Redekop : détruire les graines d’adventices à la moisson avec le SCU
Le constructeur canadien Redekop a mis au point un système de destruction mécanique des graines d’adventices récoltées dans les grilles des moissonneuses. Un système qui peut être intéressant pour lutter contre les adventices résistantes.
Le constructeur canadien Redekop a mis au point un système de destruction mécanique des graines d’adventices récoltées dans les grilles des moissonneuses. Un système qui peut être intéressant pour lutter contre les adventices résistantes.
Avec la diminution des options offertes par la chimie, et notamment face au développement de variétés résistantes, la lutte contre les adventices doit se jouer sur tous les fronts. Un outil mécanique a fait son apparition depuis quelques mois en Europe : le destructeur de graines. L’idée arrive tout droit d’Australie, où les farmers, après s’être rapidement engagés dans les cultures OGM, ont vu apparaître, plus rapidement qu’en Europe, des variétés d’adventices résistantes aux herbicides. Mais en France, c’est le constructeur canadien Redekop qui s’est implanté parmi les premiers, notamment via son unique distributeur : Oria Agriculture.
Baptisé SCU (pour Seed Control Unit), l’outil se plugge directement sur la moissonneuse et va travailler tout ce qui sort des grilles (menues pailles et graines). « On parle souvent de broyeur, mais ce n’est pas un terme approprié, car on ne broie pas les graines, explique Bertrand Plessis, directeur d’Oria Agriculture. Elles sont projetées à grande vitesse, entre 350 et 400 km/h par un système de fléaux et de carrousels, et explosent contre la paroi. »
70 % de repousses en moins
La théorie donne un taux de destruction de 98 %. « Ce sont des chiffres de laboratoire », admet Bertrand Plessis qui déplore que, pour l’heure, peu d’essais avec comptage aient été menés par des organismes techniques indépendants. « Au Royaume-Uni, le NIAB (National Institute of Agricultural Botany) a fait des comptages dans des exploitations. Il a constaté 70 % de repousses en moins. C’est du niveau d’un herbicide de bonne qualité. »
En France, les agriculteurs qui ont testé l’outil semblent séduits. Même si l’itinéraire cultural peut modifier la perception de son efficacité. « Quand on travaille la terre derrière, on fait remonter le stock semencier enfoui qui va germer, explique Bertrand Plessis. Chez les clients qui travaillent le plus le sol, il faut parfois trois ans pour voir les effets effectifs du destructeur de graines. »
Édouard Deceuninck, agriculteur à Bourgtheroulde (27), tend à aller vers des itinéraires de conservation des sols avec un déchaumage superficiel annuel, et un labour par rotation. À l’occasion du renouvellement de sa moissonneuse en 2023, il a choisi d’équiper sa nouvelle Case IH Axial Flow 8250 avec le SCU de Redekop. « Cela a un coût certain, admet-il. Mais on ne peut plus compter que sur la chimie. Bien sûr, il y a l’écimeuse, qui est très bien pour les plantes sarclées. Mais dans les céréales cela fait tout de même des dégâts. »
Un système qui peut être débrayable
Après deux moissons, l’homme ne regrette pas son investissement, même s’il admet ne pas être en mesure de quantifier son efficacité : « il faudrait que je laisse des bandes témoins… Mais on a une telle problématique de résistance, que je n’ai pas très envie. » Pour lui, le système est efficace notamment sur les ray-grass, pour lesquels les graines sont encore sur la plante au moment de la moisson. Il émet plus de doutes pour les vulpins. « Cela peut fonctionner aussi sur les vulpins dans des cultures plus précoces comme l’orge », argumente Bertrand Plessis, qui rappelle aussi l’influence que peut avoir le choix variétal.
Édouard Deceuninck n’utilise pas le SCU pour toutes ses cultures. Il l’exclut par exemple pour la récolte des pois. « Le risque de prendre une pierre et de tout casser est trop grand », souligne-t-il. Heureusement, le SCU est facilement by-passable pour la plupart des machines (mais pas toutes !). Il peut être équipé en option d’usine, ou monté après l’achat. Mais toutes les moissonneuses ne sont pas compatibles. D’abord, il faut que ce soit une machine à rotors. Ensuite, il faut une puissance suffisante. « Le système demande une puissance supérieure de l’ordre de 10 à 15 %, soit autant que le broyeur à paille, concède Bertrand Plessis. Donc il faut que l’entraînement soit capable de le supporter. »
Un besoin de puissance supplémentaire
« J’ai perdu en débit de chantier, c’est indéniable, admet l’agriculteur. Et la consommation a augmenté, d’autant que j’ai aussi équipé ma moissonneuse du broyeur de paille MAV de Redekop. » Mais le fait que l’on puisse débrayer rapidement le SCU lui permet aussi de s’adapter, en fonction de la culture et du salissement. Quant aux conditions de récoltes, elles ne posent pas vraiment de question. « J’ai eu quelques bourrages, note l’agriculteur. Mais c’était il y a deux ans, quand on moissonnait sous la pluie. En dehors de cela, je n’ai pas eu de problèmes, même en récoltant tôt le matin ou dans la nuit. »•
Peu de maintenance
100 % mécanique y compris pour son système d’entraînement, le destructeur de graines SCU de Redekop est simple d’entretien. En campagne, une simple vérification du niveau d’huile et de la tension des courroies suffisent. Aucun réglage n’est nécessaire : les carrousels tournent à une vitesse constante de 3 000 tr/min, et le chauffeur n’a pas d’influence sur leur fonctionnement. En fin de campagne, un remplacement de l’huile annuel est à prévoir. Les pièces d’usure sont à contrôler. « Mais actuellement, grâce au traitement au carbure de tungstène, nous avons des pièces qui affichent une longévité de l’ordre de 10 000 hectares ! », se félicite Bertrand Plessis, directeur d’Oria Agriculture.