La paille, prête à relever le défi du bâtiment
Souvent considérée comme un résidu agricole, la paille de blé connaît aujourd'hui un regain d'intérêt dans le secteur du bâtiment. Les futures règles de la construction, RE2028 et RE2031, impulseront un changement de braquet en matière d'objectif carbone.
Souvent considérée comme un résidu agricole, la paille de blé connaît aujourd'hui un regain d'intérêt dans le secteur du bâtiment. Les futures règles de la construction, RE2028 et RE2031, impulseront un changement de braquet en matière d'objectif carbone.
L'obligation d'utiliser des matériaux biosourcés passe d'un simple encouragement en 2020 à 50 % obligatoires en 2028, et majoritaires en 2031. La paille de blé, isolant thermique et phonique, local, sain, renouvelable, puits de carbone et à faible énergie grise, a tous les atouts pour relever le challenge. La maison Feuillette, construite en bois et paille à Montargis (Loiret) en 1920 et toujours aussi fière 105 ans après, finira de convaincre les réticents.
Du champ au chantier : des acteurs normands
En France, la filière paille s'est organisée grâce à des acteurs nationaux comme le RFCP (Réseau français de la construction paille), et sur la base de règles professionnelles. Celles-ci assurent la garantie décennale du matériau. Elles régissent les dimensions et densité des bottes de paille, ainsi que leur mise en œuvre.
En Normandie, la Chambre d'agriculture, l'Arpe (Association régionale de promotion de l'écoconstruction), des bailleurs sociaux réunis dans Appel Paille, et Fibois notamment, travaillent à la visibilité des acteurs et à la connaissance de la paille comme matériau de construction pertinent. Plusieurs dizaines de constructions utilisent d'ores et déjà la paille en région, parmi lesquels des logements à Saint-Clair-sur- l'Elle (50), Cagny ou Bretteville-sur-Laize (14), des maisons de santé de Thiberville et Épaignes (27), des écoles à Argentan (61) et à Évreux (27), une crèche à Bréauté (76)...
Les agriculteurs normands produisent chaque année 1,9 Mt de paille récoltable. Premier maillon de la filière, ils deviennent ainsi acteurs de l'écoconstruction en se formant, en investissant dans des outils facilitateurs comme des groupeurs de balles, en approvisionnant les ateliers ou chantiers ou en construisant leur bâtiment avec de la paille.
Une gamme de produit "paille" qui s'étend
Pour faciliter l'usage de la paille dans le bâtiment, des innovations viennent compléter la traditionnelle petite botte de paille (36*46*80-120). Les artisans trouvent désormais des bottes à façon dont les largeurs et longueurs sont adaptées aux ossatures, telles des bottes en 22 cm de large. Des entreprises normandes se sont aussi équipées pour préfabriquer en atelier des modules ossature bois remplis en paille.
La paille hachée
La coopérative d'intérêt collectif Ielo a développé une alternative à la petite botte de paille. Elle mêle en son sein agriculteurs, artisans et architectes... Son objectif est de faire de la paille de blé un isolant performant, naturel et simple à mettre en œuvre par insufflation ou déversement. Pour cela, elle propose un isolant 100 % paille hachée conçu pour s'adapter facilement à tous types de projets, en neuf comme en rénovation.
Innovation
L'entreprise Copano dans les Pays de la Loire innove avec un procédé unique en Europe de fabrication de panneaux isolants rigides en paille cousue à froid, sans colle ni aucun additif. Ce matériau 100 % biosourcé allie la performance thermique au confort de pose.
Depuis cette année, Fibraterre en Normandie (lire page suivante) propose aussi des panneaux isolants en paille cousue. Son objectif est de nouer des partenariats locaux avec les agriculteurs et les acteurs du bâtiment pour fournir des milliers de logements construits et rénovés chaque année, dans un rayon de 150 km.•
Ne manquez pas le 3 octobre l'événement "BtoB paille et Rencontres de la construction paille", à Saint-Étienne-du-Rouvray.