En Seine-Maritime, la colère s’est aussi exprimée
En écho au large mouvement de contestation qui secoue la France agricole, la FNSEA76 et JA76 sont entrés en action dès le 23 janvier en soirée. Quelques moments forts de la contestation qui s’est exprimée à Rouen et au Havre en images.
En écho au large mouvement de contestation qui secoue la France agricole, la FNSEA76 et JA76 sont entrés en action dès le 23 janvier en soirée. Quelques moments forts de la contestation qui s’est exprimée à Rouen et au Havre en images.
Les chiffres interpellent, la colère jusqu’alors restée sourde s’exprime désormais ! 150 tracteurs, près de 500 agriculteurs, jeunes et moins jeunes, ont répondu à l’appel à mobilisation pourtant lancé le matin même par la FNSEA 76 et JA 76. Ils se sont rassemblés, les uns devant la sous-préfecture du Havre, les autres, aux abords de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) à Rouen, mardi 23 janvier, en début de soirée.
Des motifs de contestation bien connus
Comme l’ont rappelé les responsables syndicaux, les motifs d’insatisfaction ne sont pas nouveaux. « En septembre déjà contre la détaxation du GNR, puis en retournant les panneaux de nos communes à l’automne nous alertons sur le fait que la France marche sur la tête », a ainsi rappelé Bruno Ledru, président de la FNSEA 76 lors de sa prise de parole à Rouen.
Une « infinie tristesse », et une « sincère compassion »
Ce temps d’échange avec les manifestants a commencé par un hommage à Alexandra Sonac, agricultrice de 35 ans décédée la veille alors qu’elle manifestait elle aussi dans son département de l’Ariège en compagnie de son mari, éleveur, et de leur fille. Les agriculteurs présents portaient un brassard noir en souvenir de leur collègue.
Des actes et du courage
En lançant ce mouvement, et en décidant de se joindre à l’expression nationale du mal-être agricole, la FNSEA 76 et JA 76 veulent avant tout retrouver la dignité du métier. « Ce qui nous anime nous, c’est de produire pour nos concitoyens », a souligné ainsi Bruno Ledru qui demande de la cohérence dans les politiques publiques « et que l’on assume enfin l’acte de production et que l’on s’en donne les moyens ». Dans le viseur notamment, la volonté européenne d’imposer à nouveau de la jachère et la remise en prairie au nom de la conditionnalité Pac. Et parce qu’il ne pourra y avoir d’agriculteurs sans revenu, d’agriculture sans filière forte, l’autre pilier de la révolte est le manque de revenu et la perte de compétitivité des exploitations agricoles françaises. Les importations explosent et sur le plan national, l’État rechigne à faire appliquer la loi Egalim. « La mobilisation prévue le mercredi 24 janvier à Domfront dans l’Orne contre Lactalis résume bien l’impasse dans laquelle se trouvent les producteurs quand les industriels, mais on pourrait aussi ajouter les distributeurs ne jouent pas le jeu des lois Egalim », a ajouté Justin Lemaitre, secrétaire général des JA 76 lors de l’action au Havre.
Enfin, les agriculteurs, en se rassemblant notamment devant la DDTM, ont voulu rappeler que le métier avait besoin d’un réel choc de simplification. Il n’est pas normal « que quand on obtient une dérogation départementale pour étendre les périodes d’épandage, chaque agriculteur soit obligé de remplir un papier », a illustré Bruno Ledru. Et Pierre-Olivier Etancelin, président des JA 76, de « fustiger les retards de paiement Pac, preuve que même l’administration se perd dans ses propres lourdeurs ».
Une mobilisation appelée à durer
Ces actions rouennaise et havraise, qui ont rassemblé un grand nombre d’agriculteurs, sont les premiers actes d’une mobilisation amenée à durer dans le temps « pour maintenir la pression et obtenir des réponses satisfaisantes du gouvernement », ont conclu unanimement les responsables syndicaux.•