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Première en France : un robot pour la betterave.

Exploitant bio à Ludes au sud de Reims, Damien Blondel est le premier agriculteur en France à semer et biner des betteraves avec un robot autonome.

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« C’est un moment particulier qu’on attendait depuis quelques semaines, la parcelle de 6,5 ha devrait être semée en un peu plus de 24 heures non-stop », explique Damien Blondel.
© Richard Cremonini

À Ludes (Marne), Damien Blondel a décidé d’investir dans un robot autonome pour ses semis de betterave et leur binage. Le coût de main-d’œuvre pour désherber l’an dernier a emporté sa décision. Et il va gagner trois semaines de faux semis. Son FarmDroid FD20 devrait être amorti en trois ans, après un investissement d’environ 100 000 euros*. Il a découvert ce robot par des vidéos sur Internet, jamais en démo dynamique.

Venu du Danemark, le FarmDroid a attaqué son premier chantier en France vendredi 26 mars dans l’après-midi aux pieds des coteaux champenois et entre deux passages de TGV. Un événement historique pour l‘agriculture marnaise et hexagonale qui était scruté comme l’atterrissage de Perseverance sur Mars. « C’est un moment particulier qu’on attendait depuis quelques semaines, la parcelle de 6,5 ha devrait être semée en un peu plus de 24 heures non-stop », explique Damien Blondel. Pas trop inquiet pour la nuit ? « Elle va être un peu compliquée mais je regarderai de temps en temps l’application sur mon téléphone ».

Et la suite ? « Une fois que la deuxième pièce de 12,5 ha sera semée, le robot commencera à biner à l’aveugle, le but est d’attraper les mauvaises herbes les plus petites possibles ». Entre 10 et 15 binages sont prévus avant que les betteraves ne couvrent.Interrogé le mercredi 31 mars, Damien Blondel est serein. Tout s’est bien passé à part quelques graines bloquées qui ont demandé de courtes interventions.


* Le prix varie de 75 000 à 100 000 euros selon les options.

Pour visionner la démonstration du robot autonome, rendez-vous sur : https://www.youtube.com/watch?v=RQfESK-lMNs

Interview de Damien Blondel « Le robot est conçu pour tourner 24 heures sur 24 »

Pouvez-vous nous présenter votre exploitation ?

C’est une exploitation de grandes cultures d’une surface de 220 ha en agriculture biologique. L’assolement est diversifié : betterave, luzerne, blés, grand épeautre, triticale, seigle, orge de printemps, escourgeons, lentilles, vesce, tournesol, pois. La première parcelle convertie en bio date de 2009. Après cela a monté progressivement. Il y a eu un palier parce que j’ai de la betterave contractualisée et à l’époque on ne faisait pas de betterave bio, c’était un frein à la conversion. Un tiers de l’exploitation était en bio et le jour où Cristal Union m’a proposé la betterave bio je suis passé intégralement en conversion et en bio. C’est la troisième année que je sème des betteraves bio. J’ai commencé sur 10 ha, cette année il y en aura 18 et le but est de 20 ha.

 

La betterave bio se conduit comment ?

C’est encore un peu de l’expérimentation. Jusqu’à présent on faisait des faux semis avant de commencer. On décalait la date de semis de trois semaines par rapport à un conventionnel. Ensuite, semis, binage, désherbage sur le rang, et beaucoup de main-d’œuvre manuelle pour désherber. J’ai tout d’abord acheté une bineuse avec guidage optique par caméra mais cela n’a pas supprimé le désherbage manuel.

C’est pourquoi cette année j’ai investi dans un robot qui sème et qui bine : le FarmDroid FD20. Il est dans la cour depuis 15 jours et il va être mis en route aujourd’hui (N.D.L.R. le 26 mars) et c’est le premier en France. Ce robot a été fabriqué au Danemark. Il a été conçu par trois frères, dont un agriculteur qui avait une problématique de désherbage de betteraves. Ils ont agrandi la gamme et il est capable aujourd’hui de semer et biner des oignons et d’autres cultures.

 

Ce robot FarmDroid a quelles caractéristiques ?

Le robot est entièrement autonome, l’énergie est fournie par des panneaux solaires et des batteries pour pouvoir tourner la nuit. Il est conçu pour tourner 24 heures sur 24. Il sème et bine sur 6 rangs à 45 cm ou 50 cm. Une balise RTK est installée sur l’exploitation. Le robot travaille sans caméra. Il sème et géolocalise chaque graine et ensuite il vient biner autour des betteraves en connaissant leur emplacement. C’est un investissement qui représente 75 000 à 100 000 euros selon les options. C’est important mais l’année dernière j’ai mis 30 000 euros dans le désherbage manuel.

Le robot doit permettre d’éviter cette charge et d’augmenter les rendements grâce à un semis plus précoce et un bon désherbage mécanique. Je dois pouvoir l’amortir en quelques années. Pour l’instant j’attends de le maîtriser pour l’utiliser sur d’autres cultures. En Allemagne il est utilisé sur des oignons. Je le suis sur Internet depuis 4 ans. Je ne pensais pas qu’il arriverait en France aussi vite.

 

Quels sont vos résultats en betteraves ?

Toutes mes betteraves ont été semées sur des pièces qui ont une ancienneté en bio. En 2019, j’ai fait 62 t à 16° et en 2020 une pièce a fait 40 t et une autre avec un gros souci d’enherbement a fait 9 t.

La jaunisse nous a pénalisés mais pas plus en proportion qu’un planteur en conventionnel. Si la jaunisse réapparaît cette année on fera avec, nos semences ne sont pas enrobées et on n’a pas le choix. J’espère que les semenciers nous trouveront rapidement des variétés tolérantes. J’apporte du bore et de la fumure organique (fientes de poules et écumes de sucreries), c’est tout. Depuis deux ans je n’ai pas eu besoin de soufre et de cuivre. Même si la betterave bio est à 80 euros/t, le coût de main-d’œuvre fait vite passer le résultat de positif à négatif.

 

Propos recueillis par Richard Cremonini

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