GDMA 76 : 70 ans d'action sanitaire au service de l'élevage
Le Groupement de défense contre les maladies des animaux de Seine-Maritime a célébré ses 70 ans lors de son assemblée générale le 28 mai à Bois-Guillaume. Malgré ses victoires passées, il a encore de nombreux combats à mener.
Le Groupement de défense contre les maladies des animaux de Seine-Maritime a célébré ses 70 ans lors de son assemblée générale le 28 mai à Bois-Guillaume. Malgré ses victoires passées, il a encore de nombreux combats à mener.
« Quand on parle de défense sanitaire, rien n'est jamais acquis ». Le président Guillaume Eudier n'a pas manqué de mobiliser ses troupes, lors de l'assemblée générale du Groupement de défense contre les maladies des animaux de Seine-Maritime (GDMA 76) le 28 mai à Bois-Guillaume. Pourtant, elles ont de quoi être fières, ces troupes. Voilà 70 ans qu'elles luttent contre les maladies des élevages ; avec un franc succès ! Créé en 1955, pour tenter d'éradiquer la fièvre aphteuse très présente dans la région (plus de 14 000 foyers recensés en 1952 dans le département, dans 20 % des élevages), le groupement a depuis atteint bien des objectifs. Exit la "cocotte" d'abord, puis la brucellose et la tuberculose... Maîtrisés aussi les varons.
Vers l'éradication de l'IBR ?
Aujourd'hui, d'autres ennemis sont dans le viseur : la paratuberculose, la BVD ou l'IBR. Ce dernier est aujourd'hui la base de la prophylaxie en élevage bovin. Et l'objectif est d'atteindre son éradication au plus tard au 31 décembre 2027... À condition toutefois de ne pas relâcher les efforts. « Des cheptels ont été recontaminés cette année », déplore Arnaud Dupressoir, vice-président du GDMA. Les victoires remportées sur le terrain sanitaire l'ont toutes été au prix d'un effort collectif considérable. Elles doivent être validées dans le temps par la vigilance de tous.
Vigilance, voilà le maître-mot. Les mesures de biosécurité, et notamment les contrôles à l'introduction, sont la première arme dont disposent les éleveurs. Et cela vaut même pour des pathologies dont on pensait ne plus entendre parler. La fièvre aphteuse fait ainsi un retour remarqué en Europe de l'Est.
Quant à la tuberculose elle reste présente dans certains départements, avec des situations parfois préoccupantes. Et la réintroduction annoncée du cerf en forêt de Brotonne inquiète. « Nous y sommes favorables, détaille Guillaume Eudier. Mais à condition que cette réintroduction soit faite sérieusement, avec des animaux prélevés dans des massifs indemnes. » Christophe Savoye, directeur du GDMA, insiste : « Nous serons très vigilants là-dessus ». Ce dernier rappelle qu'il aura fallu 25 ans d'efforts pour atteindre l'assainissement du massif.
FCO, MHE... la vaccination comme voie de salut
Et c'est encore cette force collective que le GDMA veut mobiliser pour faire front face à de nouvelles menaces. Les maladies vectorielles en tête. Fièvre catarrhale (FCO), maladie hémorragique épizootique (MHE) figurent parmi les ennemis du moment. Si des études sont lancées pour mieux comprendre la biologie des moucherons piqueurs contaminateurs, la vaccination massive est pour le moment la seule voie de salut.
« La prévention passe par l'application stricte des mesures vaccinales », insiste Guillaume Eudier... Les 62 foyers de FCO enregistrés en Seine-Maritime l'an dernier concernent ainsi tous des cheptels non vaccinés. Les conséquences économiques sont parfois lourdes. « Mieux vaut aller chercher l'immunité par le vaccin que par la maladie, poursuit le président. Ça fait moins mal ! » D'autant que même les animaux ne présentant pas de symptômes immédiats peuvent subir les conséquences de la maladie. « Une étude dans l'Est de la France montre que 25 % des taureaux testés positifs, bien que n'ayant pas affiché de symptômes, sont aujourd'hui stériles », relève Martine Vanbelle, vétérinaire conseil au GDMA.
Le coût de la vaccination, s'il existe, est donc souvent relatif comparé aux pertes dues aux maladies. Pauline Maisonnasse, enseignante-chercheuse à l'école vétérinaire de Nantes chiffre : « Dans le cas de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), le coût de la vaccination est évalué à 80 M€ par an. C'est beaucoup. Mais les pertes économiques consécutives aux épisodes de 2021 et 2022 sont estimées à plus d'un milliard d'euros ! » Le calcul devrait être vite fait...•
Génomique : de nouvelles perspectives
Prévention, lutte contre l’antibiorésistance, immunité collective… et ce, à moindre coût. Le vaccin est aujourd’hui l’un des outils les plus aboutis que la science met à disposition des éleveurs (et de l’humanité en général) dans la lutte sanitaire. Mais ce n’est pas le seul. La génomique permet aujourd’hui d’orienter la sélection génétique pour améliorer la résistance naturelle des cheptels aux maladies. C’est le cas pour la paratuberculose par exemple, pour laquelle il est possible de choisir des paillettes de taureaux résistants à la maladie. Ce programme, d’abord axé sur les races laitières se déploie aujourd’hui progressivement en races allaitantes. Une étude de faisabilité est aussi lancée pour disposer d’un indicateur “Fièvre Q”. La génomique devrait aussi venir au service de la lutte contre le parasitisme. Les GDS du Grand Ouest (dont le GDMA 76) conduisent ainsi depuis deux ans un programme d’étude baptisé Giverni destiné à mettre en évidence une éventuelle résistance génétique aux strongles gastro-intestinaux en race prim’holstein.