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Jérôme Mottey nettoie ses parcelles au chanvre

Jérôme Mottey, céréalier dans la plaine sud de Caen à Habloville (61), cultive du chanvre à destination de la plasturgie depuis plus de 10 ans. Il travaille avec l'entreprise AgroChanvre située à Barenton (50). Nous sommes allés à sa rencontre lundi 26 août.

"Le chanvre est une culture vraiment intéressante d'un point de vue agronomique", lance Jérôme Mottey. Ses atouts sont multiples : c'est une excellente tête de rotation, il améliore le rendement des céréales suivantes, il nettoie les parcelles, ameublit le sol, nécessite peu d'engrais et requiert l'épandage d'aucun produit phytosanitaire. Les seuls inconvénients sont le matériel de récolte et le développement de la filière. "Dans l'itinéraire technique du chanvre, tout se joue au moment de la préparation de la parcelle et lors de l'implantation de la culture, après on est tranquille", témoigne l'agriculteur.

Isolation au chanvre

"À l'origine, je me suis intéressé au chanvre en 2011 lorsque j'ai dû refaire l'isolation de ma maison. Le chanvre était présenté comme un très bon isolant et en creusant la question, j'ai vu que la chanvrière de l'Aube en fabriquait. J'ai remarqué tous les aspects positifs liés à cette culture et j'ai saisi l'opportunité pour me lancer. J'ai commencé à cultiver du chanvre et j'ai très vite remarqué que la culture permettait une bonne préparation de la terre ce qui était particulièrement utile surtout avant les betteraves sucrières, explique Jérôme Mottey. Dans les terres argileuses fortes, la structure du sol est grandement améliorée pour plusieurs années grâce aux racines profondes et pivotantes de la plante", constate-t-il. Il y a 10 ans, ils étaient nombreux à s'être lancés dans cette nouvelle culture. Malheureusement aujourd'hui, ils ne sont plus que 3-4 dans le secteur et la filière peine à se développer.

Beaucoup d'avantages peu d'inconvénients

"Le matériel de récolte n'est pas encore au point même après 10 ans ou alors il est très coûteux et cela nécessiterait un investissement collectif", soulève l'agriculteur. Malgré tout, Jérôme Mottey continue à semer ses 5 ha de chanvre chaque année. "J'aime cette culture et je pense qu'elle présente nettement plus d'avantages que d'inconvénients. Mes blés de chanvre rendent toujours très bien. Je sème en direct après la récolte sans souci. L'atout de cette culture c'est aussi de couper les cycles des maladies et de réduire la pression des adventices ce qui lui confère un effet nettoyant sur les parcelles. Et, cerise sur le gâteau, le chanvre ne nécessite l'utilisation d'aucun produit phytosanitaire : ni désherbant, ni fongicide, ni insecticide !", se félicite-t-il. Il est reconnu, au même titre que la luzerne ou les pois, pour les gains de rendements qu'il permet d'obtenir sur la céréale suivante. Si la levée se réalise dans de bonnes conditions, il se comporte comme une plante étouffante et empêche toute rivalité avec les adventices. Cela permet une économie de main-d'œuvre considérable. "Avec le chanvre, on va semer, fertiliser et récolter, sans avoir besoin de revenir dans sa parcelle. Pour une personne qui souhaiterait se lancer, ce n'est pas une culture compliquée. Il faut simplement éviter les mauvaises terres (caillouteuses) et assurer une bonne implantation. Ensuite, il n'y a plus qu'à regarder les plantes pousser", s'amuse Jérôme Mottey. Plus simplement, cela fait une culture supplémentaire dans l'assolement et permet donc d'allonger la rotation. Cette diversification participe ainsi à améliorer la qualité du sol, la production, la biodiversité associée et permet un meilleur contrôle des parasites et des maladies. Enfin, dans un contexte où le climat semble être de plus en plus aride [exception faite dans le Nord-Ouest ces deux dernières années ndlr], il semble important de rappeler que la culture de chanvre est peu consommatrice en eau et présente une bonne résistance à la sécheresse.

Itinéraire technique

"Je sème mon chanvre fin avril-début mai, après avoir détruit et attendu l'incorporation de mon couvert végétal hivernal. J'essaie de ne pas revenir sur mes parcelles avant 5 ans minimum. Avec un reliquat d'environ 45 unités d'azote, j'ajoute 90 à 100 unités que j'apporte en deux fois : 50 unités au semis puis 40 à 50 unités supplémentaires. J'ajoute aussi des oligo-éléments au moment du semis pour aider la plante à bien démarrer, détaille Jérôme Mottey. L'optimum pour la densité de semis se situe autour de 180 pieds/m2. En réalité, moi je suis plus autour des 100 à 140 pieds/m2. Cette année je suis même à 80 pieds/m2 ". Si l'agriculteur utilise la même variété (USO 31) que ceux qui cultivent pour le textile, sa densité de semis, elle, est bien inférieure." Mais, c'est normal puisqu'on ne cherche pas à valoriser les mêmes parties de la plante, analyse-t-il. Pour produire du chanvre pour la plasturgie, ce dont Agrochanvre [l'entreprise avec laquelle Jérôme Mottey travaille ndlr] a besoin, il faut attendre que 90 % des graines soient mûres", poursuit-il. D'après lui, son champ devrait être fauché aux alentours du 9 septembre. Tout l'enjeu sera de ne pas trop attendre pour éviter que les oiseaux, et notamment les pigeons et les tourterelles, ne viennent picorer toutes les graines. Cette année en tout cas, "la parcelle est vraiment belle et augure donc de bons rendements", se réjouit l'agriculteur.•

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