite été imaginée comme un projet de territoire du plateau des Hauts Bosc, autant qu’un projet agricole. Il regroupe onze polyculteurs éleveurs, dispersés sur le territoire, qui alimentent le digesteur principalement en fumier et lisier. De la paille et du maïs ensilage viennent compléter la ration à certaines périodes de l’année. Le maïs est utilisé lorsqu’il y a un manque de produits méthanogènes, dans la limite de 5 % », explique Yves Trolet.

Un projet agricole

Près de 75 % des 26 000 tonnes de matières organiques que le digesteur avale proviennent des onze fermes. Le reste émane d’entreprises locales (pulpes de betteraves déclassées d’Étrépagny, poussières de lin de la coopérative du Vert Galant, et issus de céréales). L’installation mise en fonctionnement depuis juillet 2022 produit 125 m3 par heure de biométhane qui est injecté dans le réseau en direction de Forges-les-Eaux. Le bilan financier du projet est basé sur une production de 11 millions de kilowattheures (kWh) par an, pouvant alimenter 800 foyers.
« C’est une unité de moyenne puissance qui a été construite sur une parcelle agricole située sur la commune de Bosc-Édeline, par l’entreprise autrichienne Biogest. La partie épuration du gaz a quant à elle été installée par Energaya. Nous avons choisi un développeur, Enerfa, qui a monté le dossier. Pour ma part, de par mon expérience professionnelle, je suis chargé des relations avec les institutions », précise Yves Trolet.
L’étude de faisabilité de raccordement au réseau de gaz de GRDF a été financée par la commune de Bois-Héroult et le Syndicat départemental d’énergie de la Seine-Maritime  (SDE76). L’étude de faisabilité économique réalisée par Solagro a quant à elle été financée par la commune de Bois-Héroult et l’Ademe.
Bois-Héroult étant classé site patrimonial remarquable, l’unité de méthanisation ne pouvait pas s’y implanter. Le projet a été présenté au conseil municipal de la commune de Bosc-Édeline. Il comportait de nombreux avantages : proximité du réseau GRDF, distance raisonnable pour chacune des onze exploitations. « Chacun a compris le rôle qu’il pouvait jouer en faveur de l’activité agricole sur notre plateau », souligne Yves Trolet.
Ce projet a coûté 6,8 millions d’euros. La SAS Métha des Bosquets a reçu le soutien financier de l’Ademe et de l’Union européenne avec le Fonds européen de développement régional (Feder). Le capital de l’entreprise est ouvert à des industriels partenaires du projet, à des opérateurs énergétiques, et des investisseurs locaux. Le projet est néanmoins agricole avec plus de la moitié du capital appartenant aux agriculteurs. Le capital de la société a été ouvert aux particuliers via une plateforme de financement participatif.
Deux emplois ont été créés, un poste d’exploitant de l’unité de méthanisation et un poste de chauffeur, chargé uniquement de tous les transports.

Tenir compte des interrogations de tout le monde

Pour Yves Trolet, si ce projet a vu le jour, c’est grâce aux démarches entreprises auprès de la population pour expliquer et prendre en considération les questionnements. « Je remercie la Région qui nous a conseillé de nous rapprocher d’une personne compétente en matière de communication. Nous avons fait appel à un cabinet spécialisé Quelia qui a organisé deux réunions publiques. Près de 80 personnes y ont participé. Il s’agissait d’expliquer, de répondre aux questions et aux inquiétudes, de comprendre pourquoi il y a des oppositions. Les inquiétudes ont porté principalement sur le bruit, les odeurs, le trafic du tracteur qui va abîmer les routes, la valeur immobilière. Il y a une population de néoruraux qui souhaitent être tranquille et qui ne comprend pas toujours l’enjeu du soutien à l’élevage. Nous sommes obligés de tenir compte des interrogations de tout le monde. Par exemple, à la suite des remarques, il a été décidé qu’aucun trafic n’aurait lieu aux moments de circulation des bus scolaires ».

Une solution aux obligations de mises aux normes

Hubert Leseigneur, Jérôme Vimont et Thierry Carpentier, qui font partie de la Cuma des Bosquets, ont fait une sélection arbitraire des éleveurs susceptibles d’être intéressés par le projet. 
Ainsi, l’EARL de Béthencourt à Sigy-en-Bray, l’EARL Bourgeois à la Chapelle, l’EARL Ferme de Bruquedalle à La Chapelle-Saint-Ouen, Thierry Carpentier au Héron, le Gaec Dourville à Bosc-Édeline, l’Earl Édeline à Bosc-Édeline, la Scea Dufour à Ernemont-sur-Buchy, Éric Pingeon à Sainte-Croix-sur-Buchy, le Gaec de la Quesne à Bois-Héroult, le Gaec Vatelier à Bosc-Édeline, l’Earl Vimont à La Haye se sont intéressés au dossier et sont partis dans ce projet de filière de valorisation de leurs matières organiques.
« Pour ces éleveurs, l’intérêt de la méthanisation n’est pas le complément de revenu, comme je le croyais, ajoute Yves Trolet. L’argument premier est la résolution de leurs problèmes de mises aux normes de leur stockage d’effluents. Et le second est l’allègement de la charge de travail avec l’embauche d’une personne qui est exclusivement sur la partie transport des matières organiques et de l’engrais organique issu du méthaniseur ».
En ce qui concerne la rémunération, les onze éleveurs recevront les dividendes liés à la vente du gaz, à hauteur de leur investissement. Chaque tonne d’intrants amené leur donne le droit à 1,3 tonne d’engrais organiques.

Un projet de valorisation du CO2

La SAS Métha des Bosquets vient d’être choisie comme lauréat par GRDF qui avait lancé un appel à projet sur la valorisation du CO2 issu de la méthanisation. « Après épuration du biogaz, 55 % de biométhane est injecté et 45 % de CO2 part dans l’atmosphère. L’idée est de traiter ces 45 % en les injectant dans une serre afin de booster des plantes à croissance rapide. La tige pourrait servir d’intrants pour le digesteur et le reste pourrait être un apport de protéine végétale à incorporer dans la ration des animaux. » « En finissant lauréat, nous allons pouvoir financer une étude qui va être menée par un étudiant en 5e année à UniLaSalle », conclut Yves Trolet. •

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