La décroissance est-elle la seule solution ?
La FNSEA 76 a tenu son assemblée générale annuelle à Saint-Vigor-d’Ymonville lundi 3 mars. Plus de 150 adhérents et invités ont participé à ces travaux, centrés sur la protection de la ressource en eau.
La FNSEA 76 a tenu son assemblée générale annuelle à Saint-Vigor-d’Ymonville lundi 3 mars. Plus de 150 adhérents et invités ont participé à ces travaux, centrés sur la protection de la ressource en eau.
La décroissance n’est pas une option. La protection de la ressource doit pouvoir rimer avec production », a martelé Laurence Sellos, présidente de la Chambre d’agriculture. »
C’est avec cette question, un peu provocatrice, qu’a été formulée l’invitation à l’assemblée générale de la FNSEA 76. Le pari de cette communication offensive semble gagné puisque plus de 150 personnes se sont massées dans la salle polyvalente de Saint-Vigor-d’Ymonville. Et peut-être aussi que la présence du président de la communauté urbaine (CU) du Havre, Édouard Philippe, a fini de convaincre les derniers réticents de venir sur la Pointe du Havre, « au bout du bout », pour reprendre les termes de Charles Vimbert, président du syndicat local dans son mot de bienvenue. Laurence Sellos, présidente de la Chambre d’agriculture et Thierry Coué, secrétaire général adjoint de la FNSEA, ont accompagné Édouard Philippe dans la réflexion.
Un constat sans appel
Au-delà du titre accrocheur, la question centrale était la qualité de l’eau, et surtout, les actions à engager pour tenter de l’améliorer. Car comme l’a rappelé en introduction Samuel Méens, animateur de cette séquence, le bilan de la qualité de l’eau est loin d’être satisfaisant sur le volet phytosanitaire essentiellement. Ainsi, en Seine-Maritime, 30 % de la population est alimentée par une eau conforme aux limites de qualité pour les pesticides et métabolites recherchés en 2023. Autrement dit, 70 % de la population consomme une eau potable après que des opérations de traitements aient été réalisées. De l’aveu de tous les participants, ce bilan factuel nécessite que des actions soient menées pour inverser cette tendance. « Le sujet est sérieux et mérite donc que nous y répondions sérieusement », a ainsi lancé Édouard Philippe qui a rappelé au passage que la CU comptait 12 captages qui alimentaient 275 000 habitants. « L’urgence à agir est d’autant plus grande que la facture du traitement de cette eau, payée par les consommateurs finaux, s’alourdit d’année en année ». Pour la profession agricole, si l’enjeu central est la qualité de l’eau « il faut aussi considérer qu’en protégeant l’eau, les agriculteurs protégeront aussi leurs sols, préserveront leur matière organique, et au final, n’en tireront que des bénéfices », a souligné de son côté Laurence Sellos, présidente de la Chambre d’agriculture départementale.
Être proactif
Alors, une fois ce constat posé, que faire, tant du côté des collectivités que de la profession agricole ? Pour Thierry Coué, secrétaire général adjoint de la FNSEA, mais surtout agriculteur en Bretagne, « les actions pour préserver l’eau ne pourront être engagées sans les agriculteurs mais aussi en associant toutes les parties prenantes, des collectivités aux agences de l’eau en passant par les services de l’État et l’ensemble du microcosme agricole ». Laurence Sellos, pour insister dans cette voie, a rappelé que cette volonté d’être acteur de ces changements et de ces transitions, était au cœur du projet porté par la liste JA 76 et FNSEA 76 lors des récentes élections Chambre. « La victoire de nos deux réseaux nous incite donc à continuer ce travail, avec et pour les agriculteurs du département ». Et Laurence Sellos de rappeler la signature, avec le préfet et la DDTM d’une charte d’engagement pour la protection de la ressource déclinable dans les territoires à enjeux mais aussi tout le travail mené, avec les agriculteurs concernés pour lutter contre l’érosion. « Nous sommes convaincus que la solution passera par notre capacité à nous prendre en main, à proposer des actions en phase avec les réalités du monde agricole », a insisté Laurence Sellos.
Du côté de la CU, Édouard Philippe a rappelé les engagements déjà pris par la collectivité en matière d’accompagnement financier – via des paiements pour services environnementaux ou de la mise en place de l’hydraulique douce par exemple –, mais aussi technique. Toutefois, au-delà de ces actions, Édouard Philippe, qui se dit « prêt à travailler sur la protection de la ressource », a aussi évoqué « la nécessité d’avoir une stratégie claire de ce que nous voulons pour l’agriculture et la souveraineté alimentaire française et européenne », sans en dire davantage regretteront certains. Alors pour répondre à la question posée, Laurence Sellos a, sans hésiter, martelé que la décroissance « n’était pas une option », soulignant que la protection de la ressource en eau devait « pouvoir rimer avec production ».
Faire de la FNSEA 76 un reflex pour les agriculteurs du département
Outre cette table ronde, cette assemblée générale a été l’occasion de revenir sur la vie syndicale de la FNSEA 76 au travers du rapport d’activité présenté par Stéphane Donckele, secrétaire général de la FNSEA 76.
Dans sa conclusion, Bruno Ledru, président de la fédération, a tiré les enseignements des dernières élections à la Chambre d’agriculture desquelles sont sorties vainqueurs les listes JA 76 et FNSEA 76. « Nous avons entendu le message des urnes. À nous d’aller plus encore sur le terrain, à l’écoute des agriculteurs. Nous devons leur donner le conseil, l’information dont ils ont besoin pour être plus autonomes dans leur choix », a souligné Bruno Ledru pour qui « la FNSEA 76 doit être utile aux agriculteurs, en toutes circonstances, tant dans leur défense collective qu’individuelle. Nous devons être le réflexe des agriculteurs en recherche de solutions ou d’accompagnement ».•
Édouard Philippe rappelle son attachement au projet de ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN)
Se prêtant au jeu des questions-réponses, Édouard Philippe a réaffirmé son souhait de voir se concrétiser le projet de nouvelle ligne. Selon lui, « la liaison ferroviaire entre la Normandie et Paris ne cesse de se dégrader avec des conséquences notables en matière d’attractivité économique ». Une nouvelle ligne permettrait donc d’y remédier tout en dégageant des faisceaux de circulation pour le fret et les nombreux conteneurs qui quittent aujourd’hui le port par la route. Pour ces deux raisons, « le projet est excellent pour Le Havre, pour la Normandie et pour le Pays », a-t-il conclu.