Laurence Sellos, agricultrice, candidate à une second mandat à la présidence de la Chambre de la Seine-Maritime
« Nous sommes à la croisée des chemins, bien des choses sont encore à faire »
Dans le cadre des élections à la Chambre d’agriculture qui se tiennent en ce moment et jusqu’au 31 janvier, Laurence Sellos, qui conduit la liste FNSEA 76-JA 76, répond aux questions de la rédaction.
Dans le cadre des élections à la Chambre d’agriculture qui se tiennent en ce moment et jusqu’au 31 janvier, Laurence Sellos, qui conduit la liste FNSEA 76-JA 76, répond aux questions de la rédaction.
Pourriez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
« J’ai 55 ans et suis éleveuse de poules pondeuses en plein air à Alvimare. L’ensemble de ma production d’œufs est commercialisé en circuits courts sur le département. Je suis associée avec mon fils Adrien (30 ans) depuis 2019. Après avoir suivi un cursus en école de commerce et été contrôleur de gestion, j’ai fait un BPREA à 25 ans pour rejoindre le secteur agricole. J’ai trois autres enfants qui eux aussi ont changé de parcours et choisi entre 25 et 30 ans de rejoindre des exploitations. C’est pour cela que j’insiste souvent sur le fait qu’il est possible de se former à tout âge dans le secteur agricole – aussi bien en tant que chef d’exploitation que salarié –, et que nos différents établissements agricoles seinomarins proposent de nombreuses formations, très accessibles et porteuses de débouchés. C’est aussi la raison pour laquelle je préside Naturapôle car je crois en la formation tout au long de la vie et qu’il est essentiel que nous soyons, nous professionnels, très impliqués dans l’enseignement agricole (privé comme public) pour insuffler le volet agricole et s’assurer que les référentiels soient en adéquation avec les besoins de la profession tant en termes de formation des chefs d’exploitation que des salariés. »
Que retenez-vous de votre mandature qui s’achève à la présidence de la Chambre d’agriculture ?
« Je suis très fière du bilan et du travail accompli. L’équipe que nous formons, avec un bureau très impliqué, a travaillé d’arrache-pied pour faire avancer notre secteur, participé pleinement à la vie de la Chambre et à tous les mandats dans lesquels nous avons des sièges. Le travail d’équipe qui a été mené, et qui, je tiens à le souligner, est très chronophage, a toujours été guidé par l’intérêt de défendre le collectif, l’ensemble des agriculteurs. Pour ce faire, il a été nécessaire d’acquérir la confiance des pouvoirs publics, des collectivités locales et de tous les partenaires du monde rural. Nous avons eu à cœur de construire des choses qui soient en adéquation avec les besoins de l’agriculture ; et pas avec des idées hors-sol ou complètement dogmatiques. Car oui, il faut sans cesse ramener du pragmatisme et de la réalité dans les échanges avec nos différents interlocuteurs et tout cela se construit sur un temps long. Lubrizol a été à cet égard un accélérateur au commencement de mon mandat. Il a fallu réagir vite, en adéquation avec les besoins des agriculteurs impactés et la nécessité d’informer les responsables et administrations avec force et justesse afin qu’ils comprennent rapidement la situation et agissent en conséquence. La confiance créée à ce moment-là a été fondamentale pour la suite de mon mandat et c’est ce que nous avons construit avec mon équipe. Aujourd’hui, j’estime que nous avons posé les bases de nombreuses actions à venir. »
Que vous reste-t-il à faire en termes de projets ?
« L’agriculture est en perpétuelle évolution, il y a donc toujours fort à faire. Maintenant nous sommes à la croisée des chemins en Seine-Maritime. Dans les 10 prochaines années, la moitié des agriculteurs vont partir à la retraite. Même en Seine-Maritime c’est un défi car nous devons installer des jeunes bien formés, conscients des enjeux et qui pourront vivre de leur métier. Nous avons des conditions pédoclimatiques encore très favorables au regard de nos collègues des autres régions, un sol qui n’a pas été maltraité car nous avons la chance d’avoir encore beaucoup de polyculture-élevage, même si elle s’en va petit à petit, et c’est bien pour cela que dans notre programme nous affirmons qu’il faut la maintenir voire la développer. Elle participe pleinement à la fertilité de nos sols. Nous avons encore tous les atouts sur notre territoire pour relever le challenge du changement climatique, de la décarbonation de l’agriculture, tout en continuant à faire progresser nos résultats techniques. Nous savons que, nous agriculteurs, avons notre part à jouer dans la protection de la ressource en eau, et c’est le défi de cette nouvelle mandature qui s’ouvre. Il nous faut aller chercher des moyens qui vont permettre aux agriculteurs d’assurer cette transition en maintenant du revenu et des projets. De même, nous devons être force de proposition et de bon sens face aux pouvoirs publics pour reprendre la main sur un certain nombre de sujets qui ne sont pas menés efficacement, à l’instar de la politique de l’eau qui est pour l’heure conduite. »
Qu’avez-vous à dire à ceux qui ne souhaitent pas voter aux élections Chambre ?
« Nous sommes une vraie équipe et c’est aujourd’hui le moment de transformer toute la confiance que nous avons créée avec les différents acteurs du territoire pour continuer à emmener l’ensemble des agriculteurs. Nous sommes, nous agriculteurs, une vraie force et une forte participation est une condition indispensable pour bien vous représenter. J’en ai envie et j’y crois, ça me motive. »•
Propos recueillis par Laurence Augereau