L'importance de connaître son coût de production
La mise en place d'indicateurs de coûts de production est devenue incontournable pour assurer une rémunération suffisante des agriculteurs dans la chaîne alimentaire.
La mise en place d'indicateurs de coûts de production est devenue incontournable pour assurer une rémunération suffisante des agriculteurs dans la chaîne alimentaire.
Si le niveau des coûts de production permet d'apprécier la performance économique des exploitations et si leur connaissance précise a constitué et constitue toujours une voie de progrès pour les agriculteurs pour améliorer leur rentabilité, les évolutions législatives récentes ont renforcé leur intérêt.
Ainsi l'Observatoire de la formation des prix et des marges créé en 2010, et qui publie chaque année son rapport sur la situation des différentes filières, se base sur les prix de revient des agriculteurs pour mesurer le partage de la valeur le long de la chaîne alimentaire. Plus récemment, les lois Egalim ont prévu la mise en place d'indicateurs de coûts de production dans les différentes filières pour fournir des éléments objectifs aux négociations commerciales entre industriels et distributeurs. Élaborés par les instituts techniques, ils sont mis à la disposition des interprofessions. Leur importance est donc stratégique car la loi prévoit une sanctuarisation de la matière première agricole (MPA) et donc des prix de revient des agriculteurs. Sans parler de leur utilisation pour les comparaisons internationales qui permettent d'évaluer la rentabilité des différents systèmes d'élevage chez les principaux producteurs mondiaux.
Méthodologie impartiale
Encore faut-il se mettre d'accord sur le périmètre de ces coûts et une méthodologie incontestable pour les élaborer. C'est à quoi ce sont attelés différents instituts techniques. Dans les filières ruminants, l'Institut de l'élevage a construit différents coûts de production pour les différentes espèces à partir de trois postes de charges : les charges courantes (alimentation, énergie, produits véto...), la rémunération du capital de l'exploitant (foncier et capitaux propres) et l'amortissement. À comparer avec les recettes qui proviennent de la vente des produits, celle des produits annexes (viande par exemple pour les producteurs de lait) et des subventions. Le solde est la rémunération de travail qui devrait atteindre deux Smic par unité de main-d'œuvre.
Chez les volailles de chair et les poules pondeuses, c'est l'aliment du bétail qui constitue le principal poste de charge. D'où l'importance d'être attentif à ce poste qui constitue 60 à 65 % des charges de production avec de surcroît des prix des matières premières très volatils. Ainsi l'Institut technique de l'aviculture publie chaque semaine différents indices permettant d'avoir une estimation précise de ce coût et de suivre son évolution.
Dans les fruits et légumes, la situation est encore plus compliquée eu égard à la grande variété des productions, de leur caractère saisonnier ou pas, de la culture sous serre ou en plein champ... Et que dire des caprices de la météo qui influencent également la demande. Ainsi le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes s'attache à publier différents indicateurs issus de différentes sources, les Centres d'économie rurale, les Chambres d'agriculture, l'observatoire des exploitations de fruits et légumes... Toutes ces sources convergent pour retenir que la main-d'œuvre constitue le principal poste de coût, de l'ordre de 20 à 30 % devant l'énergie qui a fortement augmenté ces dernières années. Et même si la contractualisation n'est pas très développée dans ce secteur et où prévaut la loi de l'offre et de la demande, la connaissance des coûts reste précieuse pour les producteurs et les arbitrages qu'ils peuvent faire.•