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« Qui n'a jamais rêvé d'être jeune plus longtemps ! »

En décembre dernier, l'âge maximum d'éligibilité des élus du syndicat Jeunes agriculteurs a été repoussé de 35 à 38 ans. Quels en sont les enjeux ? Charles Vimbert, président des Jeunes agriculteurs de Seine-Maritime, nous répond.

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© L.A.

"JA s'adapte à l'environnement sociodémographique"

Alors que l'âge moyen d'installation d'un agriculteur s'établit à 36 ans (chiffre MSA), le syndicat Jeunes agriculteurs a décidé, le 2 décembre dernier, de repousser l'âge maximum d'éligibilité de ses élus de 35 à 38 ans. Pourquoi avoir repoussé cet âge ?

« Qui n'a jamais rêvé d'être jeune plus longtemps ! Plus sérieusement, par cette décision, notre syndicat montre qu'il adapte son réseau et sa structure à l'environnement sociodémographique du pays. Les raisons sont connues et multiples. Tout d'abord, de manière générale, les chefs d'exploitation s'installent de plus en plus tard. À l'image du reste de la société, et comme le confirme le dernier recensement agricole, les jeunes agriculteurs s'engagent dans des études agricoles de plus en plus longues. Ils souhaitent aussi souvent murir leur projet d'installation en multipliant les stages ou des expériences professionnelles en tant que salariés avant de sauter le pas de l'installation comme des responsabilités syndicales. Et puis il est important de rappeler que pour nombre d'entre eux la recherche de foncier prend des mois, voire des années. Ensuite, nous voyons entrer dans le métier des personnes en reconversion. Ils ont souvent plus de 30 ans et des projets plein la tête. Nous devons être en capacité de les intéresser au syndicalisme et de les compter aussi dans nos rangs. C'est essentiel compte tenu du défi démographique et des enjeux économiques et financiers qui nous attendent. Pour toutes ces raisons, il était important de repousser cet âge de trois ans. JA donne ainsi à qui veut bien prendre des responsabilités la possibilité de se faire une belle expérience du mandat syndical ».

JA a également limité les mandats ?

« Oui, dans la foulée, nous avons également voté la limitation à deux mandats consécutifs à un même échelon pour les présidents et secrétaires généraux (à partir de l'échelon départemental, ndlr). Notre syndicat est une école de formation des responsables au service des organismes professionnels agricoles. Nous voulons ainsi favoriser le renouvellement de nos équipes afin de former un maximum de futurs responsables de notre profession. Et puis je pense que cela donnera de l'élan à notre syndicat et favorisera les prises d'initiatives créatrices dans des thématiques qui aujourd'hui nous obligent. L'agriculture est multiple, notre syndicat doit être à l'image de celle-ci et favorisé les opportunités comme les talents ».

Comment inciter les jeunes à s'investir, les motiver voire les remotiver ?

« Malheureusement, l'individualisme semble bien trop souvent primé sur le collectif en ces temps compliqués. Pourtant cette pandémie nous rappelle combien il est important d'être soudés. La solidarité et le collectif ne sont pas de vains mots. Notre génération sait aussi ce qu'elle doit aux générations passées. Elle sait qu'elle est le produit d'une histoire qui nous oblige, celle de nos parents et de nos grands-parents qui souvent se sont battus pour que nous vivions mieux. Il en va de même dans l'agriculture. N'oublions jamais quelques-unes de leurs plus belles victoires mais aussi combien nous sommes obligés de nous battre âprement pour défendre ce monde agricole auquel nous tenons, à l'instar de tous ces mois passés à négocier pas à pas les éléments du PSN français qui servira de socle à la prochaine Pac. Rappelons-nous aussi que nous sommes certainement à un tournant de l'histoire agricole : nous assistons à une baisse de la démographie qui nous impactera nécessairement sur nos exploitations dans les années proches, à un bouleversement de nos pratiques agricoles tant agronomiques que technologiques, à des enjeux planétaires qui redessinent les besoins fondamentaux de nos États souverains. Seuls, isolés les uns des autres, nous laisserons passer les trains... et certains se chargeront de nous imposer l'agriculture que nous ne voulons pas. Pour toutes ces raisons, notre syndicat doit inlassablement continuer à imprimer sa marque, communiquer tous azimuts ».

Une fois le parcours JA terminé, adhérer à la FNSEA est-il le chemin tout tracé pour un agriculteur ?

« Naturellement, ça devrait l'être. Les liens entre nos structures sont forts, on le voit lors des élections chambre d'agriculture et quotidiennement dans nos relations. Nous partageons, à quelques nuances près, les mêmes visions pour notre agriculture. Mais dans les faits, les passerelles ne sont pas systématiques. Souvent, à 38 ans, les agriculteurs ont des enfants en bas âge. La famille demande du temps et les préoccupations syndicales sont moins exacerbées. Il faut parfois attendre deux ou ou trois ans avant qu'un ancien JA ne se décide à adhérer à la FNSEA et un peu plus de temps encore pour s'engager, à la faveur d'une nouvelle réglementation difficilement compréhensible, de critiques sociétales émises de part et d'autre, d'un sentiment aigu d'incompréhension vis-à-vis de son métier ou simplement parce que l'envie de le défendre reprend le dessus. Les agriculteurs ont besoin de se reconnaître dans l'action de la FNSEA pour y adhérer. À la FNSEA de savoir les convaincre. »

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