Les niveaux de vie des ménages agricoles
Les bénéficies agricoles ne constituent qu'une partie du revenu disponible des ménages agricoles. Leur niveau de vie dépend des salaires et des traitements perçus mais aussi des indemnités de chômage, des pensions de retraite et des revenus du patrimoine.
Les bénéficies agricoles ne constituent qu'une partie du revenu disponible des ménages agricoles. Leur niveau de vie dépend des salaires et des traitements perçus mais aussi des indemnités de chômage, des pensions de retraite et des revenus du patrimoine.
Dans quelle mesure le niveau de vie des ménages agricoles est-il lié aux bénéfices agricoles de leur exploitation ? Une récente étude d'Agreste (ministère de l'Agriculture) donne des éléments de réponse en s'appuyant sur les déclarations des revenus des personnes qui composent les ménages agricoles dont au moins l'une d'elles est agriculteur/trice.
22 % issus du patrimoine
Parmi les ménages agricoles, l'écart de niveau de vie de ses membres est plus élevé que dans l'ensemble de la population. Entre les démunis du 1er décile et les plus aisés du 9e décile, il est de 1 à 4 en moyenne contre 1 à 3,4 dans l'ensemble de la population française. En 2020, le niveau de vie des ménages d'éleveurs ovins viande du 1er décile (9 100 euros/pers) était même cinq fois plus faible que celui des ménages les plus aisés du 9e décile, à la tête d'exploitations grandes cultures (51 200 euros/pers). Depuis, la hiérarchisation des revenus a bien évolué. Toutes Otex* confondues, le revenu disponible des ménages agricoles était en moyenne de 44 600 euros/pers. Mais le niveau de vie médian (22 800 euros/pers) était proche de l'ensemble de la population française (22 400 euros/pers). Seuls 34 % du revenu disponible des ménages agricoles proviennent des bénéfices agricoles de l'exploitation, 45 % des autres revenus d'autres activités (traitement, salaires, indemnités de chômage), 15 % des pensions, retraites et rentes, 22 % des revenus du patrimoine et 4 % de prestations sociales. À ces revenus sont déduits 19 % d'impôts directs. Parmi l'ensemble de ces ménages agricoles, 16,2 % des personnes ont un revenu disponible inférieur au seuil de pauvreté, un taux supérieur de près de 2 points à l'ensemble de la population française.
Seuil de pauvreté
Lorsque l'agriculteur pourvoit seul au revenu de sa famille, le niveau de vie médian dans son ménage est de 18 100 euros/pers. Il provient en moyenne à 48 % de bénéfices de son exploitation. Le reste est composé de salaires et de rentes. Mais ce même niveau de vie médian passe à 23 400 euros/pers quand au moins une personne non exploitante travaille hors de l'exploitation et rapporte des salaires ou des traitements au ménage. Il atteint 26 900 euros/pers dans les grandes exploitations (25 % des ménages) même si des personnes du ménage travaillent parfois à l'extérieur**.
Autrement dit, avoir un membre de sa famille qui travaille hors de l'exploitation a quasiment autant d'impact sur le niveau de vie des ménages agricoles que d'être à la tête d'une grande exploitation, même parmi les ménages les plus démunis du 1er décile. En effet, le niveau de vie est supérieur de 5 000 euros/pers comparé aux ménages dont seul l'exploitant travaille (6 300 euros/pers versus 11 900 euros/pers). Dans les 9 % de ménages où tous ses membres travaillent sur l'exploitation, le niveau de vie médian de 21 000 euros/pers est inférieur de 2 400 euros/pers à celui des exploitations où au moins une personne travaille à l'extérieur. Mais parmi les ménages les plus aisés (9e décile), la hiérarchie est inversée. Le niveau des premiers (46 500 euros/pers) est supérieur de 2 000 euros/pers aux seconds. En fait, l'activité agricole est risquée, pour le pire comme pour le meilleur. Dans les ménages composés uniquement d'agriculteurs, 23,4 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté contre de 13,6 % pour les ménages dotés de plusieurs sources de revenus extérieurs.•
* Orientation technico- économique des exploitations.
** Pourcentages croisés, la somme ne peut pas être égale à 100 %.