Production de sucre exceptionnelle à Fontaine-le-Dun
Doté d'une structure financière solide, le groupe Cristal Union annonce une rémunération moyenne de 41,44 euros la tonne de betteraves pour la campagne 2024-2025
Doté d'une structure financière solide, le groupe Cristal Union annonce une rémunération moyenne de 41,44 euros la tonne de betteraves pour la campagne 2024-2025
L'assemblée générale de section de Fontaine-le-Dun s'est tenu le 15 mai à Yvetot, sous la présidence de Samuel Crèvecœur. L'ambiance était un peu plus festive cette année car Cristal Union célébrait ses 25 ans d'existence. Olivier de Bohan et Xavier Astolfi, respectivement président et directeur du groupe, ont annoncé aux betteraviers normands une rémunération de 41,44 euros la tonne de betteraves.
Le groupe Cristal Union présente un chiffre d'affaires de 2,65 milliards d'euros et un résultat net de 117 millions d'euros. La baisse limitée du chiffre d'affaires (- 3,8 %) s'explique par son arbitrage et son positionnement sur le marché du sucre. Les ventes hors de France, à destination des pays déficitaires européens et des pays tiers, ont représenté 45 % du chiffre d'affaires de cet exercice. Le sucre de betterave contribue au chiffre d'affaires à hauteur de 60 %, l'alcool et l'éthanol à 21 %, le sucre brut de raffinage à 6 %, les pulpes et les pellets à 7 %.
Normalisation des cours du sucre
" Sous réserve des rendements, le bilan sucrier européen devrait être à nouveau déficitaire en 2025-2026. Les prix du sucre en Europe ont déjà commencé à se redresser. Cette tendance est à confirmer lors des prochaines négociations avec les clients. Une remontée des prix du sucre en 2026 et 2027 est donc attendue et c'est une nécessité pour notre filière. En 2025-2026, les surfaces et les productions devraient être en diminution. Les sucreries les moins compétitives en Europe ont des coûts de production de l'ordre de 700 euros la tonne, c'est plus élevé que le prix du marché du sucre actuel. En 2025, il n'y aura plus que 85 sucreries en fonctionnement en Europe, soit deux fois moins qu'en l'an 2000 ", explique Stanislas Bouchard qui quitte ses fonctions de directeur général de CristalCo pour se consacrer aux activités finances RSE et développement de Cristal Union.
La stratégie de Cristal Union sera donc de valoriser au mieux les productions du groupe, ce qui nécessite d'ajuster, en temps réel, ses ressources avec les marchés. " Le marché du sucre européen reste le plus rémunérateur. Ensuite il convient d'arbitrer entre l'alcool traditionnel qui se développe, le bioéthanol et l'exportation du sucre vers les pays tiers. En 2024 nous avons reconquis des marchés sur le grand export, au Moyen Orient et sur l'Afrique de l'Ouest, en prévoyant des moyens logistiques adaptés ".
Concernant le marché mondial, il est en baisse mais toujours élevé (autour de 500 dollars la tonne). Compte tenu des hausses de production, notamment en Asie, les cours ont tendance à se normaliser. Même si la demande mondiale de sucre reste soutenue, le bilan mondial production/consommation en 2025-2026 devrait ressortir en léger surplus et venir peser sur le cours mondial.
Le nombre de sucreries a été divisé par deux en Europe depuis 2000. 85 sucreries sont à ce jour en fonctionnement.
Renforcement de Cristal Union au sud de paris
Les bons résultats du groupe Cristal Union vont permettre de poursuivre son désendettement, renforcer ses capitaux propres et autofinancer les investissements. " Ce désendettement nous permet d'avoir une liberté d'action par rapport aux investissements, la liberté de pouvoir faire des acquisitions. Grâce à ce désendettement et cette solidité financière, nous avons accueilli des planteurs de la sucrerie de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne), fait l'acquisition de la société Lesaffre Frères et de la sucrerie de Nangis (Seine-et-Marne)", précise Xavier Astolfi.
