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Un collectif de méthanisation agricole en pays de Caux

Du 6 au 22 novembre, les Chambres d'agricultures de Normandie ont organisé plusieurs rendez-vous autour du photovoltaïque et de la méthanisation. Le 20 novembre à Drosay, l'unité de méthanisation agricole en injection Trio Gaz a ouvert ses portes à cette occasion.

Durant la quinzaine de l'énergie des Chambres d'agriculture, afin de répondre à de nombreux questionnements, plusieurs visites d'exploitations étaient organisées pour rencontrer et échanger avec les porteurs de projet. Le 20 novembre à Drosay, l'unité de méthanisation agricole en injection Trio Gaz a ouvert ses portes.

Trio Gaz est un collectif agricole composé de trois agriculteurs : Guillaume Burel, Julien Comont et Paul Follet. " Nous sommes voisins et la canalisation de gaz longe nos trois exploitations. En automne 2018, nous avons commencé à en parler. En janvier 2019, nous sommes allés au Salon du biogaz à Rennes et avons suivi les premiers contacts avec GRDF et le Syndicat de l'énergie (SDE) 76. Dès 2019, nous avons réservé un droit à produire sur le réseau de gaz. Nous n'avions aucun recul et aucune façon d'analyser. Nous avons donc fait le choix de nous rapprocher d'un cabinet d'étude. C'est un choix coûteux mais important. Les travaux ont débuté le 25 avril 2022 et l'ouverture du réseau de gaz le 4 mai 2023 ", explique Guillaume Burel, éleveur laitier à Drosay.

Le choix de l'injection

Le choix a été fait tout de suite en faveur de l'injection étant donné que la conduite de gaz longe les trois parcellaires. Il y avait seulement 300 mètres de raccordement à réaliser.

De plus, l'injection est aujourd'hui la valorisation la plus intéressante sans compter le travail de maillage de GDRF qui encourage les porteurs de projet à choisir l'injection. L'aide de GRDF au raccordement direct permet à de petites exploitations de se raccorder en injection directe. " GRDF s'occupe du maillage entre les bouts de réseau pour faire une bonne répartition de la consommation ".

Le fournisseur d'énergie a adapté les réseaux pour accueillir le biométhane et raccorder les projets. Les agriculteurs qui ont des projets sont donc encouragés à se faire connaître. Un fort maillage a déjà été réalisé et aujourd'hui le distributeur de gaz conçoit des rebours permettant la compression du gaz pour qu'il puisse être transporté vers des zones de consommation plus éloignée. Ce maillage est un facteur sécurisant pour les producteurs car il peut absorber leur production.

Même si le tarif d'achat du kWh est plus intéressant en cogénération, la chaleur produite n'est pas toujours facile à valoriser sur l'exploitation et il y a des risques de pertes. De plus le tarif de rachat de l'électricité n'a pas été revu depuis 8 ans. L'injection a un meilleur rendement et son tarif est revu à la hausse régulièrement.

Un approvisionnement équilibré et stable

Les matières qui alimentent le méthaniseur sont issues des exploitations : du seigle cultivé en Cive, du lisier et du fumier, des pulpes de betteraves et du maïs. " Dans notre assolement, Paul et moi avons transféré nos surfaces de colza en maïs. Sur nos 10 000 tonnes de matières nous incorporons 500 tonnes de maïs, soit 5 %. C'est à peu près la moyenne en Normandie. Les pulpes et drêches ne doivent pas dépasser 50 % de la ration pour éviter les risques d'acidose. L'avantage du lisier est son homogénéité. Il amène une flore au fermenteur qui apporte de la stabilité ", ajoute Guillaume Burel.

Planet est le constructeur de l'installation. Toutes les semaines, des échantillons sont envoyés au service biologie pour mesurer le taux de matière sèche, le taux d'acides gras, l'évolution des oligo-éléments.

" Depuis un an et demi de fonctionnement, nous avons bien compris que la stabilité de la ration est un facteur déterminant au bon fonctionnement du méthaniseur. L'an dernier, nous avions diminué le maïs et augmenté le seigle. Le méthaniseur a réagi très rapidement à ce déséquilibre car nous avons amené trop de sucres. Avec le service biologie, nous calons la ration sur une année. Mais en Normandie, avec notre lisier et nos fumiers, nos rations sont plutôt faciles à gérer. Nous n'incorporons pas de biodéchets extérieurs car il y a encore des soucis de triage. Le process de séparation des plastiques et de la matière n'est pas encore au point ".

Suivi de l'impact du digestat sur les sols

Sur les 10 000 tonnes de matières brutes, 90 % sort sous forme de digestat dont la valeur est équivalente à un 5-2-4 avec des oligo-éléments en plus. Après moisson, avant interculture, un épandage de 15 à 25 m3 est réalisé. Le maïs et la betterave valorisent très bien les 35-40 m3 de digestat épandu au printemps. " On réfléchit différemment tout ce qui est amendement calcique. Je vais marner plus fort. Il faut tamponner l'effet pH. On va certainement diminuer la partie engrais minéral mais à côté nous allons gérer différemment les amendements ".

Chez Paul Follet, une plateforme a été mise en place qui permettra de voir l'évolution du taux de matière organique des sols sur 10 ans avec engrais chimique, digestat et fumier. Guillaume Burel a effectué des analyses de sol sur toutes ses parcelles afin de suivre l'évolution de la matière organique. " Visuellement on voit déjà un effet booster du digestat sur les couverts. Nous avons fait faire des simulations par deux organismes différents qui ont conduit à la même conclusion : avec le volume de digestat et l'amélioration des couverts, on arrive au moins à maintenir 100 % du niveau de matière organique, voir à le faire progresser si derrière on améliore encore la gestion des couverts. ".

Guillaume Burel prend l'exemple du seigle : " le seigle développe un chevelu racinaire important et en prélevant la biomasse aérienne déjà très dense, on ne récupère même pas 50 % de la biomasse générée par cette plante ".

En matière de bilan carbone, 2 000 tonnes équivalent CO2 sont économisées par an. Concernant le NH4, il est capté et brûlé. Il perd ainsi son pouvoir réchauffant. Le bilan carbone est donc positif.

En matière de temps passé, le chargement de la matière brute demande trois quarts d'heure à une heure par jour. Il faut consacrer une demi-heure à faire le tour du site. " Au niveau de l'organisation du travail les périodes de récolte et de semis sont plus nombreuses : récolte de maïs, ensilage du seigle et des ray-grass ".

Les bons résultats de cette première année de production ont décidé les producteurs à augmenter la puissance de leur installation. Pour cela, ils vont passer en enquête publique car les quantités de matières brutes par jour vont augmenter et dépasser les 30 tonnes quotidiennes.•

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