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Face au covid-19, les circuits courts s'organisent.

Pour la vente directe, le confinement bouleverse les habitudes. Témoignages de producteurs qui s'adaptent, à la demande de leurs consommateurs.


A Mesnil-Mauger, Lucie et Marc Engerant transforment le lait de leurs vaches en beurre, crème, yaourts et fabriquent des biscuits. Ils proposent également de la viande et des oeufs de la ferme. « J'ai dû mettre une partie de l'équipe au chômage partiel car nous ne fabriquons plus de biscuits pour le moment ». Lucie comprend la décision d'interdire les marchés et en est même satisfaite, car les ventes par ce biais à Dieppe, Forges-les Eaux et Mont-Saint-Aignan ont bien baissé la semaine dernière. « A Dieppe, samedi dernier, nous avons fait un peu plus de 50 % du chiffre d'affaires habituel. Je pense donc que cela ne vaut pas le coup de prendre des risques ».
Mais il lui a fallu rapidement trouver d'autres moyens de vendre ses produits. « Nous avons mis en place un service de commandes. Je propose de livrer autour de la ferme ou à un point de ralliement. Les produits sont vendus à « La Ferme d'Isnel  » et sur la e-boutique « Les Fermes d'Ici. On voit avec d'autres collègues ce que l'on peut mettre en place. On échange avec Whatsapp. » Pour Lucie, il est évident que ces circonstances devront faire réfléchir chaque producteur sur la diversité de ses circuits de commercialisation.

 

S'adapter en fonction de ses moyens
Avec « Les Fermes d'Ici », le consommateur fait ses courses sur une e-boutique, les produits sont commandés auprès des producteurs locaux et les paniers sont livrés à un point relais. « Nous avons trois fois plus de commandes, avec des quantités conséquentes. Les produits qui sont les plus demandés sont les pommes de terre, les yaourts et la viande. Pour les oeufs, c'est de la folie ! », explique Adeline qui fait partie de l'équipe « Les Fermes d'Ici ».
Cette augmentation brutale de nouveaux clients a posé des soucis d'organisation : « 50 nouveaux clients pour la Seine-Maritime, c'est énorme ! Nous avons appelé les producteurs pour savoir si tout le monde pouvait suivre. Pour toutes les familles de produits cela ne devrait pas poser de problèmes. Nous nous organisons pour limiter les contacts, protéger les équipes et les clients ». Certains points de vente excentrés et moins fréquentés ont donc été fermés et la clientèle redirigée sur d'autres. Sur les points relais qui sont fermés, un stop camion s'est mis en place. Il est également conseillé de faire une commande plus importante pour deux semaines pour ne pas multiplier les contacts. Le minimum de la commande est dorénavant de 25 euros.
Les clients sont contents et expriment leur gratitude sur les réseaux sociaux. Les débouchés sont assurés pour les producteurs. Mais pour cette entreprise, cela ne doit pas se faire au dépend de la sécurité de l'équipe.

 

Des comportements d'achats différents
« Au producteur local » à Bois-Guillaume, comme au Havre ou à Belbeuf, le souci est l'irrégularité de la fréquentation qui entraînent des rayons vides alors qu'il n'y a aucune pénurie. « En termes d'approvisionnement, les producteurs locaux sont beaucoup plus sollicités mais répondent présent. Malgré tout le maraîcher ne peut pas produire plus de légumes et l'éleveur qui avait prévu d'abattre une bête ne va pas en abattre quatre car les gens ont tout à coup envie de congeler 15 kilos de viande ! Nos magasins sont correctement rechargés, avec moins de références et moins de variétés mais toutes les familles de produits sont présentes. Nous devons faire face à des comportements d'achat différents. Les gens n'étalent plus leurs courses sur la semaine. Ils se rendent au magasin une fois par semaine et font le plein, on se retrouve vite avec des rayons vides », explique Claire Pérez-Behengaray qui est à l'initiative de cette société coopérative d'intérêt collectif. « Avec le confinement les gens redécouvrent le plaisir de cuisiner et sont moins difficiles. Ils achètent des bas morceaux et font des mijotés. Ils achètent de la farine et font leur pain. On ne vend pas les mêmes choses. J'espère qu'ils garderont ses bonnes habitudes ».

 

Communiquer avec ses clients
Pour réapprovisionner son magasin « Au Bonheur des Papilles » à Criel-sur-Mer, Olivier Ancel est beaucoup plus sur la route. « Nos clients habituels sont là. Nous devons être très réactifs pour répondre à des comportements différents.  Les réseaux sociaux sont de bons moyens de communiquer avec mes clients. Je les informe des arrivages des produits, des délais pour passer des commandes. Je discute aussi en direct avec eux sur Messenger. Nous avons beaucoup d'échanges, c'est la force de nos magasins de proximité. Nous connaissons notre clientèle. Tout le monde est bienveillant. Du côté des producteurs il n'y a pas problème tout le monde suit ».

Nicolas Ruette cherche des débouchés pour ses agneaux de Pâques.
Avec plus ou moins de difficultés dues à des comportements irrationnels, la majorité des producteurs assurent l'approvisionnement. Mais il y a des produits qui étaient destinés aux célébrations des fêtes de Pâques qui ont malheureusement perdu leurs débouchés. C'est le cas des agneaux de Nicolas Ruette, jeune éleveur de brebis installé à Gueutteville (Tôtes). « Je fais naître mes agneaux en décembre afin qu'ils soient prêts pour Pâques. Je commercialise en vente directe et en passant par un grossiste qui revend aux restaurants et aux cantines scolaires. Tous les lieux publics étant fermés pour une durée indéterminée, ses commandes ont été annulées. Je dois trouver un débouché pour une vingtaine d'agneaux élevés sous la mère et selon le cahier des charges Bleu Blanc Coeur (oméga 3 et sans soja) ». La situation de Nicolas Ruette n'est pas unique. Elle touche de nombreux produits festifs qui devaient être commercialisés pour Pâques : la viande d'agneau, les fromages, la viande de boeuf... « Je dois trouver d'autres circuits de commercialisation. J'ai contacté quelques magasins de producteurs mais c'est compliqué. J'ai une demande pour faire du halal sur l'abattoir de Cany ». Le jeune homme poursuit ses recherches de débouchés auprès des particuliers en proposant des caissettes. « Là aussi ce n'est pas facile car les gens se demandent s'ils ont le droit de se déplacer jusqu'à la ferme pour venir chercher leur commande ». Les services de la FNSEA 6 proposent une lettre technique à destination de la filière ovine présentant quelques conseils pour reporter une partie des ventes si besoin. C. H.

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