50 % des investissements pour la sobriété en énergie et en eau
L'endettement du groupe sucrier a baissé de 48 % et 50 % des investissements ont été consacrés à la sobriété énergétique, à la sobriété en eau et à la décarbonation des activités du groupe. " En eau nous serons autonomes sur l'ensemble des sucreries du groupe dès la prochaine campagne. Les distilleries suivront en 2030. C'est plus de 10 millions de m3 d'eau que nous ne puiserons plus dans le milieu naturel et donc une grande partie qui retournera dans les champs. Mais malgré tous les efforts dans ce domaine, nous restons encore très sujets aux variations du prix de l'énergie. Le coût énergétique des usines du groupe est en baisse de 41 % mais il reste deux fois plus élevé que la moyenne historique et impacte les coûts de production ", ajoute le directeur.
Caisse de péréquation de 100 millions d'euros
Les bons résultats de l'exercice ont permis de doter à nouveau la caisse de péréquation collective de 50 millions d'euros, portant son montant total à 100 millions d'euros. Cette somme permettra de compléter la rémunération des betteraviers coopérateurs quand les marchés seront moins rémunérateurs.
" Après le cycle haut des deux dernières années, nous avons un marché du sucre qui baisse depuis les quatre derniers mois, en raison d'une production excédentaire. Quand on examine tout ce qui se passe dans le monde... Aujourd'hui, avec toutes ces inconnues, la tendance serait un prix entre 35 et 30 euros la tonne de betteraves. Mais il faut que nous arrivions à tenir le prix de la betterave pour pérenniser nos outils. Au sein du conseil, l'objectif a donc été de s'orienter vers la caisse de péréquation collective à hauteur de 50 millions d'euros. Cette proposition sera présentée lors de notre assemblée générale plénière du 12 juin prochain. 50 millions représentent 3,70 euros la tonne avec le volume de betteraves de cette année ", précise le président de Bohan.
86,7 tonnes/ha à 16° sur Fontaine-le-Dun
Bruno Labilloy est revenu sur la performance agricole du groupe. " Nous n'avons jamais connu une richesse aussi faible en 35 ans. Pour le groupe Cristal Union, nous sommes à 84 tonnes à 16° ", précise le directeur agricole qui fait valoir ses droits à la retraite et qui sera remplacé par William Huet, auparavant directeur agricole adjoint.
Pour l'usine de Fontaine-le-Dun, c'est une année moyenne avec un rendement de 86,7 tonnes/ha à 16°. Mais avec 220 000 tonnes de sucre produites, l'usine normande de Cristal Union annonce une année 2024 exceptionnelle.
Le directeur, Patrice Petit, et le directeur industriel, Pascal Hamon, sont revenus sur les faits marquants de la campagne à Fontaine-le-Dun : " il y a eu beaucoup d'innovation et de modernisation en 2024 : de nouveaux décanteurs qui permettront une eau de meilleure qualité qui sera dirigée vers le lavoir, une station de pressage des effluents qui permettra une bonne valorisation de la fabrication de biogaz. En 2025, nous allons augmenter la capacité de stockage de sucre de 45 000 tonnes et une nouvelle cuve à mélasse de 20 000 m3 permettra de stocker l'ensemble de la production de mélasse d'une campagne ".
Le site de Fontaine-le-Dun traite presque 10 000 tonnes de betteraves par jour, avec 156 jours de campagne et une cadence moyenne de 10 000 tonnes par jour. " Notre objectif est d'augmenter la capacité journalière vers 11 000-11 500 tonnes. Nous voulons également travailler la régularité. Si nous arrivons à être bien réguliers, nous pourrons raccourcir la durée de campagne entre 5 et 10 jours. Cela dépendra bien sûr des surfaces semées et du rendement ", conclut Pascal Hamon.•