Prix du lait
Lait : la rentrée s’annonce explosive dans les exploitations
Des éleveurs laitiers de Seine-Maritime ont organisé à la mi-août une visite sur une exploitation pour faire part de leur colère grandissante à l’égard de nombre d’acteurs qui n’ont pas joué le jeu de la revalorisation du prix du lait tandis que l’augmentation des charges et la sécheresse handicapent lourdement les trésoreries et l’avenir même d’un pan entier de l’agriculture française.
Des éleveurs laitiers de Seine-Maritime ont organisé à la mi-août une visite sur une exploitation pour faire part de leur colère grandissante à l’égard de nombre d’acteurs qui n’ont pas joué le jeu de la revalorisation du prix du lait tandis que l’augmentation des charges et la sécheresse handicapent lourdement les trésoreries et l’avenir même d’un pan entier de l’agriculture française.
« Industriels, coopératives laitières et GMS tuent nos exploitations en accaparant la plus-value, déplore en introduction Luc Renault, éleveur laitier installé à Saint-Vaast-du-Val, qui, ce 12 août, reçoit la presse sur son exploitation. Le constat est sans appel et les négociations commerciales qui se sont tenues ces derniers mois avec ces acteurs l’attestent. Malgré la loi Egalim, nous sommes encore et toujours la variable d’ajustement de ceux qui travaillent avec notre lait. Ce n’est plus réalisable du tout ». « Je suis pessimiste ». ajoute-t-il. Corinne Viard, éleveuse à Saint-Martin-aux-Buneaux, et Franck Grémont, éleveur à Petit-Caux et président de la section lait de la FNSEA 76, le sont tout autant.
L'avenir du métier assurément compromis
« La production laitière française baisse, de même que la production européenne et mondiale. Pas seulement parce que les vaches produisent moins, explique Luc Renault, mais parce qu’il y a de moins en moins de producteurs laitiers. Et ceux qui manquent à l’appel aujourd’hui sont des gens qui produisaient, pour l’essentiel, de très gros volumes. Un million de litres par an souvent ». « Il est important de préciser, souligne-t-il, que lorsqu’un éleveur arrête de produire, les bêtes sont vendues et il ne s’y remet jamais par la suite ». L’avenir de la production laitière sur le territoire s’annonce même bien sombre car « pendant des années, malgré la baisse de producteurs, les fermes présentes grossissaient en termes de volumes. Aujourd’hui ce n’est plus du tout le cas. » « Chacun cherche à optimiser son volume, renchérit Bruno Ledru, éleveur à Bosc-Guérard-Saint-Adrien et membre de la section lait de la FNSEA 76, mais personne n’augmente son cheptel, ce qui nécessiterait souvent des investissements bien trop importants en vertu de la réglementation. Aujourd’hui, chacun a les yeux rivés sur les augmentations de charges en raison de l’inflation, et les épisodes de sécheresse comme ceux que nous venons de vivre découragent les plus optimistes ».
La rentrée va être très tendue, pour ne pas dire explosive chez les éleveurs normands. Outre la hausse des charges, la sécheresse oblige à puiser dans les stocks de fourrage prévus pour l’hiver. « La pénurie de lait ne devrait toutefois pas gagner la Normandie, souligne Bruno Ledru, mais nul doute que la colère des éleveurs grandit ».
Les actions à venir
« Au 1er septembre, nous attendons très concrètement des hausses dans les GMS, ajoute-t-il. Nous allons remplacer la police de la concurrence et tous ceux qui ont des produits laitiers qui ne correspondent pas aux critères d’Egalim 2 seront sanctionnés ». « Nous demandons juste à faire respecter la loi », rappelle-t-il.
Dans quelques jours, la FNSEA 76 enverra un courrier à tous les intermédiaires de la filière pour rappeler l’enjeu.
Au niveau national, la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), par l’intermédiaire de son président, Thierry Roquefeuil, vient d’annoncer qu’elle allait « saisir le médiateur des relations commerciales agricoles pour éclairer les dysfonctionnements dans l’application de la loi Egalim 2 ». •
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