Salissement, tassement des sols, gestion des limaces : quelles opportunités pour quel travail du sol cet été ?
La précocité exceptionnelle des récoltes cette année offre aux agriculteurs un avantage notable : un laps de temps plus large pour intervenir sur les parcelles. Cette fenêtre élargie permet d’envisager des travaux du sol adaptés aux conditions météorologiques et à l’état de la structure sans la pression habituelle du calendrier. Elle constitue une opportunité pour corriger les tassements, gérer les repousses ou les adventices, et préparer sereinement l’implantation des intercultures. À condition bien sûr d’attendre des conditions de ressuyage suffisantes, afin de ne pas aggraver l’état des sols déjà fragilisés par les campagnes précédentes.
La précocité exceptionnelle des récoltes cette année offre aux agriculteurs un avantage notable : un laps de temps plus large pour intervenir sur les parcelles. Cette fenêtre élargie permet d’envisager des travaux du sol adaptés aux conditions météorologiques et à l’état de la structure sans la pression habituelle du calendrier. Elle constitue une opportunité pour corriger les tassements, gérer les repousses ou les adventices, et préparer sereinement l’implantation des intercultures. À condition bien sûr d’attendre des conditions de ressuyage suffisantes, afin de ne pas aggraver l’état des sols déjà fragilisés par les campagnes précédentes.
Le début de l’été 2025 en Normandie s’est caractérisé par des conditions particulièrement chaudes et globalement sèches. Avec une température moyenne de 22,2 °C en juin, soit + 3,3 °C au-dessus des normales, et une pluviométrie réduite à seulement 19 mm (contre 66 mm habituellement), juillet a poursuivi cette tendance avec des températures encore supérieures à la moyenne (+ 2 °C) et des précipitations cependant égales à supérieures à la médiane 20 ans depuis le mois de juillet et selon les secteurs.
Un contexte météo à l’avantage des travaux d’interculture
Cette météo exceptionnellement chaude a entraîné une avancée historique des récoltes, avec environ 10 jours à deux semaines d’avance par rapport à la moyenne des 20 dernières années, plaçant 2025 parmi les campagnes les plus précoces jamais enregistrées. Ce changement brutal de rythme survient après deux années marquées par une pluviométrie excédentaire et des sols fréquemment saturés, à l’origine de nombreux phénomènes de tassement. Ce contraste complique aujourd’hui la gestion des sols et des cultures.
Travail du sol
Le travail du sol doit être adapté à la météo et dépend de l’objectif visé :
- le faux-semis/le labour en cas de salissement important (vulpin, ray-grass) suivi d’une reprise mécanique peut limiter la levée des adventices ;
- le déchaumage superficiel favorise la destruction des œufs de limaces et des repousses sur parcelles grêlées ;
- le travail plus profond permet de corriger les tassements liés aux problèmes de structure.
Anticiper la gestion du salissement avant même le semis
Les semences d’adventices germent principalement dans les deux premiers centimètres du sol. Enfouies en profondeur par un labour, les graines de graminées qui ont une durée de vie courte perdent leur pouvoir germinatif au bout d’1, 2 ou 3 ans. Afin de ne pas remonter des semences encore viables, le labour doit être pratiqué de façon intermittente. Quand le retour au labour n’est pas possible ou non souhaité, la technique de faux-semis est indispensable.
Un faux-semis demande une préparation fine, superficielle et rappuyée en surface. Il s’agit d’établir un bon contact terre-graine favorisant la levée des adventices et de garder l’humidité du sol. La dormance des graines d’adventices est le frein principal à leur bonne levée. Le brome stérile non dormant germe très facilement en été/ automne. Le faux-semis est donc très efficace. Les vulpins et ray-grass ont des dormances plus prononcées et donc seulement une partie du stock semencier d’adventices sera en capacité de germer sur la période fin été/début automne. La réussite des faux-semis sera donc plus aléatoire. Il est particulièrement recommandé cette année avec les récoltes précoces de réaliser plusieurs faux-semis afin de maximiser l’effet “déstockant” de cette intervention. Attention tout de même au risque de relevées non négligeable ; il est nécessaire de réaliser cette intervention idéalement en conditions sèches, de bien identifier sa cible adventice et surtout de réaliser les dernières destructions mécaniques au moins 3 semaines avant le semis de la culture pour ne pas dynamiser des levées dans la culture.
Des conditions jusqu’à présent favorables au cycle des limaces
Les années précédentes, du fait de leurs conditions météo, ont favorisé la prolifération des limaces.
C’est pendant l’interculture, période privilégiée pour la reproduction et le développement des populations, que tout doit être mis en œuvre pour combattre de manière agronomique les limaces. Leur faible longévité est compensée par un taux de reproduction élevé. Les œufs sont pondus dans les 10 premiers centimètres de sol. Pour empêcher les limaces de causer davantage de dégâts, il faut perturber leur milieu de vie.
Le déchaumage est un bon moyen de lutte : une structure du sol affinée, des repousses détruites, une humidité de surface réduite, des blessures infligées aux limaces, une proportion non négligeable d’œufs mis en surface et sensibles à la sécheresse. En cas de déchaumage unique, il doit intervenir le plus tôt possible, dès la moisson. Le plus efficace reste la multiplication des déchaumages (voir Figure 1).
Le labour a des effets variables selon sa date et la structure du sol obtenue. Il peut perturber temporairement les limaces et différer les attaques.
Ainsi, le labour peut défavoriser les limaces en sol limoneux (labour émietté réalisé juste avant le semis). Mais il peut aussi les favoriser en sol argileux ou argilo-calcaire en leur offrant des refuges accessibles (en cas de labour motteux réalisé d’avance).
Structure du sol souvent dégradée après deux ans de pluies
- Constat pédoclimatique : les deux dernières années ont été particulièrement pluvieuses, ce qui a pu entraîner des semis tardifs et des interventions au champ en conditions difficiles. Des tassements en profondeurs ont pu se créer et réduire l’infiltration de l’eau, l’aération du sol et limiter le développement du système racinaire. Ce qui a pu se traduire par une perte de rendement pouvant aller jusqu’à 30 %.
- Diagnostic et correction à la parcelle : la première chose à faire est de diagnostiquer sa parcelle afin de déterminer la profondeur du tassement. Cela peut être fait avec l’utilisation d’un outil de type pénétromètre et/ou du test bêche afin d’avoir une idée de l’état structural.
Les tassements sur l’horizon 0-10 cm peuvent être corrigés rapidement avec un travail superficiel du sol.
Vers 15-20 cm, il faudra se tourner vers un labour, un décompactage ou un pseudo-labour pour restructurer ces horizons-là.
En revanche, pour des tassements entre 30-50 cm, il n’y a pas de moyens d’intervenir mécaniquement. Il faut alors compter uniquement sur l’activité biologique du sol ; cette régénération naturelle demande alors plusieurs années avant un retour à l’état initial.
Attention cependant à bien choisir sa période d’intervention et ne pas vouloir passer à tout prix ! Si l’utilisation d’un fissurateur/décompacteur se fait en condition trop humide on peut observer un impact négatif de l’intervention avec un tassement en profondeur plus important qu’à l’origine (voir Figure 2).
Gérer les impacts de grêle
Au sujet des parcelles grêlées, qui se sont avérées non récoltables, l’enfouissement des résidus de culture par labour profond aide à réduire la pression des maladies fongiques et adventices. Il est recommandé de le faire le plus tôt possible, dès que les conditions météo le permettent, afin de dégrader le plus possible les résidus de cultures qui peuvent s’avérer importants.•