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Itinéraire d’un filet agricole chez RecyOuest

L’entreprise RecyOuest a démarré la transformation de ficelles et filets agricoles en billes de plastique recyclé cet été. Alors que les machines sont encore en réglage, visite guidée – dans la peau d’un filet à recycler –
à Argentan (61) de ce process, sans eau ni produits chimiques, inspiré du textile.

Je suis un filet. J’emballe les balles rondes. J’ai pour propriétés de résister et d’être peu élastique. Lorsque je ne suis plus utile, on me stocke dans un coin, avant de m’emmener dans un point d’apport volontaire, lors des phases de collecte mises en place par la coopérative ou le négoce. Ici, c’est Adivalor qui me prend en charge : 70 à 80 sacs remplis de filets comme moi donnent, une fois compressés, une balle de 700 kg. Ensuite, on m’envoie à Argentan, dans l’Orne.

à Argentan

Là, RecyOuest me réceptionne.  « Nous sommes arrivés ici en mai 2021 », se souvient Pierre-Nicolas Mussillier, manager environnemental de l’entreprise de recyclage de ficelles et filets agricoles. Au départ, il y a Marcela Moisson. La Franco-Péruvienne s’est inspirée de techniques de nettoyage de la fleur de coton. Elle a adapté des machines de l’industrie textile pour fonder l’entreprise. Après un passage au Village By CA, la structure, portée par sa présidente fondatrice, Arnaud Trohel, directeur, et Pierre-Nicolas Mussillier lèvent des fonds (8 M€) et s’installent dans l’Orne. Les machines sont en rodage depuis cet été.

recyclage
en trois phases

Le filet que je suis entre dans la phase de préparation. Des opérateurs me séparent des ficelles et des erreurs de tri. Je suis placé sur un tapis roulant où la matière est approvisionnée pour que le flux soit régulier. C’est parti pour la phase de nettoyage : coupe, effilochage, battage. L’idée est de « séparer deux éléments similaires en poids par la ventilation. Ça fonctionne un peu comme une moissonneuse-batteuse », détaille le manager de RecyOuest.
Je suis coupé deux fois. De 11 m de long à l’entrée, je ressors en morceaux de 8-10 cm. Je suis conditionné en balles de 250 kg. La balle entre ensuite dans le process d’agglomération.
« La fibre est chauffée entre deux disques. Elle est compactée », poursuit Pierre-Nicolas Mussillier.
Et au passage, renettoyée. De fibre, je suis devenu des petits cailloux de plastique, comme recroquevillés par la chaleur d’une flamme de briquet, un peu verdâtres. Enfin, vient la troisième phase, celle de l’extrusion. Je passe dans une vis sans fin. Un nouveau coup de chaleur et j’en sors en format bille noire et ronde. « 50 % du poids de départ ressort en billes », précise le manager. Pour les ficelles bleues, le même itinéraire est appliqué.
Qu’y gagnent
les agriculteurs ?

« Les agriculteurs paient une taxe, appelée aussi écocontribution, de 240 euros/t de filet ou 8 euros par filet, qui finance la fin de vie du déchet. Si la filière fait ses preuves, cette taxe pourrait baisser », espère Pierre-Nicolas Mussillier.  

besoin de matière

Adivalor approvisionne Recy­Ouest avec 4 500 t de filets par an. « Nous pouvons transformer 13 500 t de filets et ficelles. Notre objectif est de traiter
350 t/mois ». L’entreprise envisage, dans un futur plus ou moins proche, de collecter en Europe.
RecyOuest assure avoir des prospects pour ses débouchés, mais continue de peaufiner son produit fini. Toujours en phase de rodage, elle a besoin de matière.
« Nous travaillons la qualité optimale du déchet. Il est important que les agriculteurs soient attentifs aux consignes de tri et aux bons gestes. » Aussi, plus les ficelles et filets seront triés à l’arrivée à Argentan, mieux ils se recycleront.
Pierre-Nicolas Mussillier poursuit : « les billes plastiques sont réutilisables dans le secteur industriel. Si un industriel veut, par exemple, produire des filets, il peut le faire en prenant nos billes et en y incorporant de la matière vierge. » Et ainsi, de filet, je redeviendrai filet. •
 

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