Élevage ovin : une rentabilité suspendue au coût des intrants
La hausse des prix des ovins et du lait permettrait de compenser les coûts intrants si ces derniers revenaient très vite à leur niveau du début de l’année. Sinon, les éleveurs d’ovins subiront de lourdes pertes.
La hausse des prix des ovins et du lait permettrait de compenser les coûts intrants si ces derniers revenaient très vite à leur niveau du début de l’année. Sinon, les éleveurs d’ovins subiront de lourdes pertes.
En 2021, les prix des agneaux, le prix du lait et les aides Pac n’ont pas permis d’assurer un revenu par unité de main-d’œuvre (UMO) équivalent à deux Smic aux producteurs d’ovins. Au sein du réseau des exploitations agricoles Inosys-Réseaux d’élevage de l’Institut de l’élevage (Idele), le revenu des producteurs d’ovins viande n’a pas excédé 1,6 Smic/UMO
et celui des éleveurs de brebis laitières, 1,4 Smic/UMO. Or, il s’agit pourtant de fermes pilotes. L’ensemble de ces résultats a été publié le 12 mai dernier par l’Idele lors de la troisième édition “Grand angle ovin” organisée par l’institut.
Pertes importantes annoncées
En produisant l’équivalent de 12 700 kg équivalent carcasse par UMO (kgéc/UMO), les producteurs d’ovins viande en systèmes “fourragers” ont dégagé un revenu d’1,6 Smic/UMO alors que leurs collèges en système “herbagers zones de montagne” (8 400 kgéc/UMO) ont dû se contenter d’un revenu équivalent à 1,2 Smic/UMO. En fait, les différences de revenu entre les systèmes d’élevage s’expliquent essentiellement par la dimension des troupeaux des exploitations. Plus elle est importante, plus les charges de structure et du travail sont faibles dans la mesure où elles sont réparties entre un nombre plus important d’animaux. Mais les systèmes pastoraux constituent une catégorie à part. Ils perçoivent des aides (12,9 euros/kgéc) dont une partie est déconnectée de leur activité d’élevage. Pour percevoir un revenu équivalent à deux Smic/UMO, le produit par kilo de carcasse produite (vente + aides Pac) des systèmes “herbagers en zone de montagne” aurait dû atteindre 16,5 euros/kgéc. Or, ce dernier n’a pas excédé 13,5 euros/kg en moyenne.
Tout au long de l’année 2021, la hausse de 20 % des prix des intrants a été compensée par celle des cotations des carcasses. Mais la guerre en Ukraine a ravivé les tensions sur les marchés des matières premières. S’en est alors suivie une nouvelle flambée des prix. Si ces derniers demeurent à leur niveau actuel jusqu’à la fin de l’année, les éleveurs d’ovins viande en systèmes “fourragers” pourraient perdre jusqu’à 19 700 euros/UMO (9 400 euros/UMO en systèmes pastoraux). Selon les systèmes de production, toute augmentation de 100 euros du prix de la tonne d’aliments renchérit de 0,45 euro à 0,91 euro, le coût de production du kilo de carcasse produit. Si les prix des intrants reviennent dans les semaines à venir à leur niveau du début de l’année, les pertes seraient alors limitées à 2 900 euros/UMO dans les systèmes “pastoraux” et à 5 600 euros/UMO dans les systèmes “fourragers”, par exemple.
Les producteurs de lait pas mieux lotis
Des études similaires ont été faites dans des exploitations de brebis laitières. En Occitanie, le revenu des producteurs n’excède pas 1,4 Smic/UMO et 0,9 Smic/UMO dans les Pyrénées-Atlantiques. Là encore, ce revenu est lié à la dimension des troupeaux. Or, celle-ci est bien plus faible dans les Pyrénées-Atlantiques où la production de lait par UMO est de 49 500 l en moyenne contre 65 500 l/UMO en Occitanie. Aussi, pour espérer gagner un revenu équivalent à deux Smic/UMO, les éleveurs des Pyrénées-Atlantiques devraient pouvoir dégager un produit de 2 230 euros/1 000 l, aides Pac comprises. Or, ce dernier n’excédait pas 1 836 euros/ 1 000 l l’an passé. Là encore, si les prix des intrants restent à leur niveau actuel tout au long de l’année 2022, le manque à gagner des éleveurs serait de 10 100 euros/UMO en Occitanie (8 900 euros/UMO dans les Pyrénées-Atlantiques). Mais si les prix des intrants reviennent à leur niveau d’avant le conflit russo-ukrainien, les pertes seraient limitées à 3 000 euros/UMO et à 2 300 euros/UMO. À condition qu’une nouvelle sécheresse ne survienne pas cet été. •