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Fruits et légumes : un plan de soutien sur 10 ans.

Chèque déjeuner, fruits à la récré, recherche, baisse de la consommation en bio… 2021 s’ouvre sur de nombreux chantiers pour la filière fruits et légumes.

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L’assemblée générale des Nations Unies a déclaré 2021 année internationale des fruits et des légumes, l’occasion de sensibiliser le public à leur rôle important dans la nutrition, la sécurité alimentaire et la santé humaine, ainsi que dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies.
© PIXABAY

2021 va être une année riche en évènements pour la filière fruits et légumes. Outre le fait qu’elle a été déclarée année internationale des fruits et légumes par la FAO, avec l’accord de l’ONU, 2021 verra aussi les 40 ans d’Aprifel, l’Agence pour la recherche et l’information en fruits et légumes. Aussi, tout en tirant les leçons de la crise sanitaire, les trois organisations interprofessionnelles du secteur du frais Interfel (l’interprofession), le centre technique (CTIFL) et Aprifel souhaitent faire de 2021 une année utile.

 

Plus de fruits et légumes frais

La crise sanitaire, et notamment le premier confinement, ont permis de montrer « la cohérence de notre filière et la résilience de notre organisation », se félicite Laurent Grandin, président d’Interfel. Le secteur estime, à juste titre, avoir rempli sa mission d’approvisionner les Français en produits sains et de qualité.

« Nous avons été en mesure de mettre en œuvre nos orientations et d’infléchir les décisions des pouvoirs publics », poursuit le président en rappelant les interventions auprès des préfets pour la réouverture des marchés fin mars, début avril. La crise a par ailleurs eu un effet bénéfique sur la consommation des fruits et légumes qui aurait augmenté de 5 % selon les premiers chiffres. Cette hausse est notamment due au développement du « cuisiné maison ».

Il faudra voir si ce phénomène perdure. Car un point de vigilance attire l’attention des professionnels : la baisse de 1 % des achats des fruits et légumes bio au troisième trimestre 2020. Cette baisse est certainement due « aux effets de la crise économique », estime Laurent Grandin. Cette situation arrive dans un contexte où la production de fruits et légumes bio augmente. La filière redoute un décalage entre l’offre et la demande.

2021 doit également s’inscrire dans « la continuité de notre plan de filière ». Dans ce cadre, l’ensemble des acteurs demande aux pouvoirs publics « un véritable plan de soutien aux fruits et légumes frais pour les 10 ans à venir ». Ce soutien passe notamment par la reprise en main du projet « Fruits et légumes à l’école ». Interfel dénonce depuis longtemps cet « échec français » qui voit notre pays n’utiliser que 10 à 15 % d’une enveloppe annuelle de 18 millions d’euros de fonds européens.

Pour 2021, s’appuyant sur la crise économique, Interfel propose d’utiliser ces fonds pour fournir des fruits et légumes frais aux plus démunis. Et à l’avenir, l’interprofession demande que la gestion de ces fonds soit confiée aux régions.

 

Adapter les cultures

Par ailleurs, la filière, qui demandait depuis longtemps l’instauration d’un chèque fruits et légumes, est disposée à s’inscrire dans le dispositif du chèque alimentaire proposé par Emmanuel Macron. Mais ce dispositif « ne peut être réservé à un seul circuit et à un seul mode de distribution. On ne comprendrait pas que ce soit réservé aux Amap et au bio », avertit Laurent Grandin.

Autre volet important, la recherche expérimentale. « Il faut adapter nos cultures au changement climatique » explique Jacques Rouchaussé, président du CTIFL. « Les orientations du centre se porteront sur la recherche variétale, l’innovation, et la robotisation ». Autre priorité : « la recherche sur la réduction de l’utilisation des pesticides. Nous devons allier la compétence technique, et la faisabilité économique ». Plus de 400 programmes de recherche sont en cours pour 110 espèces différentes, et de multiples types de cultures.

Le CTIFL travaille ainsi sur l’agriculture de précision, sur le biocontrôle … « Il faut accélérer la chaîne de l’innovation ». Chantier phare en cours : le développement des insectes stériles. Depuis 2020, un site, dans le Gard, est dédié à cette recherche. Il sera pleinement opérationnel au cours de ce premier semestre. « Le véritablement engagement autour des fruits et légumes sera une réponse appropriée des pouvoirs publics à la question centrale de santé publique posée par la sous-consommation des fruits et légumes », conclut Laurent Grandin.

L’impact du Brexit sur la filière.


Le Royaume-Uni n’est pas auto-suffisant en fruits et légumes frais. Il importe beaucoup et jusqu’ici, la France était l’un de ses principaux fournisseurs. Business France a témoigné le 2 février lors d’un webinaire de l’impact du Brexit sur ce partenariat de longue date. « Le Royaume-Uni est le cinquième client de la France, c’est un marché incontournable. C’est donc un défi pour la filière ».

Chaque année, l’Hexagone exporte outre-Manche 3 942 milliers de tonnes de légumes et 2 740 milliers de tonnes de fruits. Les pommes de terre, entre autres, sont en progression de 12,3 % sur ce marché. Cette dynamique s’explique par une consommation en hausse. En effet d’après Business France, un Britannique sur cinq souhaite diminuer sa consommation de viande et augmenter celle des fruits et légumes.

A cela s’ajoute une croissance démographique dans le pays. Ce dernier ne produit pas assez pour ses besoins. La production de fruits ne représente que 10 % de la consommation et celle de légumes est à 55 %.En pommes, la France est leader pour le marché britannique. « L’image de la France, c’est une qualité supérieure, avec des pommes distribuées dans les enseignes de distributions premium et les restaurant haut de gamme ».

D’autres produits ont le vent en poupe : asperges, choux-fleurs, mini kiwis, légumes prédécoupés, salades en sachet…L’accord de commerce et de coopération signé en décembre 2020 est « très ambitieux ». Il est avantageux pour les Français puisqu’il conduit à zéro droit de douane et zéro quota. Cela atténue l’effet Brexit. En plus, cet accord protège la compétitivité du marché intérieur de l’Union européenne. Mais l’accord est provisoire, il doit encore passer devant le Parlement et le conseil européens.

A noter qu’avec la Covid-19, les Britanniques ont soudainement réalisé leur dépendance aux importations, il se sont rendu compte qu’ils n’étaient pas auto-suffisants. C’est un état d’esprit qui était peu présent avant la crise sanitaire.

Des pancartes sont apparues dans la campagne : « back british farming* ». Ils réfléchissent à leur modèle alimentaire post-Brexit. Des accords avec des pays hors Union européenne comme les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie sont actuellement en discussion. La nouvelle politique agricole du Royaume-Uni risque d’impacter le revenu des agriculteurs, avec une concentration de l’agriculture et la disparition de certaines filières. La politique d’immigration inquiète les agriculteurs qui emploient des saisonniers.

* Pour le retour de l’agriculture britannique

Laurence Geffroy

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