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L'Europe et le maillage local pour faire perdurer l'élevage

Lors de son assemblée générale, jeudi 30 mai à Caen (14), la FRSEA de Normandie a conduit une table ronde sur l'avenir de l'élevage. Des intervenants de divers horizons ont pu faire écho des stratégies locales, nationales et même internationales pour maintenir l'élevage.

"Quel avenir pour l'élevage en Normandie ?" Cette question est au cœur de bien des débats ces derniers mois. Il faut dire que la problématique préoccupe dans les campagnes, autant qu'elle divise l'opinion publique. Chacun y allant de son commentaire. "L'élevage, c'est une priorité pour notre région", clarifie Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA de Normandie. Pour débattre des solutions à mettre en place pour sauver l'élevage, elle a convié "des intervenants de valeur afin de regarder ailleurs pour mieux voir chez nous" lors de l'assemblée générale du syndicat, jeudi 30 mai à Caen. Hélène Hertgen, directrice de la transformation à la FNSEA, a animé la rencontre.

Point de situation

"On sent qu'il y a une accélération de la décapitalisation laitière et allaitante depuis l'augmentation des prix de la viande", affirme d'entrée de jeu Nicolas Dumesnil, président d'Interbev Normandie. Entre 2021 et 2023, la Normandie a perdu environ 10 000 vaches allaitantes d'après l'Interprofession. À l'horizon 2035, si le phénomène perdure à cette cadence, une baisse de 30 % du cheptel bovins pourrait être observée. Face à cette tendance, "il y a une prise de conscience collective", atteste-t-il.

Le Conseil régional, en étroite collaboration avec la profession agricole, a lancé en avril dernier son plan de "reconquête de l'élevage".

La Région accompagnera les éleveurs avec une aide forfaitaire à la vache ou génisse à hauteur de 200 euros par an, avec un engagement minimum d'augmenter le troupeau de 20 animaux. L'Interprofession s'engage à financer 50 euros par veau sevré, âgé de moins de 2 mois et pesant au minimum 50 kg. "C'est un projet expérimental, il n'y en a pas d'autres en France. L'objectif : développer notamment la filière petits veaux et des ateliers d'engraissement", précise Florence Mazier, présidente de la commission agricole de Normandie, laquelle confirme un boom des appels téléphoniques d'agriculteurs intéressés, "mais encore peu de dossiers déposés en ligne".

L'Europe, actrice phare

S'il a rappelé ne pas être opposé au traité de libre-échange, Yohann Barbe, président de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), convient que l'élevage ne pourra être sauvé sans clauses miroirs. Des propos également partagés par Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne, qui suit le sujet de près à Bruxelles. "Il faut européaniser les règles afin d'éviter les distorsions de concurrence. L'objectif est triple : assurer du revenu, accompagner à la transformation agroécologique et protéger contre la concurrence déloyale, à l'intérieur du marché européen comme à l'extérieur", affirme-t-elle. Des challenges partagés dans les autres pays européens. "Les défis en Irlande sont les mêmes. Nous exportons 450 000 tonnes de viande bovine", indique Liam Mc Hale, directeur de l'Irish Farmers'Association (IFA). Face aux importations de lait en poudre venant d'Ukraine, la Bulgarie observe une baisse du secteur laitier de 36 %. En revanche, l'exportation des gros bovins a bondi de 326 %. "Quand on démarre de zéro, c'est plus facile de faire de tels chiffres. L'ouverture des marchés en Turquie y est pour beaucoup", reconnaît Stoyan Tchoukanov, membre bulgare du Comité social et économique de l'Europe.

Préserver le local

La préservation de l'élevage ne se fera pas sans l'Europe, et tous les intervenants s'accordent sur l'importance de préserver les services locaux. "Il faut privilégier les coopératives. C'est ce qui rend nos agriculteurs plus forts", affirme Tobias Gräs, représentant du Conseil danois de l'agriculture et de l'alimentation. "L'esprit de filières, c'est l'important. Il faut bâtir et faire perdurer des outils industriels qui tournent à pleine capacité de production", ajoute Arnold Puech d'Alissac, président de l'Organisation mondiale des agriculteurs (Oma). Pour Yohann Barbe, Egalim fait partie de la solution : "Il faut retravailler la loi pour l'adapter par rapport à un besoin d'évolutions, pas que la filière laitière. Les conseils d'administration des coopératives devraient pouvoir mettre en place la dynamique des prix." Actuellement en France, seuls 25 % des bovins sont contractualisés.

Espoir

Si certains chiffres peuvent faire peur, d'autres sont tout de même encourageants. En 2023, 68 % des installations agricoles aidées se sont faites en bovins pour seulement 17 % en grandes cultures. "On est encore loin de remplacer l'élevage qui reste le facteur principal d'installations en Normandie", rassure Emmanuel Roch, président des Jeunes agriculteurs Normandie. "La viande a encore une belle place, tout comme nos éleveurs. Il faut continuellement nous adapter. [...] On a besoin de nos unités de transformation, comme elles ont besoin de producteurs", a conclu Anne-Marie Denis.•

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