Le Sedima Normandie se projette en 2030
Quid des services que devra apporter un distributeur de matériels agricoles en 2030 ? Le Sedima Normandie, que préside Pascal Blanchard, a tenté d’y répondre le 1er décembre dernier lors d’une table ronde.
Quid des services que devra apporter un distributeur de matériels agricoles en 2030 ? Le Sedima Normandie, que préside Pascal Blanchard, a tenté d’y répondre le 1er décembre dernier lors d’une table ronde.
Le Sedima Normandie (syndicat des entreprises de service et distribution du machinisme agricole, d’espaces verts et des métiers spécialisés) a tenu sa réunion annuelle le 1er décembre dernier à Caen (14). Pascal Blanchard (son président, Groupe Blanchard) et la trentaine de professionnels présents se sont penchés sur la Ferme Normandie à l’horizon 2030. Pour éclairer le débat, Bertrand Marie (Crédit Agricole Normandie) et son homologue Jérôme Lemaire (Crédit Agricole Seine Normandie) ont dressé un état des lieux et ses prospectives dans les secteurs du lait et des céréales. Un véritable challenge tant la seule certitude reste l’incertitude des marchés. Dans ce contexte, les distributeurs de machines agricoles naviguent sur le même bateau que celui de leurs clients agriculteurs avec son flot d’écueils : envolée des coûts énergétiques, problèmes de délais de livraison, manque de main-d’œuvre. « Actuellement en Normandie, on recherche 1 000 collaborateurs dont 600 dans les ateliers avec un niveau minimum bac pro ou BTS. Dans chacune de nos concessions, il nous manque un ou deux techniciens », rappelait il y a peu Katia Josse (directrice administrative et financière des Éts Josse-27) chez nos confrères de France 3 Normandie.
Un marché dynamique malgré tout
Pas de défaitisme pour autant. Depuis trois ans, Agilor (outil de financement du matériel proposé par le Crédit Agricole) fonctionne à allure soutenue. Les 2 700 petites et moyennes entreprises (PME) françaises adhérentes au Sedima, qui représentent 35 000 salariés et qui réalisent 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires (70 % du marché national), ont encore du pain sur la planche. Du pain blanc encore pour longtemps ? La question mérite d’être posée, car face à des constructeurs (notamment les fulls-liners) souhaitant une réduction drastique du nombre de distributeurs, les outils de proximité doivent anticiper une potentielle restructuration parfois à marche forcée. Ils s’interrogent sur le modèle économique qui sera le plus pertinent, demain, pour répondre comme hier aux attentes de leurs clients agriculteurs, entrepreneurs de travaux agricoles ou bien encore Cuma.
La relation humaine
Pour résoudre l’équation, Pascal Blanchard avait invité Henri Pomikal, céréalier et producteur de cultures industrielles dans le Calvados, à témoigner. Il a démarré sa carrière il y a 40 ans sur un tracteur Porsche pour presque tirer sa révérence de chef d’exploitation sur une flotte de cinq tracteurs, toujours allemands, mais de couleur verte, qui ont monté en puissance. Cependant, au-delà de la marque, c’est la relation humaine qu’Henri Pomikal a mise en avant, « la base d’une relation de confiance ». Il ne pratique pas le e-commerce pour acheter ses consommables et gagner ainsi quelques euros. « Cela me paraît normal d’aller s’approvisionner en lubrifiant chez le distributeur local qui vous a vendu le matériel ». De quoi satisfaire l’assistance à qui il a relayé d’autres messages comme « la qualité de service en termes de réactivité et de capacité d’innovation ». Une allusion à la récolteuse automotrice de chanvre, un modèle unique au monde qui est passé en un temps record du statut de prototype à celui d’opérationnel, dont il avait passé commande à un constructeur belge. Un micro marché et un marché spécifique certes, mais une marque de différenciation appréciée par des agriculteurs en quête de nouvelles têtes d’assolement dans un contexte d’abandon de la culture de la betterave sucrière par Saint-Louis Sucre dans certains territoires régionaux et de réchauffement climatique.
Alors « oui », le marché agricole offre encore de belles opportunités (dans le lin, l’irrigation en Normandie, la robotique dans les champs ou sous la stabulation...). La distribution, sous condition d’être en capacité de s’adapter, peut croire en son avenir. Elle doit le faire savoir en revendiquant haut et fort ses savoir-faire et ses valeurs. La presse professionnelle agricole sera toujours à ses côtés pour l’accompagner dans sa communication positive. •